Ainsi, donc, la Banque Mondiale s'est décidée à nous assister durant cette période de transition : merci, mille fois merci ! Dans la situation actuelle, et face à une conjoncture économique « désastreuse » (c'est l'adjectif utilisé par Caïd Essebsi), la Tunisie ne peut pas faire la fine bouche, même si l'actuel gouverneur de la Banque Centrale en sait beaucoup sur le mode de fonctionnement d'une Banque ayant cessé d'être mondiale pour devenir mondialisée mais pas globalisée. Elle épouse, en effet, l'air de la mondialisation avec ses zones d'exclusion, et l'allégeance faite aux riches au détriment des pauvres et surtout, surtout, l'appui aux régimes totalitaires. Oui, nous avons laissé Ben Ali faire. Nous devons reconnaître nos torts. Mais ne nous bombardait-on pas à coups de satisfecits accordés par la Banque Mondiale, précisément ? Et d'ailleurs qui a inventé l'argument-massue de « l'adéquation entre le social et l'économique » ? C'est une formule estampillée « Banque Mondiale » systématiquement relayée par le Fonds Monétaire International dont le patron Strauss-Kahn, a même suggéré une loi de finances complémentaire ou rectificative pour tempérer un taux de croissance jugé un peu trop élevé, il y a de cela quatre ans ! Ce fut une suggestion, nulle part répercutée dans les évaluations demeurées quand même laudatrices comme l'étaient les envolées lyriques obséquieuses du Forum de Davos ! Pouvions-nous remettre ces évaluations en question ? Pouvions-nous imaginer qu'ils pouvaient mentir avec tant d'effronterie aux Tunisiens ? Seul le grand Mansour Moâlla avait osé déclarer, au journal Le Monde, au début des années 90, que « la Tunisie se comportait comme un très bon élève envers la Banque Mondiale ». Aussitôt, ce furent des représailles économiques contre les hommes d'affaires sfaxiens et, bien sûr, le démantèlement de la BIAT. Maintenant, la Banque Mondiale nous tend la main. Et si elle nous restituait plutôt ce qu'elle nous avait indirectement pris de l'autre !