• A la conquête de l'Afrique Sub- Saharienne • Carte bancaire utilisable dans les deux pays Les travaux de la commission de suivi tuniso- libyenne se sont poursuivis au siège du ministère du Commerce, hier mercredi. Ces travaux présidés par M. Ridha Ben Mosbah, ministre du Commerce et M. Mohammed Ali Lahouij, Secrétaire du Comité Populaire Général de l'Industrie, de l'Economie et du Commerce, se sont tenus en guise de préparation de la réunion semi- annuelle attendu au cours des semaines à venir. Vu l'importance des échanges commerciaux entre la Tunisie et la Libye (près de 2 milliards de dinars), les travaux de cette réunion ont témoigné de la prédominance d'un terme qui reflète la volonté commune d'aller de l'avant dans ce partenariat « à une intégration économique entre les deux pays, englobant toute la région ». Cette nouvelle conception trouve en effet son fondement dans la nature stratégique des relations entre les deux pays, étant deux pays voisins, ayant beaucoup de similitudes et qui se partagent un terrain propice permettant l'évolution de leurs échanges commerciaux. Garantir les quatre libertés, point crucial des relations Pour M. Ali Houij, et pour partir sur de bonnes bases « il faudrait concrétiser l'accord sur les quatre libertés : la liberté du commerce, la liberté de déplacement (des personnes et des capitaux), celle de la propriété ainsi que la liberté de résidence dans l'un des deux pays ou l'autre ». Le fait d'imposer à tout citoyen tunisien la possession d'un montant d'au moins deux mille dinars pour accéder à la Jamahiriya « ne représente qu'une formalité », indique encore M. Houij, selon lequel « il faudrait éliminer tous les obstacles administratifs dans l'objectif de faciliter le flux des marchandises des deux côtés des frontières. Ceci tout en créant une haute commission dont l'objectif serait d'éradiquer la contrebande. Une commission qui rassemblera des corps de la douane et des forces de l'ordre des deux pays ». Commentant les propos de certains hommes d'affaires des deux pays, notamment ceux tunisiens, quant aux difficultés qu'ils rencontrent lors de l'installation de leurs projets, le responsable libyen a été catégorique « ces municipalités sont encore prisonnières de mentalités dépassées, une mentalité administrative qui n'a pas encore évolué à ce qu'ambitionnent les leaders dans les deux pays. Celui qui entrave le travail des investisseurs, doit être puni, car rien n'est censé entraver notre marche». De grands projets en lice, mais ira-t-on vers la création d'un fonds souverain ? Les grands projets en cours dans les deux pays ont eu à leur tour une bonne part d'intérêt. Ainsi, et suite à l'échec, comme l'a été qualifié par les responsables libyens, de l'expérience de la validité du Dinar libyen en Tunisie et de même pour le dinar en Libye, le projet consistant à la création d'une carte bancaire valide dans les deux pays est en ses ultimes touches. « Nous saluons dans ce cadre les efforts consentis par la Société Monétique Tunisienne et son homologue en Libye », souligne encore le secrétaire général libyen. Le projet des cartes bancaires semble être à la tête d'une intéressante série d'autres projets de grande envergure entre les deux pays. « La création d'une banque commune qui devrait rassembler l'ensemble des banques existantes (telle la Banque Tuniso- Libyenne, ou encore le Comptoir du Nord Afrique) en une seule holding bancaire dont le capital ne serait pas moins d'un milliard de dollars ». En même temps, le responsable libyen a exhorté la commission responsable du projet de la pipeline devant transporter le gaz naturel de la Libye vers Gabés, d'achever les études de ce projet avant la fin de l'année en cours et mettre en place les programmes d'exécution. M. Ali Houij n'a pas manqué de souligner la nécessité de l'harmonisation des procédures douanières entre les deux pays, une commission spécialisée devrait à son tour voir le jour. Pour sa part, Ridha Ben Mosbah, ministre du Commerce a salué « les progrès enregistrés au cours des derniers mois, durant lesquels un important de projets et de décisions ont été appliqués, ce qui s'est traduit par des visites officielles au niveau des ministres et des responsables de différents secteurs des deux pays ». Ces secteurs cités par le ministre sont successivement le commerce, l'éducation, l'enseignement, la santé, la certification, les travaux publics, ce qui a permis de suivre les dossiers de coopération dans ces secteurs et de voir de près les moyens susceptibles de réaliser leurs objectifs assignés. Un destin commun D'une façon générale, cette rencontre a permis de voir plus clair dans les perspectives de la coopération des deux pays, que les responsables ont comparée à la Belgique avec son PNB de 400 milliards d'euros « nous pouvons faire comme et même mieux que la Belgique, étant donné que nous comptons la même population que ce pays, mais nous disposons de tous les atouts pour faire mieux étant donné que nous sommes des pays émergents et que nous disposons d'importantes marges de progression ». Ces marges de progression existent bel et bien. Cette réunion préparatrice à d'autres de plus haut niveau dans les mois à venir, mettra sur la sellette des projets de grande envergure et ambitieux. Une banque d'un capital de plus d'un milliard de dollars, plus d'écoute par les commissions mixtes à tout ce qui peut entraver la coopération et les investissements bilatéraux, qui pourrait prendre l'allure d'un fonds souverain, et c'est cette volonté de « conquérir l'Afrique ensemble » qui semble attirer encore plus d'attention et revêt plus d'importance, étant donné l'important potentiel dont regorgent les pays d'Afrique sub- saharienne, et surtout de l'expérience acquise par les hommes d'affaires libyens et tunisiens dans ces pays. L'intention tend vers l'objectif de « soutenir les hommes d'affaires des deux pays dans leurs projets dans les pays d'Afrique sub- saharienne, et surtout les inciter à s'installer même dans ces pays». Les ambitions affichées ainsi que les bonnes intentions annoncées ne doivent pas faire oublier certains problèmes qui ne cessent de surgir de temps à autre.