La branche jeune du mouvement Ennahdha a donné une conférence de presse hier au siège du parti dans une ambiance dont le moins qu'on puisse en dire, tendue. La rencontre de presse ne portait pas son nom, autant la salle ne désemplissait pas des jeunes militants du mouvement Ennahdha qui n'ont pas lésiné à distribuer blâmes et satisfécits à chaque intervention des journalistes. « Vous les journalistes où étiez-vous lorsque les islamistes et bien entendu les femmes voilées étaient réprimées du temps de l'ancienne dictature ? » s'exclame Zied Boumakhla qui représentait le mouvement de la jeunesse nahdhaouie. Les choses ont viré au pire après le passage au sujet controversé du port du Niqab à l'Université. La journaliste du - Temps- ayant posé la question a été huée par l'assistance et cela a eu l'effet de la goutte qui a fait déborder le vase. Les journalistes ont quitté la salle illico presto en signe de contestation à ce manque de respect flagrant dont les jeunes nahdhaouis ont fait preuve. On insistera, par ailleurs, sur le fait que c'est à un public jeune qu'on a eu à faire et qu'on ne peut tout le temps se maîtriser quand on a la fougue de la jeunesse dans l'âme. On passe.
Les jeunes Nahdhaouis à l'Université
Car il est question d'un événement qui ne peut passer inaperçu et qui devrait faire parler de lui dans l'avenir : le mouvement Ennahdha a annoncé officiellement le lancement d'une branche estudiantine qui aura un rôle à jouer à l'Université. « Sans pour autant écarter les autres orientations politiques ce mouvement veut se positionner comme l'incarnation de la voix de la modération au sein de l'Université. » déclare Abdelkarim Harouni membre de l'Assemblée nationale constituante et le président du bureau de la jeunesse au sein du mouvement Ennahdha. Notre interlocuteur a par ailleurs brossé le tableau riche du militantisme du mouvement estudiantin depuis sa création en 1910. Lequel a été porteur des différentes orientations politiques entre islamistes, nationalistes et communistes, et plusieurs fois refoulé.
Le mouvement estudiantin renaît de ses cendres
« Aujourd'hui, il est temps de redonner sa place à ce mouvement estudiantin qui a accompagné les mouvements de contestation qu'a connus le pays et a été le fief des formations politiques. » dit-t-il, en montrant que l'Université continuera à assumer ce rôle. Le mouvement islamiste dans tout ça ? « Il existera mais aura un rôle médiateur pour trouver un terrain d'entente entre les deux camps qui s'entredéchirent au sein de l'Université » commente Zied Boumakhla. Et c'est là que le bât blesse car le mouvement Ennahdha qui se dit modérateur n'a pas trouvé mieux que de dénoncer la violence et de rappeler qu'il est pour le respect des libertés individuelles sans pour auatnt nommer les choses par leur nom. Pis encore, Zied Boumakhla a même montré du doigt l'administration universitaire qui a décidé selon lui d'une manière intempestive d'arrêter les cours. Cela a provoqué un tollé dans la salle et les journalistes présents n'ont pas manqué de montrer leur mécontentement quant à la « nonchalance du mouvement Ennahdha qui a du mal à exprimer une position claire vis-à-vis de ceux qui veulent prendre d'assaut l'Université. » Le déluge de réactions et les critiques acerbes étaient au rendez-vous.