«Le pays ne peut attendre davantage», prévient Mohamed Hamdi «Il faut réunir toutes les conditions de succès pour l'initiative du chef du gouvernement», affirme Abderrazak Hammami «Ennahdha doit laisser Hamadi Jebali agir en homme d'Etat», appelle Abdelwahab Héni La décision prise par Hamadi Jebali, chef du Gouvernement d'engager des pourparlers et les mener à leur terme pour remanier son gouvernement incapable de se débarrasser du carcan des considérations partisanes. Hamadi Jebali est conscient qu'un Gouvernement composé de compétences nationales conduira le pays jusqu'aux prochaines élections. Lui et ses ministres ne se porteront pas candidats à ces échéances électorales. Un argument supplémentaire pour prouver la neutralité de ce gouvernement. Il considère qu'il a choisi le camp de la patrie et non celui des partis politiques. Il faut rappeler que les négociations entre différents partis pour la formation d'un gouvernement ont beaucoup trainé et n'avaient pas abouti. L'initiative de Hamadi Jebali a gagné l'appui d'Ettakatol. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, c'est dans les rangs de son propre parti Ennahdha que Hamadi Jebali, rencontre le plus de réticences sinon d'opposition. Hier, le président du conseil de la Choura d'Ennahdha, Fethi Ayadi a déclaré hier sur les ondes de ShemsFM que le bureau exécutif de son parti rejette officiellement l'initiative du chef du gouvernement de former un gouvernement de compétences nationales. Un autre paradoxe : Fethi Ayadi a annoncé que son parti renouvellera sa confiance en Hamadi Jebali au cas où il démissionne. Les membres du bureau exécutif d'Ennahdha pensent-ils que Hamadi Jebali, va faire machine arrière et revenir sur son choix pour un gouvernement de compétences ? Pour certains observateurs, la position du bureau exécutif n'est qu'une manœuvre en attendant les prochaines délibérations du conseil de la Choura. Mohamed Hamdi, coordinateur de l'Alliance démocratique déclare au Temps que son parti « soutient l'initiative de Hamadi Jebali. Dans la situation actuelle, il n'y a pas d'autres solutions. Du moment que la revendication essentielle concernait la neutralité des ministères de souveraineté soient neutres, voilà que le chef du Gouvernement élargit cette option à tous les ministères. La tentative de former une coalition nationale a pris des mois, sans succès. Je m'étonne comment pour des calculs partisans étroits, on ne soutient pas pareille initiative qui peut servir de sortie de crise. J'appelle le mouvement Ennahdha à plus de sagesse et à privilégier l'intérêt du pays. Le pays ne peut attendre davantage. Il est exposé à une situation qui peut être très grave ». Abderrazak Hammami, secrétaire général du Parti du Travail Patriotique et Démocratique, en attendant les délibérations de la direction de son parti, affirme au Temps que « l'initiative de Hamadi Jebali contient une grande part de responsabilité et de courage. Il y a une volonté réelle de sortir le pays de la crise. Il faut que cette initiative soit activée par ses auteurs. Son parti doit abandonner cette position des extrêmes. Ses alliés doivent dépasser les considérations partisanes. Quant à l'opposition, elle doit dans tous les cas de figures penser à l'intérêt du pays. La division est néfaste. D'un côté les gens au pouvoir s'accrochent à la légitimité. De l'autre dans l'opposition on essaie de faire tomber cette légitimité. Il faut réunir toutes les conditions de succès pour l'initiative du chef du gouvernement, surtout que les membres de sa prochaine équipe gouvernementale et lui-même ne sont pas intéressés par les prochaines échéances gouvernementales ». Abdelwahab El Héni, secrétaire général du parti El Mejd affirme au Temps : « nous soutenons la feuille de route de sortie de crise de Hamadi Jebali. Nous pensons que cette initiative est la seule pour éviter au pays de buter dans une impasse, tout en sauvegardant la légitimité. Après l'assassinat de Chokri Belaïd, la classe politique doit sauver la transition. Il faut améliorer l'initiative de Hamadi Jebali. Les membres du Gouvernement ainsi que leurs conseillers doivent être compétents et impérativement non partisans. Il en est de même pour le président de la République et ses conseillers. Ils doivent s'aligner sur la doctrine de Hamadi Jebali : l'impartialité et renoncer à se présenter aux prochaines élections. Les deux piliers de l'Exécutif doivent répondre à la même logique. Il faut aussi revenir sur les nominations partisanes dans l'administration, celles de gouverneurs, du corps diplomatique...Ce sont ces nominations qui ont provoqué le clash. Il faut créer un climat propice à la réussite de l'action du gouvernement. Les milices n'ont plus raison d'être. Leur dissolution s'impose. Les organisations et les partis politiques doivent prôner l'apaisement. De même il faut organiser le secteur de l'information alternative. Toutes les pages facebook qui dépassent les 50.000 adhérents doivent s'astreindre aux normes de l'éthique journalistique. Elles doivent fournir les noms de leurs responsables et journalistes. On ne peut pas rester dans l'anonymat avec autant de facilité. Il faut réorganiser ce secteur informel connu pour ses campagnes de haine. Par ailleurs, l'Assemblée Nationale Constituante (ANC) doit se consacrer à sa fonction essentielle, la rédaction de la Constitution. Au sein de la Troïka, on n'a pas compris qu'il y a un avant et un après 6 Février. Nous sommes dans une nouvelle étape après le 6 Février. Rester dans la logique d'avant ne sert à rien. La Troïka est finie. Il n'en reste que les trois présidents. Le parti au pouvoir ne doit pas s'immiscer dans les affaires publiques. Il doit laisser Hamadi Jebali agir en homme d'Etat. Dans tous les pays, lorsqu'un parti choisit quelqu'un pour diriger un gouvernement, il le laisse tranquille ».