Dans certains quartiers, des vendeurs à la sauvette grillent des Merguez sur des charrettes branlantes qu'ils proposent à des prix dérisoires : deux cents Millimes l'unité ! Des Merguez qui ont une drôle de couleur, sorte de rouge très vif, fluorescent presque. Des prix étonnants quand on sait que le kilo de viande de veau ou de mouton coûte jusqu'à 14 Dinars le kilo… Renseignement pris auprès de ces vendeurs à la mine patibulaire (« pas tibulaire du tout », comme disait Coluche), il s'agit de viande d'âne, vendue à cinq Dinars le kilo… En 2009, la Tunisie a produit près de 110 000 tonnes de viande rouge classique, (bovins, ovins et caprins) et près de 10 000 tonnes de chameau, d'autruche et divers. Or c'est dans ce « divers » que s'inscrit la viande d'âne et très rarement de la viande de cheval. Des ânes consommés par les catégories les plus modestes de la population. Le nombre d'ânes en Tunisie dépasse 120 mille bêtes, celui des mulets 40 mille, alors que les chevaux ne sont que 26 mille. Autant dire que les enseignes « Boucherie chevaline » ne vendent pratiquement que de l'âne… Pour ceux que cette information pourrait choquer, rappelons que la viande d'âne était consommée en Europe durant les grandes guerres. Y a-t-il des effets indésirables pour ceux qui consomment de la viande d'âne ? A priori aucun problème de santé n'est signalé. Le seul problème ce sont les ingrédients que les vendeurs ajoutent dans les Merguez pour leur donner du goût, et qui ne sont pas contrôlés, puisqu'il s'agit de vendeurs à la sauvette. Entre colorants rouges, hygiène douteuse et viande plus ou moins brûlée, les clients achètent des ingrédients pour maladies futures… Le consommateur tunisien nous étonnera toujours !