• Maître Radhia Nasraoui estime que la présomption d'innocence n'a pas joué en faveur de son client Les hommes d'affaires tunisiens, ont-ils tous plongé dans les malversations du clan de Ben Ali et ses proches ? Voilà une question qui paraît incongrue mais qui au fond peut prêter à réfléchir. Sans tomber pour autant dans la généralisation, on peut affirmer que plusieurs grands hommes d'affaires, ont été inquiétés depuis la Révolution, pour leur collaboration de loin ou de près avec le clan mafieux. Cela dit, devant la Justice, c'est au magistrat chargé d'instruire telle ou telle affaire de trancher en son âme et conscience, et en fonction des éléments du dossier. Le lundi dernier 7 juillet, Khaled Kobbi, , entrepreneur et promoteur immobilier, accusé de malversations dans certaines affaires lié aux malversations du clan ZABA and Co, a été écroué en vertu d'un mandat de dépôt, décerné à son encontre par le juge d'instruction, près le tribunal de première instance de Tunis. Suite à quoi, un sit-in devant le ministère de la Justice a été organisé par le personnel de son entreprise, en protestation contre cette arrestation. Le sit-in s'est poursuivi hier, à la place de la Kasbah, par le personnel de l'entreprise, qui tient coûte que coûte à faire entendre sa voix à tous les responsables et les sensibiliser sur la situation de plus 2800 employés, qui se sont trouvés d'un jour à l'autre menacés de perdre leur emploi. Sur des pancartes affichées le long du boulevard Bab Benat on peut lire différents slogans exprimant la protestation des travailleurs contre l'arrestation de leur patron et leur attachement à ce dernier, intègre et humaniste à leurs yeux. Nous avons rencontré sur le boulevard Karim, ingénieur de travaux, qui a bien voulu nous accorder un rapide entretien pour nous éclairer sur la situation : -Le Temps : quel est l'objectif du sit-in ? -Karim : C'est en même pour sensibiliser les responsables et informer l'opinion publique sur la situation de l'entreprise employant plus de 2800 salariés. Depuis l'arrestation de M. Kobbi, l'entreprise a vu sa crédibilité affectée, que ce soit auprès des fournisseurs, qui se sont empressés de verser les chèques de garantie, ainsi qu'auprès de tous les clients en général. Tous les paiements en chèque sont bloqués, M. Kobbi étant le seul apte à les signer. On ne peut même pas payer le fuel pour faire fonctionner les machines. L'entreprise est donc menacée de faillite, et les salariés risquent par là même de se retrouver dans la rue. Par ailleurs, nous avons plusieurs chantiers en cours dont celui de la route de Testour. Il s'agit de travaux de modernisation de la route RN5 de la PK(plaque kilométrique) 66, jusqu'à la PK 136. Le coût de ces travaux est de plus de 40 millions de dinars. Nous avons expliqué tout cela hier (lundi 7 juillet ) au ministre de la Justice qui a bien voulu nous recevoir et nous écouter. Nous lui avons d'ailleurs adressé aujourd'hui ( mardi 8 juillet) une lettre de remerciement pour son affabilité et sa compassion. Evidemment, il ne peut intervenir, dans aucun sens, tant que l'affaire est entre les mains de la justice. -Quelle solution préconisez-vous ? -Il aurait été plus pratique de laisser M. Kobbi, en liberté, du moins jusqu'à la fin de l'instruction. Notre patron ne risque pas de s'évader, ayant tous ses biens en Tunisie. - Vous vous battez pour l'entreprise, ou en faveur de M.Kobbi ? - La cause de l'entreprise est liée à celle de notre patron, qui est un homme intègre et affable. Il a toujours considéré que les salariés sont à la base de l'évolution et de la réussite de l'entreprise. Le dilemme Pour maître Radhia Nasraoui avocate de l'accusé, la présomption d'innocence n'a pas joué en faveur de son client. Aussi est-elle en train d'œuvrer afin d'obtenir sa libération, même sous caution, jusqu'à la clôture de l'instruction. En attendant le juge d'instruction, n'a pas estimé opportun de faire jouer la présomption d'innocence dans cette affaire. Il a décidé en vertu de son pouvoir souverain d'appréciation, et en son âme et conscience. Cette décision, que nul ne peut influencer ou contester,sauf par les moyens de droits, et ce conformément au principe de la liberté de la justice.