Comme chaque 21 janvier, le monde célèbre aujourd'hui la Journée internationale des câlins, initiée dès 1986 par un révérend aux Etats-Unis. Ce pasteur avait en effet remarqué que plus la société américaine se modernisait, plus les gens devenaient froids, distants et inaccessibles. Une rigidité imposée par le rythme effréné de la vie et du monde impitoyable du travail. Déprime, stress, dépression, burn-out, égocentrisme, solitude, tentatives de suicide... Pour parer à ces fléaux qui minent le moral de ses concitoyens, l'homme d'église a décidé de dédier une journée par an à la tendresse et aux câlins pour rappeler à ses concitoyens la valeur des relations humaines et essayer de resserrer les liens affectifs entre eux. Une initiative qui a connu un franc succès aux Etats-Unis, graduellement adoptée par de nombreux autres pays avant d'être officiellement reconnue comme Journée internationale des câlins, plus connue sous l'appellation anglaise "Hug Day". A cette occasion, les plus réservés se contenteront de câliner leurs proches et amis quand les plus excentriques accrocheront à leurs cous des pancartes portant l'inscription: « Câlin gratuit» et laisseront des inconnus les enlacer dans leurs bras. Les bienfaits naturels des câlins En plus de consolider les relations humaines et de renforcer les liens familiaux et amicaux, la science a prouvé que les câlins sont très bénéfiques pour la santé morale et physique. En effet, prodiguer ou recevoir un câlin d'une durée minimale de 10 secondes par jour augmente la sécrétion des hormones du bonheur et de la bonne humeur telles que la sérotonine, l'endorphine et l'ocytocine. Les accolades prolongées et régulières seraient d'excellents antidépresseurs naturels et réduiraient le stress quotidien. Elles permettraient également de fortifier le système immunitaire humain et de faire baisser la tension artérielle. Les étreintes affectueuses réduiraient donc le risque de maladies cardiovasculaires ou encore mentales. De même, un enfant qui grandit au sein d'une famille affectueuse sera plus tard un adulte équilibré et heureux. Les câlins rassurent les petits, augmentent leur confiance en soi et permettent de libérer chez eux le sentiment d'amour. Des vertus thérapeutiques qui expliquent le succès de la Journée internationale des câlins. Mais qu'en est-il de la Tunisie ? La pudeur tunisienne «Bien que méditerranéens, les Tunisiens sont assez pudiques et ont du mal à extérioriser leurs sentiments. », affirme Mme Ammar, psychologue. En effet, même au sein du cercle restreint de la famille, les Tunisiens ont du mal à briser leurs chaines et à afficher leur affection. Selon la spécialiste, tout est surtout question d'éducation puisque les générations patriarcales ont été élevées dans la retenue et la rigidité affective puis les ont léguées à leurs descendants. Toute démonstration affective ou effusion de sentiments est presque taboue, surtout avec le père, symbole d'autorité et de rigueur. Soumaya Mohsni témoigne: « Mon père ne m'a jamais prise dans ses bras ou embrassée. Toute mon enfance, j'ai attendu un geste tendre de sa part. En vain... Une fois, lorsque j'ai réussi avec brio le concours de sixième année primaire, j'étais tellement contente que je lui ai sauté au cou. Il m'a violemment repoussée, l'air très gêné et m'a dit qu'il ne fallait pas que je l'embrasse comme ça devant les gens. Ce souvenir me hante encore !» Mais pour Mme Ammar, cette tendance tend à s'inverser avec cette nouvelle génération de jeunes parents qui rejettent la relation totalement verticale parents-enfants et lui préfèrent une relation horizontale, plus fusionnelle, affective et tactile. Fatma Cherif, maîtresse dans une école primaire, témoigne: « Cela fait plus de dix-huit ans que j'enseigne. Année après année, je remarque que la relation entre mes élèves et leurs parents évolue. Il y encore dix ans, les parents étaient plus autoritaires et distants. Aujourd'hui, les nouveaux parents sont plus cools, plus câlins avec leurs enfants et plus proches d'eux. Cette constatation est encore plus frappante avec les pères. Autrefois, rares étaient les hommes qui venaient chercher leur progéniture à la sortie de l'école et ceux qui le faisaient avait un air austère et sévère. Les papas d'aujourd'hui sont plus décontractés, souriants et surtout affectueux. Ils n'hésitent pas à enlacer leurs enfants et à les embrasser. Chose qui étaient impensable il y encore quelques années ! »