Qu'en est-il au juste de l'affaire des démissions des journalistes Sofiène Ben Farhat et Hamza Belloumi de Nessma Tv ? L'affaire qui, selon des observateurs, « pue le flouss sonnant et trébuchant et les transactions politiques », ne manque pas d'alimenter les incertitudes des uns et des autres quant à l'avenir d'un média qui se met indubitablement au service du grand capital. Loin d'être une affaire de démission habituelle celle à laquelle était acculée Hamza Balloumi et Sofiène Ben Farhat a suscité un véritable tollé dans les milieux sociaux tunisiens qui s'indignent de voir « deux parmi les journalistes les mieux nantis » de la scène médiatique filer leurs démissions. Sofiane et Hamza étant les seuls actuellement à pouvoir déranger les certitudes de leurs interlocuteurs des partis de la Troïka. Les journalistes à qui on a demandé les causes de cet abandon ont invoqué des discussions avec la direction générale de la télévision, liées à la ligne éditoriale qui ne leur plaît plus, raison pour laquelle ils ont décidé de claquer la porte de l'entreprise médiatique. Il faut rappeler dans les faits les dernières altercations en date survenues en direct entre Houcine Jaziri et Sofiène Ben Frahat, lorsque les deux interlocuteurs se traitent de « radicalisme » ou encore lorsque Sofiène Ben Farhat lance, sans fioritures sans paroles superflues « mais tu crois que je vais céder à la complaisance parce que mon directeur a rencontré le votre ». Le mot est lâché et la critique acerbe de Sofiane qui fait généralement dans le pince sans rire met Houcine Jaziri en colère même si le Secrétaire d'Etat tente en vain de la contenir. Et d'après les déclarations du journaliste, celui-ci, n'a pas fait d'antenne depuis qu'il a été ‘'décidé'' pendant la réunion de la rédaction de passer et de commenter l'interview de BCE en étouffant l'évènement phare de la journée, à savoir la conférence du ministre de l'Intérieur quant à l'affaire du terrorisme qui sévit sous nos cieux. L'argent a une odeur Qu'est-ce qui a changé à Nessma et quelles en sont les raisons ? Si l'on admet que la chaîne de télévision a changé de ligne éditoriale, il faudrait avant d'y arriver à expliquer ce qui l'en était il y a quelques temps. Il suffit tout juste de rappeler que la chaîne est passée par des difficultés financières depuis son lancement en 2007 a annoncé l'entrée dans le capital de la chaîne des groupes italien Médiaset de Silvio Berlusconi et du Tunisien Quinto Communication de Tarak Ben Ammar. Ce dernier attaqué dans sa vie de politique à maintes reprises sur le thème des valeurs éthiques (qu'il ne respecte pas) détient jusque-là 25 % du capital de la chaîne de télévision. Ce même Berlusconi comme étant l'un des instigateurs de la « néo-télévision », la télévision du talk show et de la téléréalité qui servent à capter l'attention des citoyens considérés comme un public de consommateurs ». Le corps de la femme était l'objet qui servait de moyen pour attirer les téléspectateurs. La grille de Nessma a été relancée avec une nouvelle programmation qui prenait en ligne de compte les techniques médiatiques de la Médiaset. Sauf que là la chaîne de télévision se retrouve encore une fois menacée par des difficultés financières… il faudrait compter désormais sur de nouveaux alliés… Des rumeurs qui courent les rues disent que Nabil Karoui le PDG de Nessma était le parrain du rapprochement politique entre Ennahdha et Nida Tounes couple politique de la rentrée et qui s'est soldé par des rencontres dans les salons parisiens…''Paris, it's so Romantic''. Dans la foulée on réfléchira sur le sens de la parole de Ajmi Lourimi qui écrit sur sa page Facebook « La scène médiatique suit les changements de la scène politique et ce qui se passe actuellement est un repositionnement sur l'échiquier politique. » Parole d'un membre du bureau politique du parti au pouvoir dogmatiquement nahdhaoui et nécessairement pragmatique qui ne croit pas si bien dire en montrant que l'indépendance dans les médias devient une chose rare pour ne pas dire inexistante. On aurait compris ainsi que tout se marchande y compris la dignité et la crédibilité des uns et des autres. Avec une seule différence : chacun a un prix. Après Ettounssya de Sémi Fehri et sa mésaventure fréquentielle et le coup endurée par la chaîne de tv dont l'émission Ettessia « 21 heures » a battu les records de l'audimat, le tour est venu aux rares journalistes dignes de Nessma qui animent le plateau politique de Ness Nessma qui refusent de se soumettre au diktat d'un système médiatique qui ne jure que par l'argent. Morale de l'histoire : il ne faut surtout pas se précipiter pour montrer du doigt un gouvernement qui veut mettre le grappin sur les médias. La faute à qui, alors ? Certainement pas au gouvernement qui mène une bataille ‘'légitime'' du pouvoir et tente par tous les moyens possibles d'assurer son ‘'existence'' le plus longtemps que possible. Elle revient plutôt à ceux qui font de la bataille médiatique de la liberté d'expression l'objet de pression politique et une source intarissable d'un argent cette fois ‘'Halal''. Voilà pourquoi désormais sur Nessma, vous verrez le capital médiatique nahdhaoui augmenter et se convertir, comme par enchantement en si peu de temps en capital de visibilité. Ah la chance quand elle sourit aux victimes des hostilités politiques…elle fait sourire la cagnotte de plus d'un… capitaliste, qui se remplira plein les poches sans le moindre scrupule.