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Miracle « autiste » à Kélibia
Aide aux Insuffisants Mentaux
Publié dans Le Temps le 09 - 02 - 2010

C'est avec beaucoup d'admiration que nous avons découvert, vendredi dernier, les résultats du travail prodigieux accompli par Mme Anissa Bouzakoura Dridi, responsable de l'atelier de psychomotricité au centre de l'Union Tunisienne d'Aide aux Insuffisants Mentaux (UTAIM) de Kélibia.
C'était au cours du colloque international sur « Le Corps », organisé à l'Espace Bir Lahjâr, par l'Unité de Recherche Psychopathologie Clinique de la Faculté des Sciences Humaines et Sociales de Tunis.

Cette éducatrice a été chargée depuis 2005 d'un groupe de déficients mentaux (enfants, adolescents et adultes) dont l'âge mental ne dépasse pas cinq ans et qui souffrent selon le cas de déficience mentale, de déficience motrice, d'autisme ou de psychose. Anissa Bouzakoura prit très vite conscience des énormes troubles de psychomotricité dont les membres de son groupe étaient atteints et s'attela à leur faire réaliser des progrès notamment au niveau de la motricité globale, de la prise de conscience de leur être et de leur corps, de leur environnement spatio-temporel et de leur aptitude à s'y adapter.

Le bilan des cinq années passées avec ses « élèves » est plus qu'éloquent, puisque ces derniers ont progressé dans leur autonomie, leur développement mental et affectif, dans leur pouvoir d'expression, d'imagination, de création, de créativité et dans leur sociabilité. Les nombreux invités du colloque ont fortement apprécié les trois spectacles d'expression corporelle donnés par quelques uns des adolescents pris en charge par l'atelier de Mme Bouzakoura. Mais l'expérience qui a manifestement marqué celle-ci fut vécue avec un autiste de 10 ans. Laissons-la raconter elle-même son petit « miracle », dans ces extraits de sa communication présentée au colloque de vendredi :

Les balbutiements
« Cet enfant est arrivé sans langage, et trahissait les stéréotypes des enfants autistes : battement des doigts devant les yeux, balancements d'avant en arrière (…). J'ai démarré mon travail de psychomotricité avec lui au mois d'octobre 2005, à raison de deux jours par semaine et de 30 minutes par séance. Au départ, nous sommes restés tous les deux au stade de la découverte avec une relation particulière, même à l'extérieur de la salle, dans la cour par exemple où il me cherchait pour s'asseoir sur mes genoux en me tenant le visage et en émettant des sons comme s'il voulait se rassurer. Il m'était impossible de lui imposer quoi que ce soit. Aucune activité ou jeu ne pouvait être poursuivi ni développé ; tout était seulement effleuré. Il papillonnait dans la salle, envahi épisodiquement par ses stéréotypes et comme happé par le mouvement de tous les objets ronds : ballons, cerceaux, objets roulants etc.

Ne sachant que faire pour le sortir de son monde, je m'étais fixé un objectif, celui de lui faire percevoir la différence entre le mouvement des objets et ses propres agitations corporelles. Je me suis mise alors à sauter dans un cerceau chaque fois qu'il le faisait tourner. Il me regardait faire avec des yeux intrigués mais amusés. »

Les premiers échanges
« Je me suis souvent posé la question « qui provoque quoi ? ». Il me semblait quelquefois, en l'observant, que dès qu'il touchait à quelque chose, c'était comme s'il se transformait en chat jouant avec une souris avant de la tuer. Je suis restée très longtemps perplexe, essayant d'expliquer tous ses faits et gestes et de comprendre au mieux son monde. Jusqu'au jour où je suis arrivée à avoir avec lui des échanges verbaux plus fréquents et plus longs : je lui parlais, il m'écoutait et comprenait ce que je lui disais. Ensuite, ce fut l'étape des jeux de lancement de ballons, de réception de cerceaux ou encore la promenade en voiture pour enfants. Mais ce qu'il aimait par-dessus tout et ce, jusqu'aujourd'hui, c'était le balancement sur le hamac de notre salle avec un accompagnement musical précis qu'il choisit lui-même. Actuellement, et depuis une année déjà, il arrive à se faire comprendre par des gestes ou à travers la mimique de son visage et communique tout aussi bien sa joie que sa tristesse. Et ce, grâce aux aptitudes d'imitation qu'il a acquises en psychomotricité. »

D'énormes progrès
« Ces facultés d'imitation favorisent en particulier le développement des aptitudes nécessaires à l'acquisition du langage. L'absence de développement de langage est souvent due à la faiblesse des capacités d'imitation chez l'enfant. C'est ainsi donc que mon élève autiste commença à imiter l'articulation de quelques lettres et prononça certains mots et des chiffres comme « neuf », « cinq » et « dix » (...). Il lui arrive aussi de s'adonner avec moi à des jeux de société tels le loto sonore et le jeu des visages. Il réussit enfin à placer dans l'ordre les chiffres de 1 à 20 et à faire correspondre les cinq premiers chiffres à leur quantité. Cet enfant réalise d'énormes progrès et il est capable d'en faire encore si sa prise en charge suit la bonne direction.»

« Que du bonheur »
« En conclusion, je peux affirmer que la psychomotricité, plus que toute autre thérapie, atteint le réel et le corps imaginaire par des moyens verbaux et non verbaux. Elle permet à l'enfant de mettre en acte sa souffrance, considérant l'expression psychomotrice comme message d'une difficulté à être au monde, à entrer en relation avec l'autre. Il est alors question de décrypter, de mettre en mots avec l'enfant sa problématique à partir du jeu et de l'engagement corporel. Cette thérapie, ajoute Mme Bouzakoura, nécessite de ma part un seuil de tolérance, un regard sur toutes les manifestations psychologiques, une implication corporelle également mais qui soit modulée et assumée. Je ne vous cacherai pas qu'à certains moments, je puise au fond de mon être pour pouvoir comprendre les réactions de mes élèves ; mais mon expérience avec les enfants normaux m'a été d'une grande utilité. Tous ces détails impliquent bien sûr de ma part, une connaissance parfaite de mes propres états intérieurs au plan postural et psychique. » Mme Bouzakoura précise aussi que son statut de mère lui a fait aimer davantage son métier et ses élèves « avec qui, dit-elle, on n'éprouve que du bonheur ! » Badreddine BEN HENDA

***
En marge de la rencontre
*Les trois spectacles d'expression corporelle donnés par les élèves de Mme Bouzakoura s'intitulent respectivement : « La Terre », « Le Foulard dans le vent » et « La Pêche ». Ils sont inspirés des activités agricoles de la région de Kélibia. Les décors et les accessoires utilisés dans ces saynètes sont l'œuvre entre autres des handicapés de l'atelier de psychomotricité dirigée par Mme Bouzakoura.

*D'après cette éducatrice, ses élèves avaient au début refusé de se produire dans le patio de l'espace Bir Lahjâr. Ils voulaient jouer sur une scène véritable.

*Vendredi dernier, c'était l'anniversaire de Hayder, l'un de ces jeunes handicapés. La sympathique réception organisée à la pause fut l'occasion de fêter cet heureux événement.

*L'UTAIM de Kélibia est la seule en Tunisie à disposer d'un atelier de psychomotricité.

*Avant de venir à l'UTAIM, Mme Bouzakkoura était directrice d'un jardin d'enfants municipal où elle prenait en charge une classe de 30 enfants de 5 ans, tous normaux. B.B.H.


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