Après la crise de la vache folle dans les années 80 et 90, après la grippe aviaire du début de ce siècle, voici en 2009, un nouveau virus qui sème la panique dans le monde. La grippe porcine due au virus appelé H1N1, a déjà fait 10 morts confirmés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Mais l'on parle d'un nombre de victimes qui dépasse de beaucoup celui annoncé par cette institution internationale : 330 décès enregistrés au mois d'avril dans le monde seraient dus à ce virus, selon certaines sources. En tout cas, le nombre des pays contaminés est chaque jour en hausse et la carte des zones touchées s'élargit pour atteindre tous les continents. Une vérité est tout de même à souligner : en Tunisie, ces épidémies mortelles successives nous ont épargnés et à chaque nouvelle crise déclarée dans le monde, on n'enregistre aucun cas de maladie de cet ordre sous nos cieux. Les autorités sanitaires et les éleveurs privés font sans doute preuve d'assez de vigilance pour que nos animaux d'élevage soient le moins possible exposés à la contamination sur les lieux où ils sont confinés ou bien dans les centres d'abattage ou encore au stade de leur commercialisation. Il n'empêche que certaines maladies d'origine animale continuent chez nous de faire des victimes parmi les humains et comme pour le reste des épidémies citées plus haut, la responsabilité des hommes y est engagée de manière incontestable. Voici quelques histoires qui témoignent par exemple de l'insuffisance du contrôle hygiénique effectué dans certains commerces et le manque de rigueur dans les mesures prises contre les propriétaires des bêtes de compagnie et contre les chiens errants. M. est aujourd'hui complètement rétabli de la tuberculose ganglionnaire qu'il a attrapée il y a quelques années, bien qu'il continue de subir de temps en temps des contrôles médicaux qui, jusque là, confirment sa guérison. Comment s'est manifestée sa maladie aux premiers jours ? " A vrai dire, je ne me rappelle que les symptômes les plus directement liés à mon mal. Parce qu'on m'a expliqué que les poussées nocturnes de sueur que j'ai eues quelques semaines avant la déclaration extérieure de ma tuberculose ganglionnaire pouvaient être dues à la même affection. Donc, les signes premiers étaient en rapport avec une gêne (pas vraiment douloureuse) dans les mouvements du cou que j'ai prise la première fois pour un simple torticolis. Un ami médecin me conforta dans ce diagnostic lors d'une rencontre fortuite. Mais la contracture persistait durant plus d'une semaine et s'accompagnait par moments de pincements fulgurants. Je commençai à m'inquiéter et me rendis au cabinet de mon ami le généraliste qui me parla d'une inflammation de la zone bloquée. Il m'indiqua quelques remèdes légers et me rassura quant aux chances de guérison rapide. Deux semaines plus tard, je n'avais pas encore constaté la moindre amélioration de mon état. Je revins voir mon médecin qui tâta l'endroit gênant et me parla d'un ganglion en évolution. Il me demanda si je n'avais pas laissé sans traitement un quelconque abcès dentaire durant les jours ou les mois précédents. J'ai répondu que non et que je veillais scrupuleusement à mon hygiène buccale. Alors en toute honnêteté, mon ami me conseilla de consulter un ORL et m'indiqua l'adresse de l'un des meilleurs spécialistes de la ville, que je ne tardai pas à aller voir le jour même. Après les questions et les auscultations d'usage, ce dernier me prescrivit un puissant antibiotique et deux anti-inflammatoires qui me coûtèrent presque 100 dinars. Mais le traitement ne donna aucun effet rassurant. Je revins chez mon nouveau docteur qui alors soupçonna quelque chose de plus grave et me demanda d'aller effectuer des analyses de sang et une radio de l'endroit infecté. En effet durant toute cette période de traitements inefficaces, le ganglion devenait de plus en plus visible et prenait un aspect tumoral, tout en ayant l'apparence d'une large plaie purulente. Les examens subis montrèrent qu'il s'agissait d'un ganglion d'origine tuberculeuse et à ramifications complexes. On m'orienta donc vers le dispensaire antituberculeux et c'est là que je découvris ma maladie qui était probablement due, d'après les médecins, à la consommation de lait cru ou de ses dérivés. Or j'étais jusqu'alors un passionné de " rayeb " et de ricotta et j'en prenais quotidiennement des quantités variables! Il est certain que la vente libre du lait en vrac y est pour quelque chose, m'a dit une spécialiste, ne consomme désormais que le " rayeb " pasteurisé. Moi j'ai été plus catégorique : je ne bois plus de lait et ne consomme plus ses dérivés ni chez moi ni dehors ! " Pour l'information, les premiers soins coûtèrent à M. près de 500 dinars.
Une allergie coûteuse Si Belhassen est un retraité du Transport ; sa fille, qui vend de la viande de volaille, eut une fois besoin de ses services dans sa boutique. Il la remplaça le premier jour et deux ou trois autres fois après, mais au bout de dix jours, il constata au niveau de ses bras et par la suite sur plusieurs autres parties de son corps, des rougeurs et des sortes d'œdèmes non douloureux mais très visibles. Il n'y prêta pas beaucoup d'attention d'autant plus que ces manifestations disparaissaient d'elles-mêmes et ne le démangeaient pas. Tout un mois se passa ainsi après quoi il décida d'aller consulter : on lui prescrivit des pommades et des comprimés antifongiques qui aggravèrent son cas. Chez un premier et un deuxième dermatologue on diagnostiqua une allergie à certaines matières apparemment présentes dans des vêtements qu'il aurait portés. Il décida de ne plus les mettre. Mais en revenant dans le commerce de sa famille son mal reprit de plus belle. C'est alors qu'il en parla à son dernier médecin lequel lui conseilla de cesser d'y aller et recommanda à la propriétaire de désinfecter sa boutique et tout son matériel. Nous avons oublié de vous dire que les soins de Si Belhassen lui ont coûté plus de 300 dinars.
Cerbères en liberté Chokri est au collège et passe cette année son examen de neuvième ; il y a quelques semaines, il rentrait d'un cours particulier et préféra prendre un raccourci que de payer un taxi pour quelques centaines de mètres. Il passa devant une cité plutôt populaire malgré l'aspect décent voire luxueux de certaines constructions. Arrivé à hauteur d'une maison dont le jardin n'avait pas de clôture, il se trouva nez à nez avec un gros chien qui l'attaqua tout de suite. Surpris par l'agression subite, Chokri cria et jeta son cartable sur la gueule du chien; ce qui, paraît-il, irrita encore plus la bête qui se rua sur lui et le mordit à la jambe. Les voisins accoururent et calmèrent le chien ; mais l'élève préféra quitter les lieux sans demander son reste. Personne ne lui recommanda d'aller consulter un centre médical pour se faire administrer un remède préventif contre la rage ; de plus craignant d'être grondé par ses parents, l'adolescent ne leur parla pas du tout de l'incident. Il le raconta en revanche à des camarades qui l'emmenèrent à l'hôpital. Et pendant la semaine qui suivit cette visite médicale Chokri eut plusieurs cauchemars dans lesquels il se vit attaqué de toutes parts par des meutes de chiens et de loups assoiffés de sang et de chair humaine. Quand sa famille apprit ce qui s'était passé, elle contacta les maîtres du chien agresseur lesquels promirent de ne plus laisser en liberté l'animal dangereux. Mais aux dernières nouvelles, le cerbère a fait une nouvelle victime, tout comme les centaines de chiens errants qui sillonnent nos villes et nos quartiers !