Institution financière internationale dont les avis tranchés concernant les perspectives économiques mondiales sont regardés comme autant de repères rarement démenties, la Banque mondiale vient de délivrer son nouveau rapport sur les « Perspectives économiques mondiales » dans lequel elle examine l'impact de la crise financière sur la croissance du PIB, qui a terni les perspectives à court terme des pays en développement
La Tunisie y figure comme partie intégrante d'un groupe de pays à économies diversifiées appartenant à l'ensemble Afrique du Nord et Moyen-Orient ( MENA) , région qui offre, selon le rapport, « un bon exemple, aux deux extrêmes du spectre, de la diversité des effets découlant de l'augmentation des prix du carburant et des denrées alimentaires ».
En Tunisie, constate la Banque mondiale, le taux de croissance a reculé, passant de 6,3 % en 2007 à 5,1 % en 2008, pour une grande part à cause de la dégradation des conditions extérieures, en particulier le ralentissement de l'activité économique dans l'Union Européenne.
Dans le cadre de l'Accord d'association UE-Tunisie, le reste des tarifs douaniers imposés aux importations issues de l'Union Européenne ont été supprimés en janvier et des mesures ont été prises dans le secteur financier pour réduire les prêts risqués et non performants en améliorant l'évaluation des risques de crédit. Durant les sept premiers mois de 2008, l'investissement étranger direct (IED) dans le secteur industriel a augmenté de 47,2 %, se concentrant moins sur les IED dans le tourisme.
LE BARIL A 75 $ EN MOYENNE !!! D'après le rapport, les prix du pétrole au cours de l'année prochaine devraient se situer en moyenne à 75 dollars EU le baril alors que ceux des denrées alimentaires devraient baisser de 23 % par rapport à leur moyenne en 2008.
Rappelant que les économies comme celle de la Tunisie sont très dépendantes des importations de pétrole et de denrées alimentaires, le rapport souligne que les exportations ont ralenti en 2008 en raison d'un ralentissement de la croissance de leurs principaux partenaires commerciaux en Europe et aux Etats-Unis.
Cependant, la performance solide et continue de la Tunisie et de la Jordanie ont propulsé leur croissance de 3,8 % à 5,7 %.Et pour la région dans son ensemble, ces développements ont permis d'assurer la stabilité de l'activité à 5,8 % en 2008.
La note la plus positive dégagée par le rapport s'agissant de la Tunisie et des pays du groupe dans lequel elle est classée est que la baisse des prix de l'énergie réduira leurs dépenses d'importations et leur permettra quelque peu de souffler face aux pressions inflationnistes liées à l'explosion des prix dans la première moitié de l'année 2008.
La croissance dans la région devrait reprendre à un rythme de 5,2 % d'ici 2010 puisque la demande extérieure reprend et que la baisse des prix des hydrocarbures laisse place à une période de plus grande stabilité.
Bien mieux, la Tunisie tirera parti, à l'avenir, de la baisse accrue des cours des produits de base jusqu'en 2010,et son déficit courant devrait baisser de 0,7 à 0 % du PIB en 2009 et 2010 respectivement.
Le rapport recommande plusieurs mesures qui pourraient réduire la possibilité d'une autre crise liée à la flambée des prix alimentaires. Il s'agit de décourager les interdictions d'exportation, de fournir des financements plus stables aux agences en charge de l'aide alimentaire, et d'améliorer la coordination et l'information sur les stocks alimentaires mondiaux.
Pour être complet sur ce chapitre, il est utile que, pour ce qui est du Maroc, le rapport note l'amorce d'une reprise rapide avec une croissance de 6,2 % en 2008 contre les 2,7 % enregistrés en 2007 eu égard à la sécheresse. Ces résultats de croissance sont sous-tendus dus à la vigueur des secteurs non agricoles, en particulier les télécommunications, les services financiers et le secteur du bâtiment et des travaux publics.
Les mesures prises à l'effet de maîtriser les prix intérieurs - la subvention des produits alimentaires et des carburants, la suppression provisoire des droits de douane sur les céréales, et les actions de lutte contre la spéculation sur les prix - ont permis de maintenir l'inflation générale à un niveau relativement bas, en comparaison avec les pays de la région. Il reste toutefois que le niveau des subventions a triplé en deux ans, atteignant près de 6 % du PIB en 2008.
Enfin, parmi les exportateurs de pétrole de la région, l'Algérie affiche une croissance en hausse en 2008 avec un taux de 4,9 % contre 3,1 % en 2007, alors que se poursuivaient, à un rythme soutenu, les gains de croissance, à hauteur de 6 % dans le secteur non pétrolier, notamment dans la construction et les services liés aux projets d'infrastructure. L'Algérie est en bonne posture pour faire face aux effets de la crise financière internationale ; à la fin du mois de septembre 2008, les réserves du pays s'élevaient à 140 milliards de dollars, soit 30 milliards de dollars de plus, comparé à la fin de 2007.