Le président de la République a mis en garde, lundi, contre l'extrémisme, appelant les Tunisiens à la vigilance et prévenant que la « Tunisie payera le prix fort du sang et des larmes si elle doit s'opposer par la force aux extrémismes venus de tous bords ». Bien avant lui, le leader du parti Ennahdha, appelait l'ensemble des Tunisiens à se « dresser contre la violence et contre la volonté de fomenter la violence dans le but d'imposer une idée ». Ces prises de position de la part d'hommes politiques aux commandes, donc, bien informés quant aux réalités actuelles du pays, confirment la montée de l'extrémisme et son ancrage en tant que phénomène inquiétant menaçant la pérennité de ce paisible pays, jadis, connu pour son ouverture, sa tolérance et la cohabitation pacifique entre toutes ses communautés. Si les deux hommes politiques mettent le doigt sur la plaie et alertent sur la gravité de la situation, ils se contentent uniquement d'avancer des conseils, la vigilance pour le président de la République, le dialogue et le refus de confrontation pour Rached Ghannouchi et occultent complètement le rôle imparti à l'Etat et au gouvernement dans la lutte contre ce phénomène dont la Tunisie, pays de la modernité risque d'en devenir l'un des foyers. Car l'extrémisme, religieux pour être plus clair fit une réapparition fulgurante après la Révolution, encore avec plus d'acuité depuis la victoire du parti Ennahdha aux élections de la Constituante. Les salafistes, sortis des geôles de Ben Ali, prirent cela pour une revanche, croyant que les airs de liberté leur permettaient tous les excès et toutes les dérives. Avec le laxisme des autorités face aux actes de violence perpétrés ces derniers mois et avec la situation sociale et économique délétère qui fait le lit de leur doctrine, la Tunisie risque de basculer dans la violence et l'intolérance.