Nous reçûmes dernièrement une invitation à nous rendre au Collège pilote des Berges du Lac. Ne sachant pas où le situer dans la zone, nous crûmes bon de nous renseigner auprès d'un inspecteur qui exerce à Tunis depuis plus de 15 ans. Comme première réponse, notre ami pédagogue hasarda : «Ce doit-être à Sidi Bou Saïd ! » ; il se reprit néanmoins lorsque nous lui rappelâmes que nous cherchions un endroit sur les Berges du Lac, et après avoir hésité un instant, il promit de se renseigner et de nous communiquer par téléphone l'adresse demandée. Au bout de quelques minutes, il nous contacta en effet, mais pour nous fournir un signalement très imprécis : selon ses informateurs, le collège recherché ne pouvait pas être très éloigné d'une résidence de luxe dont nous tairons le nom. Nous nous contentâmes de ce tuyau espérant que le chauffeur de taxi qui nous conduira sur les lieux n'aura pas de peine à dénicher l'immeuble signalé. Par malchance, celui-ci ignorait complètement l'adresse (ou peut-être feignait l'ignorer !). Il nous promena pendant un bon moment entre les rues de l'agglomération que nous croyions de plus modeste étendue. Nous demandâmes notre chemin à plus d'un passant et à des commerçants de la zone, aucun d'eux n'avait entendu parler d'un collège construit dans les parages. Nous ne perdîmes pas patience et avançâmes à l'aventure animés toutefois du mince espoir de rencontrer une indication routière salutaire ou de croiser quelqu'un de plus familier avec les Berges du Lac. Une dame nous a semblé l'être : elle nous désigna un bâtiment situé à quelques enjambées de là où nous l'avions rencontrée. Délivrance ? Non ! Ce n'était pas un collège, mais une école primaire devant laquelle nous reconnûmes un autre journaliste égaré et un responsable pédagogique lui-même perdu. A l'école, on nous apprit que le collège pilote se trouvait sur les « deuxièmes » Berges du Lac, à proximité du siège d'un grand opérateur de téléphonie mobile. Nous nous y dirigeâmes dans une espèce de cortège improvisé. Arrivés devant l'imposant immeuble de la société commerciale, nous ne vîmes tout autour que des chantiers de construction bien loin d'être achevés. L'un des agents qui se trouvaient sur place nous demanda de rebrousser chemin et de prendre le sens inverse pour trouver le collège. Nous suivîmes son conseil et mîmes cinq autres minutes pour enfin arriver à destination ! Les élèves étaient dans leurs salles de classe en train peut-être d'étudier les prépositions, adverbes et locutions de localisation ! Quant à nous, nous déboursâmes 7 dinars pour récompenser notre chauffeur de cette « odyssée » finalement très instructive !