L'instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) a décidé de rouvrir les inscriptions sur les listes électorales pendant trois semaines en septembre. La décision a été prise simultanément à celle relative à la première prolongation de l'opération d'inscription sur le fichier des électeurs jusqu'au 29 juillet. Partant du constat selon lequel les Tunisiens ont tendance à s'y prendre à la dernière minute, l'ISIE n'a pas communiqué sur cette nouvelle prolongation afin d'encourager les personnes souhaitant s'inscrire à affluer vers les bureaux mis en place à cet effet entre le 23 et le 29 juillet. L'information a été, cependant, ébruitée par le président du mouvement Nida Tounes, Béji Caïd Essebsi, dans un entretien publié jeudi par le journal Al-Quds Al-Arabi. Un membre de l'ISIE n'a pas nié cette information tout en précisant que la décision de prolonger à nouveau les délais d'inscription n'aura aucun effet sur les dates initialement fixées des différentes échéances électorales, ce qui signifie que les élections législatives auront bien lieu le 26 octobre prochain et le premier tour de l'élection présidentielle le 23 novembre 2014. «Par rapport à un potentiel estimé à 7 millions d'électeurs, notre objectif c'est d'atteindre 1,5 million de personnes inscrites (outre les 4,2 millions de personnes déjà inscrites en 2011, NDLR). Ceux qui ne font pas l'enregistrement n'ont pas le droit de vote. Pour cette raison, on essaie de donner l'opportunité à toutes les personnes de participer», a déclaré Hatem Bouhouch, membre de l'ISIE. Le choix du mois de septembre est justifié par plusieurs facteurs, dont le retour de la double séance et la fin des vacances d'été. Il importe, cependant, de noter que les personnes qui seront inscrites en septembre ne pourront pas présenter leurs candidatures aux élections afin d'assurer le respect du calendrier électoral. Critiques acerbes L'ISIE semble ainsi appliquer une proposition faite le 21 juillet par l'Association Tunisienne du Droit Constitutionnel (ATDC) et le réseau d'observation du processus électoral Mourakiboun. Ces deux associations ont recommandé à l'instance de lancer une nouvelle phase d'inscription durant laquelle les nouveaux inscrits pourront obtenir le droit de vote sans être autorisés à se porter candidats aux prochaines élections, et ce afin de ne pas enfreindre la loi N° 36, laquelle n'a pas fixé la période d'inscription. L'ISIE est sous le feu des critiques depuis le démarrage de l'opération d'inscription des électeurs. D'autant plus que sur les quelque 4 millions de personnes en âge de voter non inscrites en 2011, seules 668.904 nouvelles inscriptions ont été enregistrées entre le 23 juin et le 24 juillet, selon les dernières statistiques publiées par l'ISIE. L'Association tunisienne pour l'intégrité et la démocratie des élections (ATIDE) a notamment dénoncé, dans ce cadre, la limitation des inscriptions à l'horaire administratif alors que la majeure partie de l'opération d'inscription des électeurs se déroule durant le mois du Ramadan, l'absence de bureaux de l'ISIE dans certaines régions et la réduction du budget réservé à cette campagne de sensibilisation de quelque 3,5 millions de dinars à 1 million de dinars seulement. Plus virulente, l'organisation 23_10 d'appui au processus de transition démocratique a appelé, dans un communiqué rendu public vendredi, au limogeage du président et de certains membres de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) en raison du «maigre bilan» de l'opération d'inscription sur les listes électorales et de leur «incapacité à garantir le déroulement des prochains scrutins législatif et présidentiel dans des conditions optimales et conformément aux standards d'impartialité, de transparence et de démocratie». L'organisation présidée par Sami Ben Slama, membre de l'ancienne ISIE qui avait piloté avec succès l'organisation des élections du 23 octobre 2011, a, d'autre part, réclamé une enquête indépendante sur les causes de l'échec de l'opération d'inscription des électeurs et une autre enquête sur le piratage présumé de la base de données des électeurs inscrits.