•«Aucun complot franco-américain pour s'approprier les richesses de la Tunisie» - Depuis le 14 janvier, Sarkozy ne cesse de dépêcher ses ministres l'un après l'autre. La rue tunisienne se divise dans sa perception de ces visites. Les uns y voient un complot « franco-américain-maçonniste-sioniste »… pour que l'Occident puisse mettre la main « sur les richesses de la Tunisie », les autres croient en une façon de se « racheter » après les déclarations de l'ancienne ministre MAM et une partie de la rue se refuse tout simplement de porter un jugement et se contente d'apprécier l'approfondissement des relations franco-tunisiennes. C'est dans ce cadre de collaboration que M. Eric Besson, ministre français de l'Industrie, de l'Energie et de l'Economie numérique nous a rendu visite jeudi et vendredi derniers. Il est ainsi le cinquième ministre français à nous rendre visite depuis le 14 janvier. Il profite alors de l'occasion pour expliquer que Sarkozy par le biais de ces ministres, tente de sonder la meilleure façon d'aider la Tunisie dans sa période transitoire et dans sa quête de la démocratie par le biais d'une collaboration industrielle d'égal à égal où « la Tunisie, n'est plus seulement le pays de la main d'œuvre peu coûteuse »… « Nous ne percevons pas nos relations comme un rapport de dominant-dominé » répond-il à une question posée lors de la conférence de presse tenue vendredi chez l'ambassadeur de France Boris Boillon. Il a néanmoins avoué qu'il y avait un peu de culpabilité par rapport au passé de protectorat, mais a insisté sur la nécessité de regarder vers l'avenir. Ce n'est nullement pour se racheter alors que la France « qui traite avec des Etats et ne peut traiter seulement avec des démocraties » selon les dires de Besson approfondit aujourd'hui ses rapports avec la Tunisie… Et c'est dans la volonté de participer au développement régional de la région du Nord Ouest et d'une coopération décentralisée que s'établit également se situe d'Eric Besson. C'est ainsi que dans la journée du vendredi, Besson, accompagné de Boillon a visité Béja et le Kef. Une rencontre a été organisée à la STEG de Béja où furent évoqué le programme y afférente établi jusqu'à 2016 et les collaborations probables avec la France. Ainsi, les responsables de la STEG ont déclaré vouloir réaliser un projet susceptible de développer l'approvisionnement en gaz de la zone ouest. Pour cela, la STEG réalisera une installation 1713 km de gazoduc. Le projet coûtera 832 millions de dinars dont 334 proviennent de l'investissement tunisien et 498 en devis. Il permettra d'alimenter toutes les zones industrielles et 100 communes de plus que les communes alimentées en ce moment. L'AFD aura accordé 150 millions d'euros à la STEG dans le cadre de ce projet. Eric Besson a par ailleurs évoqué l'importance de l'adhésion de la STEG au cartel Medgrid qui se base sur les énergies renouvelables, a priori l'énergie solaire, dans la promotion des interconnexions électriques dans un échange Nord/Sur de la méditerranée. Le Kef, un potentiel non exploité Après Béja, le cortège français a visité une ferme privée d'élevage et céréaliculture « la Zaâfrana » au Kef. Spontanément et alors qu'un responsable de la ferme s'étalait à présentes les meilleurs races de vaches à importer en Tunisie. Boillon s'en approcha lui proposant discrètement de l'aider à établir les meilleurs contacts pour les opérations d'importation. Zaâfrana a offert aux visiteurs le paysage d'une Tunisie fertile et agréable et après cette visite un déjeuner, tout aussi généreux que la région, leur fut offert dans la maison d'Hôtes, Dar Chennoufi à Sémana, le Kef. Mme Raoudha Chennoufi, propriétaire de la maison a rappelé à ses invités les atouts écologiques, culturels et historiques du Kef. Elle s'est étonnée que la ville n'est guère mentionnée dans les guides touristiques européens et insiste sur une bonne stratégie marketing et de communication pour faire valoir les caractéristiques de la ville. Cette ville reste également délaissée sur le plan économique et industriel malgré son potentiel. De retour à Tunis, Besson a répondu aux questions des journalistes relatives à la collaboration industrielle franco-tunisienne – axée essentiellement sur l'automobile et le textile – mais aussi portant sur l'immigration. Il a annoncé que les industriels français et tunisiens ont décidé après une rencontre, jeudi dernier de développer leurs activités de coopération. «La France est, contrairement à l'image d'un pays fermé véhiculée dans la pensée populaire, reste un pays ouvert sur la question de l'immigration » déclare M. Besson à la fin de la conférence. Il a déclaré avoir eu à augmenter le nombre des visas quand il occupait le porte-feuille de l'immigration, notamment aux étudiants. « La France accorde le visa pour les études, les affaires, le rapprochement familial… » affirme-t-il. Seulement « l'immigration clandestine représente un réel danger pour la France, l'immigré et son entourage établi légalement en France » selon Eric Besson. Ainsi, les conditions défavorables dans lesquelles un immigré clandestin est amené à vivre, ainsi que sa famille représente un environnement propice pour la délinquance…