La phrase de vérité est enfin tombée de la bouche d'un homme responsable et de grande compétence en la matière, M. Rafik Chelly, secrétaire d'Etat à la Sûreté nationale, qui a, enfin, dit tout haut ce que beaucoup de patriotes citoyens disaient tout bas : « La dissolution des services des renseignements généraux et de la sûreté de l'Etat a été une décision criminelle et improvisée » ! Soulignez bien « criminelle », donc « punissable », surtout pour les dommages directs et indirects et le laisser aller qui a été à l'origine de l'extension des activités terroristes et ses tristes promoteurs qui ont eu largement le temps et l'espace pour se structurer, s'organiser et frapper à leur guise. Ceci nous amène à ce principe général de la continuité de l'Etat même en période de troubles aigus et après la révolution. Disons-le tout de suite qu'il y a eu dès le départ une confusion dramatique entre un système de gouvernement autoritaire et jugé répressif à l'excès et l'Etat qui s'articule autour de l'administration et ses « commis » petits et grands conformément à la hiérarchie. Tout le monde s'accorde que la première « essence » de l'Etat c'est d'être « debout », comme le stipule l'appellation romaine « de Status), avec cette vocation première d'assurer la sécurité des personnes et des biens et de prodiguer la justice et éviter que l'on se fasse justice soi-même. Or, la transition tunisienne a été marquée par plusieurs tentations, toutes mises sur le compte de la révolution, alors que la révolution n'a jamais voulu la destruction de l'Etat et des acquis de la modernisation mais dégommer la dictature avec ses côtés de la personnalisation et la mauvaise gestion du fait de l'excès de pouvoir. Mais de là, à s'acharner sur les services immunitaires du pays, sa souveraineté interne et externe et la pérennité de son administration, il y a plus qu'un monde... une galaxie ! Les hommes et les femmes (au moins une) politiques qui ont voulu s'approprier la Révolution et détruire « l'ordre ancien » pour libérer le pays de la dictature et en extirper les racines, n'avaient ni les compétences ni le savoir-faire, pour distinguer le vrai du faux. Ils étaient guidés par la ferveur dite révolutionnaire pour « nettoyer » l'administration des « Azlam » (résidus) de Ben Ali, mais ils (et elles) ne savaient pas que Ben Ali n'était pas l'Etat mais un politicien qui a voulu s'approprier... l'Etat ! Or, l'homme d'Etat, le vrai, c'est celui qui se soumet à l'intérêt général et qui protège l'Etat et la sécurité publique de la désintégration. Regardez ce qui se passe en Irak, en Syrie, en Libye, au Yémen. On a détruit ces Etats à tour de rôle, un jour c'est l'opposition à la dictature de Saddam, de Bachar, de Kadhafi et de Ali Abdallah Salah, et un autre jour, c'est les promoteurs de l'Etat islamique opposés fondamentalement à l'Etat unitaire et non soumis à la « Chariaâ ». La Tunisie miraculée (et j'espère qu'elle sera pour l'éternité) a évité le pire, à savoir la désintégration de l'Etat et ses forces immunitaires dont l'armée, la police et la garde nationale, parce que certains hommes politiques ont compris, surtout après l'assassinat du martyre Chokri Belaïd et les héros de notre armée, police et garde nationale, comme Socrate Charni et ses camarades, que nous allions tête dans le mur avec cette pagaille installée délibérément dans les services spéciaux et du renseignement, du fait de la haine inquisitoire de « politiciens » infantiles et sans expérience, de la chose de l'Etat. Ceci est une grande leçon, pour tous les aspirants futurs au commandement politique. La véritable sanction pour l'homme politique qui se trompe (et l'erreur est humaine) c'est d'être écarté du pouvoir et non... de détruire l'Etat propriété de tous les citoyens. Les hommes s'en vont... l'Etat demeure et le Roi est mort, alors.... Vive le Roi ! La politique doit être morale mais pas au point de mettre à feu et à sang des pays hautement civilisés comme l'Irak, la Syrie, le Yémen et la Libye, au nom du Printemps arabe confisqué par Daëch ! Maintenant, tournons la page de la démagogie infantiliste, de ceux qui ont failli détruire l'Etat et réformons ce même Etat avec raison, optimisme et efficacité ! Mais, attention aux nostalgiques de l'inquisition sous couvert de la morale et de la vertu ! Leur « vertu » (sic) nous a coûté très cher. Le dernier martyr national Aymen Morjane l'a payé de sa vie. Et dire qu'un bon renseignement aurait pu le sauver, ainsi que ses camarades ! K.G