Hier matin, le 28 février 2012, le rendez-vous était donné devant le ministère de l'Enseignement supérieur. Plus de 200 assistants contractuels, venus de toutes les régions de la Tunisie, répondant à l'appel de la Confédération Générale Tunisienne du Travail (CGTT). Le syndicat des assistants contractuels de l'Université, soutenu par le comité directeur de la CGTT, a organisé cette manifestation générale après la série de rassemblements qui ont eu lieu dans différents rectorats régionaux. La dernière en date était celle de l'ISAMM devant le rectorat de la Manouba.
Non à la marginalisation des doctorants
Ils ont beau être thésards ou docteurs, ils sont menacés de chômage après des années de bons et de loyaux services ; des années consacrées à la recherche et au dévouement à leur rôle d'enseignants. La mobilisation générale des assistants contractuels et leur syndicat vient après de longs mois d'attente, de dossiers déposés auprès du ministère, de communiqués, de demandes d'entrevue avec le ministre. Néanmoins, le ministre actuel et celui qui l'a précédé ont opté pour la même technique : faire la sourde oreille. Pourtant, «ce que nous demandons est purement logique et c'est notre droit, nous confia un assistant contractuel du rectorat de Gafsa, on revendique la titularisation après quatre années d'exercice ! Est-ce trop demander ? On est menacés de chômages malgré nos diplômes et nos doctorats !». Une assistante contractuelle de la région de Monastir et docteure se joint à la conversation «On est frustrés ! On a des enfants à nourrir et à soigner. On ne peut même pas prétendre à un salaire comme tout fonctionnaire public. Une multitude de concours inaccessibles à 99% parmi nous, entrave notre titularisation. Il faut que ça change ! Pourquoi faire trainer les lois imposées par le régime déchu !» En somme, des revendications lancées par les syndicats des enseignants contractuels et la CGTT, sont des réclamations contre la précarité et l'errance. Des salaires versés après 6 voire 8 mois de retard, des moyens techniques rudimentaires, des laboratoires caduques, absence de contrat en bonne et du forme et de fiche de paie donc absence de couverture sociale, aujourd'hui, les assistants contractuels crient leur ras-le-bol devant le ministère de l'Enseignement supérieur.
Silence radio de la part du ministère
Avisé le ministre M. Moncef Ben Salem n'a, bien évidemment, pas eu le temps de s'entretenir avec le comité de la CGTT, représenté par son Secrétaire Général, M. Habib Guiza. Ce dernier, dépité, nous annonce qu'il a, tout de même, pu s'entretenir avec le directeur de cabinet du ministère. Ils ont convenu tous les deux à se revoir le 7 mars 2012 pour débattre avec le ministre de l'Enseignement supérieur sur la liste des demandes des assistants contractuels. Notons que les manifestants, entre fureur et déception, nous ont confié qu'ils ont d'ores et déjà donné au ministère un tas de dossiers contenant leurs revendications, et ce, à maintes reprises, en vain ! «Le ministre est au courant de tout et connaît à la lettre ce que nous réclamons depuis belle lurette et fait semblant de ne rien savoir ! S'indigna une des présentes et rajouta : On nous mène en bateau ! Ils veulent gagner du temps tout simplement !» A midi passé, le comité de la CGTT et les syndicats des assistants contractuels sont partis à leur bureau pour rédiger ensemble, pour la énième fois, la liste des revendications «demandée» par le ministre. En attendant, croisons les doigts pour que la missive puisse arriver à bon port…