Par Khaled Guezmir - Le nom de « Khaoula » (Rachidi) devrait être donné en surnom à la République Tunisienne comme « Marianne » l'a été pour la République française lors de la Révolution en 1792. Et pour cause, car cette jeune étudiante symbolise non seulement le courage face à la lâcheté mais aussi l'un des fondements des droits de l'Homme et du citoyen : « La résistance à l'oppression » ! En s'opposant à la profanation du drapeau national à la faculté des lettres à la Manouba, par un homme du temps des cavernes, « Khaoula » a tout dit de son message à la nation à ses élites et surtout aux intellectuels, aux journalistes et aux femmes qui font l'objet d'attaques agressives sournoises et méthodiques : Défendons nos acquis et notre identité Cette forme de résistance comme l'a exprimée et pratiquée « Khaoula » est pacifique et lumineuse. Dans la photo qui l'opposait au « salafiste » le regard de Khaoula exprimait le reproche mais n'excluait pas le dialogue fraternel. A sa violence agressive, elle a opposé le bon sens et la raison. Avant-hier à la télévision elle a répété les mots qu'elle lui a adressés : « Tu peux exhiber « ton » drapeau mais ne touche pas au « mien » le drapeau de la nation ! Le moment est grave et force à nous de constater, malgré tous les préjugés favorables exprimés à l'adresse du gouvernement élu, que la Tunisie moderne, musulmane modérée et nouvellement démocratique, est en danger. Les paroles ne coincident toujours pas avec les actes et les actes sont clairs comme l'eau de roche : On veut changer le modèle culturel et civilisationnel de la Tunisie à l'usure, pas à pas, pouce par pouce en s'attaquant à ses valeurs millénaires et à son mode de vie unique en Méditerranée et dans le monde arabo-musulman ! Avant le 23 octobre tout le monde était d'accord pour préserver l'essentiel de cette manière de vivre et d'être y compris le « gouvernement civil ». Tout le monde chantait la séparation des pouvoirs et la liberté de Presse et d'expression suprêmes cadeaux d'une Révolution rationnaliste, moderniste et démocratique. Jamais au cours de la Révolution, un slogan n'a été prononcé appelant à « islamiser » la Tunisie, bien musulmane déjà depuis Okba Ibn Nafaâ en l'an 50 de l'Hégire. Aujourd'hui on se réveille chaque matin sur un cauchemar et on se pince la joue pour se dire « je suis bien musulman n'est-ce pas ? » Ceux qui se sont appropriés les Mosquées au vu et au su de notre Ministère magnanime des Affaires religieuses, l'on fait pour prêcher le « bon Islam » et dégager les Imams à la solde de l'ancien régime (sic) ! Encore faut-il prouver que les nouveaux Imams ont la formation et la pédagogie nécessaires pour « guider » les Musulmans vers la vérité et surtout la paix sociale et des cœurs (Attoumaânina). J'en connais parmi les plus pieux des Musulmans de ce pays qui ont déjà changé de mosquée pour ne plus écouter ces nouveaux « charlatans » propagandistes politiques et porteurs des germes de la discorde (Al fitna), dans notre pays, qui n'en a réellement aucun besoin surtout en ce moment. Allons nous vers une nouvelle « guerre de religions », que Dieu nous en préserve, ou faut-il réellement prendre son courage à deux mains pour séparer définitivement la religion de la politique ! M. Abdullah Gül, Président de la Turquie n'a pas manqué de le marteler à ses interlocuteurs tunisiens : « Occupez-vous de l'économie, la réussite en Turquie, la véritable c'est sa croissance et c'est là qu'on jugera l'action de votre gouvernement ! » Tariq Ramadhan a pratiquement dit la même chose mais en termes plus enflammés, ferveur religieuse oblige ! Il est grand temps d'arrêter d'enfoncer des portes ouvertes. L'Islam en Tunisie se porte très bien sans les salafistes qui ont le droit de se consacrer à leur dévotion mais en dehors de l'espace public et politique. Installer une tente pour faire pression sur la TV nationale et la presse et l'obliger à revenir à « sa » vocation du temps du régime totalitaire, celle d'un simple organe de désinformation et de propagande ne doit être ni toléré ni autorisé. La Presse est désormais libre et responsable uniquement devant la loi. Au fait nous avons bien une autre « Khaoula » à la tête du syndicat des journalistes, en la personne de Mlle Néjiba Hamrouni et elle ne manque pas de courage celle là aussi. Décidément Jean Ferrat a bien raison : « La femme est l'avenir de l'Homme » !