C'est avec un dispositif sécuritaire important que le candidat Moncef Marzouki a mené, brièvement, campagne au Kef. Devant le siège de la municipalité de la ville il a prononcé une allocution dans laquelle il a dépeint ses adversaires en ennemis de la liberté, les accusant de le « saboter où il va, grâce à l'argent pourri ». Il ajoute : « dimanche prochain, si Dieu le veut, vous leur jetterez des pierres pour qu'ils s'en aillent et nous leur imposerons la liberté ». Relayant les slogans de ses partisans : « Délateurs du peuple, Ben Ali s'est enfui... » Marzouki répond : « Eux aussi, ils s'en iront ! ». En fait, son discours n'a pas dépassé les cinq minutes. Par la suite, il s'est dirigé vers Tajerouine où régnait le calme. Il n'a pas eu droit au « Dégage » de Béja. Là, il a aussi prononcé une brève allocution. Il était prévu qu'il se rende à Sakiet Sidi Youssef, mais, il y a renoncé pour des « raisons sécuritaires ». Il a aussi traversé Dahmani sans s'arrêter, contrairement à ce qui était prévu dans le programme. La chaussure Là, c'est un peu le mystère. On a parlé d'une chaussure lancée contre Marzouki et quelque part les suspicions se sont tournées vers la famille du martyr Socrate Cherni. La sœur de ce dernier a totalement infirmé que l'autre sœur du martyr ait procédé à cet acte. Mais, a-t-elle précisé, « la société civile tout entière était en colère parce que Marzouki a dit : Je suis venu dans une ville ayant la nostalgie du régime déchu ». Sur les ondes de Mosaïque FM, la sœur du martyr a précisé que c'est une citoyenne assise près de sa famille qui a lancé la chaussure, jugeant aussi que ce n'est pas honteux en soi et qu'ils ont préféré répondre par les paroles ». Une source sécuritaire a, enfin, précisé qu'il n'y a eu ni jet de chaussure, ni arrestation de la présumée femme qui l'aurait fait. (D'après Assabah News) Le Front Populaire consterné par Ennahdha Riadh Ben Fadhl, coordinateur général du parti Al-Qotb et dirigeant du Front populaire, a exprimé la consternation des composantes du Front des positions du Mouvement Ennahdha. Dans une déclaration, hier, à l'Agence TAP, a estimé que la mise en garde d'Ennahdha contre la gravité de la tendance qui vise à exclure politiquement le mouvement et à le mettre à l'écart est « irresponsable et inacceptable ». Il a, dans ce contexte, rappelé que le Front a toujours défendu les libertés individuelles et collectives et les militants quelque soit leur appartenance politique. Ben Fadhl a réaffirmé la détermination du Front à faire obstacle au retour du candidat Moncef Marzouki à Carthage, qui selon lui « constitue le représentant effectif d'Ennadha à la présidentielle ». La majorité des voix obtenues par Moncef Marzouki au premier tour de la présidentielle sont les voix des partisans d'Ennahdha, a-t-il noté. Le dirigeant du FP a, d'autre part, appelé le candidat de Nidaa Tounes, Béji Caid Essebsi, à clarifier ses positions sur plusieurs questions en suspens, en particulier sur la possibilité d'une coalition gouvernementale avec Ennahdha. Réaction instantanée de Rached Ghannouchi Le mouvement Ennahdha a qualifié d'«allégation» la déclaration du Front populaire selon laquelle le mouvement aurait « un candidat effectif » qui est de ses « alliés » à l'élection présidentielle. Ennahdha dément dans un communiqué publié vendredi sur son site officiel et signé de son président Rached Ghannouchi la déclaration du Front populaire, rappelant que le mouvement a opté pour la « la neutralité en accordant à ses militants et partisans la liberté de choisir leur candidat ». « Plusieurs candidats ont bénéficié des voix des partisans d'Ennahdha durant le premier tour de l'élection présidentielle malgré le fait qu'ils privilégiaient le vote en faveur de l'un d'entre eux», a assuré le mouvement. Ennahdha avertit de la gravité de la tendance d'exclusion politique et de mise à l'écart à l'égard du mouvement qui apparaît dans la déclaration du Front populaire ce qui rappelle, d'après le communiqué, la politique du président déchu et qui est prompte à susciter une véritable crainte quant à l'avenir de la démocratie et des libertés en Tunisie. Le mouvement Ennahdha dénonce également dans le communiqué la machination des plus évidentes du Front populaire qui impose au candidat de Nidaa Tounes la condition de ne pas associer Ennahdha à la gouvernance pour pouvoir bénéficier se son soutien à l'élection. Le porte-parole du Front populaire Hamma Hammami avait appelé jeudi dernier le peuple tunisien à « faire obstacle au retour du candidat effectif du Mouvement Ennahdha Mohamed Moncef Marzouki parce qu'il est de ses alliés à la Présidence de la République », selon lui. Hamma Hammami avait indiqué d'autre part que le Front « n'a pas encore arrêté sa position électorale concernant le candidat de Nidaa Tounes Béji Caïd Essebsi », expliquant que ce dernier « n'a pas encore clarifié sa position quant à l'éventualité de s'allier avec le mouvement Ennahdha ».