Nous avons vécu cette semaine bien des mésaventures en cherchant à situer certains sites publics ou privés de la capitale. La signalisation de ces espaces est soit absente, soit très mal conçue à tel point en tout cas que même les voisins les plus proches ne peuvent vous y conduire. C'est par exemple ce qui nous est arrivé samedi dernier à 18 heures 30 du côté de la rue El Marr à Bab Jédid. Nous voulions aller au Collège International de Tunis qui se trouvait dans l'une des impasses du coin. Craignant de mettre trop de temps à situer l'endroit, nous demandâmes notre chemin à un premier passant qui nous introduisit dans une ruelle et nous désigna une maison devant laquelle stationnait une voiture blanche. Nous nous y rendîmes et quelle ne fut notre surprise de découvrir qu'on était devant le domicile et le bureau de notre chère chanteuse populaire Fatma Boussaha. Nous ne l'avons pas deviné en fait, mais il y avait sur le mur du petit immeuble une enseigne métallique qui informait sur la propriétaire des lieux. Nous pensâmes à une farce et la trouvions de très mauvais goût, mais non ! Notre informateur nous rejoignit pour rectifier le renseignement et chercha avec nous le Collège et l'impasse de Sidi Abderraouf. Il alla même demander le concours d'un vieil habitant de la ruelle. Celui-ci n'avait jamais entendu parler de cet établissement qui a beau être international mais que personne ne connaît dans la zone. Pas même l'épicier octogénaire à qui nous demandâmes la même adresse et qui avait une vague idée de l'endroit où ça se trouvait. Il nous désigna le marché du quartier et nous pria de nous arrêter au troisième arbre qui longeait la rue d'en face : c'était là qu'il fallait chercher. Nous allâmes dans cette direction mais ne pûmes situer l'arbre car il y en avait un tous les deux mètres des deux côtés de la rue El Marr. Nous jetâmes quand même un regard du côté de la plaque indiquant l'espèce de grande rue en face de laquelle nous nous trouvions : c'était l'impasse Sidi Abderraouf dont l'entrée avait les dimensions d'un boulevard et était presque deux fois plus large que la rue El Marr. Dans les environs, il n'y avait aucun signalement du Collège International de Tunis que nous n'avons pu reconnaître que grâce à une voiture du corps diplomatique français qui stationnait à sa porte. L'entrée de la SONEDE...« bouchée » ! Lundi, nous vécûmes un désappointement semblable à quelques centaines de mètres de là-bas. Nous étions allés payer une facture d'électricité du côté de Bab El Jazira. Lorsque nous voulûmes nous acquitter également de la facture d'eau, l'agent de la STEG nous affirma que ce n'était pas possible dans son agence et ajouta qu'il y avait à Bab el Falla un bureau de paiement relevant de la SONEDE tout près du commissariat. Nous nous y rendîmes, mais il n'y avait pas la moindre trace visible de cette agence. Nous cherchâmes de l'autre côté de la rue qui donne sur le marché du coin. Elle n'y était pas non plus. Par bonheur, nous vîmes une voiture de la société des eaux s'arrêter à quelques mètres du commissariat. Nous rejoignîmes son conducteur que notre « ignorance » des lieux surprit ; nous le suivîmes et il nous mena vers son administration qu'une immense échoppe de marchand de fruits cachait entièrement ! Ah ! Ces plaques introuvables ! Mercredi, nous sortions du siège du ministère de l'Enseignement supérieur de Bab El Khadhra lorsqu'un jeune homme nous demanda où se trouvait l'Institut d'Art Dramatique. Nous savions que l'établissement était dans les parages, mais nous ne pouvions le situer avec exactitude. Nous interrogeâmes deux pompistes du coin, un commerçant et une élève. Personne n'avait idée sur l'emplacement de l'Institut. C'est finalement un étudiant croisé dans la station du métro qui nous indiqua la rue où il se trouvait et là non plus, il n'y avait pas de panneau qui en signale l'existence. A Tunis, il n'est pas impossible qu'un jour les propres habitants de la capitale s'y promènent avec une carte de la ville dans les poches ou entre les mains, tant les signalisations y manquent. Beaucoup de rues sont difficiles à repérer parce qu'elles ont perdu la (et parfois les)plaque(s) portant leurs noms. Il vous arrive quelquefois d'accéder à une rue par le mauvais bout, c'est-à-dire par celui qui n'arbore pas de plaque, il vous faut alors parcourir plus d'un kilomètre pour en trouver une à l'autre bout de l'artère. Certaines plaques sont toutes rouillées et ne retiennent que deux ou trois lettres du nom de la rue. Quand un chantier est engagé à l'endroit où se trouvait la plaque, on la remplace rarement par une autre provisoire. Petit Poucet égaré Le plus drôle c'est que les chauffeurs de taxis détenteurs pourtant d'un permis de place ignorent jusqu'à des endroits prestigieux et historiques de Tunis. Une fois, l'un d'eux nous avoua son incapacité à situer l'Ecole Normale d'El Gorjani. Un autre taxiste ne savait absolument pas ce que voulait dire Bat'het El Khil (Place des Chevaux), ni l'ancien lycée Ibn Charaf devenu depuis plus de 10 ans maintenant un institut supérieur des sciences humaines. Le troisième a failli nous emmener à L'Ariana à la recherche de Ciné Jamil qui, reconnaissons-le, n'a plus d'enseigne depuis sa réouverture l'année dernière. Les Studios d'une grande chaîne de télévision privée sont introuvables parce que nulle part, vous ne trouvez de signalement qui vous les indique ; idem pour l'usine et l'administration d'une grande marque internationale de réfrigérateurs. Quand en plus, vous êtes déroutés par des panneaux dirigés dans le mauvais sens, comme c'est le cas de la flèche indiquant le théâtre Dar Ben Abdallah, alors c'est l'errance assurée et pour garder une chance de retrouver votre chemin dans le nouveau Tunis, excessivement agrandi, faîtes un peu comme le Petit Poucet en parsemant votre route de petits cailloux !!