La communauté intellectuelle sud-africaine est en émoi. Boekehuis va fermer. Cette librairie réputée, ouverte il y a douze ans à Johannesburg, perd trop d'argent selon son propriétaire, la maison d'édition Media24 Books. Les signatures de 350 artistes, intellectuels ou écrivains comme André Brink, Zakes Mda ou Deon Meyer ne suffiront, semble-t-il, pas à faire revenir Media24 sur sa décision. Boekehuis perd trop d'argent. Et son propriétaire n'a pas pu trouver de repreneur. Alors pendant quelques semaines encore, les amoureux des livres et du débat d'idées pourront aller dans cette librairie aux allures de maison prospère, avec son jardin et son petit café. Sur les rayons ils pourront trouver les grands noms de la littérature d'Afrique du Sud ou d'ailleurs, des livres pour enfants et beaucoup de titres en langue afrikaans. Mais, en réalité, ils ne sont pas si nombreux les amoureux de littérature. L'Agence France Presse donne quelques chiffres. Selon la directrice du Conseil sud-africain de développement du livre, «Seul 1% de la population achète des livres ». Et pour Beth Le Roux, de l'université de Pretoria, le chiffre d'affaires de la profession se situe aux alentours de 3 milliards 500 millions de rands soit 320 millions d'euros. Les deux tiers concernent des ouvrages scolaires et universitaires et les livres religieux représentent plus de 20% du reste. Ecrire des livres et les vendre reste donc une activité de niche dans ce pays qui compte cependant deux prix Nobel de littérature, Nadine Gordimer et J.M. Coetzee. Et comme dans beaucoup de pays, les librairies traditionnelles doivent faire face aujourd'hui à la concurrence des livres électroniques et des libraires sur internet. (RFI)