«Fixer les tâches du prochain Gouvernement dans un congrès national de salut», clame Mohamed Jemour, secrétaire général adjoint du Parti des Patriotes Démocrates Unifié «Il faut un Gouvernement qui gagne la confiance des Tunisiens», espère Mehdi Ben Gharbia, de l'Alliance Démocratique «Celui qui dispose de 109 membres au sein de la Constituante fixe ses conditions», précise Lazhar Akremi, porte-parole de Nida Tounès Beaucoup d'observateurs considèrent que la démission de Hamadi Jebali, chef du Gouvernement provisoire ne surprend pas dès lors qu'il avait pris une initiative en solitaire se mettant sur le dos le refus catégorique de son propre parti. C'était prévisible, après le niet d'Ennahdha opposé à son initiative de former un gouvernement de compétences nationales non partisanes qui mèneront le pays aux prochaines élections. Maintenant, ce qui devait arriver arriva. A présent, il s'agit de savoir comment sortir de la crise ? Mohamed Jemour, secrétaire général du Parti des Patriotes Démocrates Unifié (PPDU) et dirigeant au Front populaire, affirme au Temps, que « les évènements nous ont donné raison et ont prouvé que notre position était juste. Nous avons dit qu'il faut en premier lieu fixer les tâches du prochain Gouvernement dans le cadre d'un congrès national de salut. Cette conférence fixera les tâches du prochain gouvernement qui doit être un gouvernement de compétences nationales qui ne doit pas être formé sur une base partisane. Les technocrates ne sont pas forcément indépendants. Il faut quitter cette logique de répartition des postes ministériels en fonction du nombre de sièges obtenus au sein de l'Assemblée Nationale Constituante (ANC). Le cadre du congrès de salut national, peut être l'initiative de dialogue national de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT). Le PPDU croit à la nécessité de réactiver l'initiative de l'UGTT. Le prochain Gouvernement aura pour principale mission d'assurer tout d'abord la sécurité des citoyens. Le dossier de l'assassinat de Chokri Belaïd doit être sur la table du Gouvernement. Il doit tout faire pour mettre la lumière sur cette affaire. Il doit dissoudre les Ligues de protection de la Révolution afin de créer un climat propice aux prochaines élections. Les mosquées doivent être neutralisées. Elles ne doivent pas être des tribunes pour la propagande politique. Le Gouvernement doit décider le gel des prix pour que le pouvoir d'achat ne se dégrade pas davantage. Il ne doit pas prendre de décisions qui accablent davantage le pays, comme de nouveaux crédits et surseoir au remboursement de la dette. Les dates des prochaines élections doivent être arrêtées. Quelques textes juridiques comme le code électoral, celui concernant l'instance indépendante de la magistrature doivent être adoptés, sans encombrer l'ANC par d'autres projets de lois. A la conférence nationale à laquelle nous appelons, doivent participer les principaux partis représentés au sein de l'ANC et les forces sociales importantes comme l'UGTT, l'UTICA, le Conseil de l'Ordre des Avocats et la LTDH. Le PPDU ne présentera pas de candidats de ses propres rangs. Dans le cadre du Front populaire des noms seront proposés. D'ailleurs, Hamadi Jebali a épousé l'idée d'une conférence nationale. Cette conférence doit se prononcer et prendre une décision ferme et sans équivoque à l'égard de la violence politique ». Mehdi Ben Gharbia de l'Alliance Démocratique estime que « la démission de Hamadi Jebali était attendue vu la réaction d'Ennahdha à sa proposition de former un gouvernement de compétences nationales. Ennahdha se trouve face à deux choix à faire. Pour sortir de la crise, celui d'un Gouvernement qui gagne la confiance des Tunisiens en des élections libres. Il faut un Gouvernement restreint de compétences avec des ministères de la souveraineté totalement neutres. Le deuxième choix : Ennahdha forme unilatéralement son gouvernement avec le CPR et un autre parti. Ça sera une troïka bis qui prolongera le pays dans la crise ». Lazhar Akremi, porte-parole de Nida Tounès, déclare au Temps, que « la première initiative de Hamadi Jebali a été battue en brèches. Pour la seconde, nous sommes encore devant une déclaration d'intentions. Il y a une différence entre Hamadi Jebali qui fixe ses conditions et Hamadi Jebali qui accepte des conditions. Celui qui dispose de 109 membres au sein de la Constituante dicte ses conditions. La déclaration de bonnes intentions de Hamadi Jebali doit être acceptée par Ennahdha. Wait and see ». Il faut dire que l'échec de la proposition d'un Gouvernement de compétences nationales découle du refus d'Ennahdha. Al-Massar fait porter la responsabilité de cet échec aux parties qui font rater au peuple tunisien et au pays une occasion d'éviter la spirale de la violence, de la tension et du désespoir. Ennahdha est à la tête de ces parties. Elle a fait son choix en faisant prévaloir la logique partisane étroite et s'est accrochée au pouvoir aux dépens de l'intérêt national. Al-Massar considère que l'initiative de Jebali, rompt avec la logique des quotas partisans après l'échec du Gouvernement. C'était une solution sage et appropriée pour séparer l'Etat du parti au pouvoir et recouvrir la crédibilité des institutions étatiques et la neutralité de l'administration. Il plaide toujours pour le dialogue national entre les forces syndicales, civiles, politiques et professionnelles pour sauver le pays, organiser des élections et assurer la stabilité.