Blogueur de son état, Yassine Ayari se trouvait à Paris lorsqu'il a été condamné à trois ans de prison par défaut pour diffamation à l'Institution militaire. Comme dans toute condamnation par défaut, l'intéressé peut faire opposition au jugement, laquelle est suspensive d'exécution, même s'il est énoncé expressément que celle-ci est immédiate, et ce en vertu du nouveau code de procédure pénale. Dans le cas de l'espèce Yassine Ayari pouvait donc faire opposition au jugement le condamnant et rester libre, en attendant d'être de nouveau. Condamné le 18 novembre 2014 à trois ans par défaut avec exécution immédiate, il a été arrêté à son arrivée à Tunis, en vertu d'une requête présentée par le tribunal militaire me 24 décembre 2014. Il a donc comparu hier, après avoir formulé opposition, devant le tribunal militaire, car c'était bien un jugement par défaut à son encontre (Ghiabi) et non par contumace (Houdhouri bil, i'3tibar) comme certains semblent le confondre. Car dans ce dernier cas le jugement est réputé contradictoire, comme s'il était présent et il ne peut plus faire d'opposition mais formuler appel. Mais en l'occurrence c'est le même tribunal du premier degré qui doit revoir son cas en sa présence. Les chefs d'inculpation sont : -Diffamation et outrage public à l'encontre d'officiers supérieurs et cadres au ministère de la Défense, insultes publiques et allégations de fausses informations -Propagation de rumeurs susceptibles de perturber les unités militaires et faisant croire à l'existence de graves problèmes au sein de l'institution tels que la démission de l'actuel Chef-d'Etat major de l'Armée de Terre. -Accusation sans preuve de certains dirigeants d'abus financiers et administratifs. La défense a soutenu que Ayari n'a pas été convoqué à son adresse actuelle mais à « sa dernière adresse connue ». Celle-ci affirment les avocats n'est plus la bonne, Ayari et sa famille n'y habitant plus depuis plusieurs années. Raison pour laquelle, il ne pouvait pas être au courant de l'audience, et sur cette base les avocats ont sollicité du tribunal de déclarer l'opposition de leur client recevable. Une vingtaine d'avocats constitués pour sa défense, dont Me Charfeddine Kellil, Abderraouf Ayadi, Abdelwaheb Matar, ont demandé le renvoi pour préparer leurs plaidoiries tout en sollicitant que leur client reste en état de liberté. Toutefois, le tribunal a émis un mandat de dépôt à l'encontre de Yassine Ayari , qui fut écroué , à son grand étonnement ainsi qu'à celui de ses avocats et de sa mère présente dans la salle et qui s'est exclamée «Pourquoi ? ». A quoi son fils lui aurait rétorqué : « Garde la tête haute !» L'affaire a été renvoyée au 20 janvier 2015. Yassine Ayari sera extrait de sa cellule le 12 janvier pour être interrogé sur les faits incriminés, par un juge rapporteur.