Le Temps-Agences - La communauté internationale intensifiait mercredi ses efforts pour tenter d'enrayer la tension entre le pouvoir et l'opposition en Albanie, un premier signe de désescalade ayant été enregistré avec le renoncement du Premier ministre à organiser une manifestation demain. "Nous voulons la fin de la violence et la fin de l'escalade", a déclaré devant la presse à Tirana le directeur pour les Balkans occidentaux du service diplomatique européen, Miroslav Lacjak. Soulignant la nécessité de "rétablir le calme" dans le pays et exprimant sa "profonde inquiétude" devant la situation actuelle, Lajcak a déploré les violences enregistrées pendant la manifestation anti-gouvernementale du 21 janvier à Tirana, qui ont fait trois morts par balles. "Ce à quoi nous avons assisté vendredi (aujourd'hui,ndlr) n'est pas une façon européenne de résoudre des différends politiques", a souligné le diplomate slovaque. Le Parquet général albanais a émis six mandats d'arrêt à l'encontre de membres de la Garde républicaine, qui sont soupçonnés d'avoir tiré sur les manifestants. La Garde est chargée de la protection des personnalités. Berisha a très vivement réagi à ces mandats d'arrêt, exprimant sa solidarité avec les forces de l'ordre. Lajcak a déclaré que les responsables des morts du 21 janvier devaient répondre de leurs actes devant la justice. Européens et Américains ont plaidé pour un report ou une annulation des manifestations prévues en fin de semaine. Berisha a annoncé qu'il renonçait à la manifestation de ses partisans, prévue pour demain. Cette annonce constitue le premier signe de désescalade dans la crise politique en Albanie, dont la tension allait jusqu'ici croissant depuis la manifestation du 21 janvier. En revanche, Rama a confirmé qu'il maintenait sa propre manifestation aujourd'hui, en promettant un rassemblement pacifique à la mémoire des victimes du 21 janvier. L'hostilité entre Berisha et Rama est ouverte depuis les élections législatives de juin 2009, dont l'opposition socialiste a toujours contesté les résultats, accusant le pouvoir de fraudes. L'Albanie s'est enfoncée depuis dans un dialogue de sourds entre les deux camps, l'opposition réclamant un nouveau dépouillement des voix, refusé par le pouvoir. La contestation des urnes est systématique en Albanie depuis la chute du régime communiste, au début des années 90, mais la crise actuelle est la plus longue.