Le Temps-Agences - Les ministres des Affaires étrangères du G8 ont appuyé hier à Trieste (Italie) l'appel à voter lancé aux talibans par le président afghan Hamid Karzaï, souhaitant un scrutin "légitime pour le peuple afghan". M. Karzaï, candidat à sa propre succession, s'est posé hier en rassembleur, en appelant "tous les Afghans", dont ses "frères talibans", à voter aux élections présidentielle et provinciales du 20 août plutôt que de tenter de les en empêcher par la violence. "Cet appel doit être fortement encouragé", a déclaré le ministre des Affaires étrangères italien Franco Frattini à l'issue d'une réunion du G8 (Italie, Grande-Bretagne, Allemagne, France, Etats-Unis, Canada, Japon et Russie) largement consacrée à cette région devenue le front numéro 1 de la lutte contre le terrorisme. M. Frattini a souligné l'importance de la "réconciliation nationale", indiquant qu'il existait "une conviction unanime (au sujet) de la galaxie des talibans selon laquelle il faut distinguer les groupes prisonniers d'Al-Qaïda et du terrorisme et ceux qui peuvent être ramenés vers la légalité". "Nous sommes engagés en faveur d'un scrutin se déroulant dans la sécurité afin de garantir un résultat légitime pour le peuple afghan", a-t-il ajouté. Une quarantaine d'institutions et de pays, dont de nombreux Etats de la région, participaient à cette rencontre qui a eu lieu pendant la réunion des ministres des Affaires étrangères à Trieste (nord-est de l'Italie). "Par le nombre de participants, il s'agit de la réunion la plus importante avant la présidentielle afghane", a déclaré le Haut représentant de l'Union européenne pour la politique étrangère Javier Solana, pour qui ce rendez-vous "s'inscrit dans la dynamique créée par la nouvelle politique de Barack Obama sur l'Afghanistan et le Pakistan". Le président américain a annoncé en mars une nouvelle approche, plus régionale, dans la guerre en Afghanistan: il a placé le Pakistan au coeur de sa stratégie, notamment en combattant les talibans et Al-Qaïda dans les zones tribales du nord-ouest pakistanais, à la frontière afghane. "Une approche politique globale et régionale est la clé du succès", a estimé M. Frattini, ajoutant qu'on ne pouvait pas se limiter à la seule question de la sécurité, qui est "seulement un instrument" pour stabiliser la région. Les participants à la réunion de Trieste ont appelé à une gestion commune des frontières entre Afghanistan et Pakistan avec notamment "une coordination des postes frontière et un échange des informations". "Si les informations circulent, les terroristes et les trafiquants de drogue pourront être identifiés", a noté M. Frattini, soulignant que 90% des opiacés dans le monde proviennent de l'Afghanistan. Autre "grand défi pour l'Afghanistan", le retour de "centaines de milliers" de réfugiés, selon M. Frattini qui a également évoqué le sort d'environ 2,5 millions de déplacés qui ont fui l'offensive menée par l'armée pakistanaise pour déloger les talibans dans la vallée de Swat et ses environs. L'Iran, en tant que pays voisin de l'Afghanistan, était le grand absent de cette réunion après avoir décliné l'invitation de l'Italie.