Le ministre de l'Industrie français sera jeudi et vendredi dans l'ouest tunisien, pour « vendre » les entreprises françaises. Il rencontrera plusieurs ministres et un groupe de blogueurs à l'origine de la révolution tunisienne. Bâtir une « nouvelle coopération bilatérale ». C'est l'objectif du ministre de l'Industrie, de l'Energie et de l'Economie numérique, qui sera en visite en Tunisie jeudi et vendredi. Un voyage qui fera peut-être oublier « l'ancienne » coopération, celle qui obligeait les entreprises françaises à s'allier au clan Ben Ali. Un périple qui vise aussi à effacer les boulettes commises ces derniers mois par la diplomatie française. Ce déplacement a été astucieusement préparé par l'équipe d'Eric Besson. Il se rendra dans l'ouest du pays, là où est née la révolution de la Jeunesse tunisienne. A Béja d'abord, une ville agricole située à une centaine de kilomètres de Tunis, puis au Kef, un peu plus au sud. C'est sans doute dans le nord-ouest tunisien que les inégalités sociales sont les plus importantes, avec un taux de chômage de près de 20%, contre 14% en moyenne dans le pays. Il y a beaucoup à faire dans la région, en particulier pour les entreprises françaises. Comme l'explique son cabinet, Eric Besson tentera, au cours de ce déplacement, de « placer l'industrie, l'énergie et l'économie numérique, ainsi que le rééquilibrage territorial, au cœur du plan d'action franco-tunisien ». Il mettra l'accent sur l'appui de l'Agence française de développement à la STEG (société tunisienne de l'électricité et du gaz) dans son projet d'extension du réseau de gaz aux régions périphériques. Le ministre rappellera aussi le poids des filières franco-tunisiennes de l'industrie automobile et du textile, principales pourvoyeuses d'emplois dans le pays. Des rencontres avec des membres du gouvernement provisoires ont été organisées, notamment avec son homologue Abdellaziz Rassaa, et Abderrazak Zouari, en charge du développement régional. Eric Besson a également prévu une rencontre avec des blogueurs, un groupe de jeunes qui ont joué un rôle dans le déclenchement de la révolution tunisienne. Le ministre – marié depuis six mois avec l'arrière-petite-fille de Wassila Bourguiba, qui fut l'épouse du président Habib Bourguiba – sort ainsi du cadre strict de ses responsabilités ministérielles, et profite de sa visite pour afficher son soutien au mouvement populaire. Politiquement, c'est une bonne idée. Economiquement, cela peut marcher. Premier fournisseur de la Tunisie, la France compte bien le rester.