Le Système National de la Recherche Agronomique a été restructuré en 1991 avec la création de l'Institution de la Recherche et de l'Enseignement Supérieur Agricoles (IRESA) relevant du Ministère de l'Agriculture et des Ressources Hydriques. Où en est la recherche agronomique en Tunisie ? Quelles sont ses priorités ? Qui finance cette recherche et quel est son bilan ? Au cours des 15èmes journées scientifiques consacrées aux résultats de la recherche agricole organisées à Nabeul les 18 et 19 décembre, Pr. Abdelaziz Mougou, Président de l'Institution de la recherche et de l'enseignement supérieur agricoles (IRESA) a précisé que "Cette institution qui regroupe six Instituts de Recherche, deux centres régionaux de recherche, onze établissements d'enseignement Supérieur agricole, quatre pôles Régionaux de Recherche-développement (PRRD), un réseau de plus de 20 stations expérimentales et trois pépinières d'entreprises vise à veiller à la promotion de la recherche agricole en assurant la liaison entre les établissements de recherche et d'enseignement supérieur agricoles d'une part et la vulgarisation agricole d'autre part ;élaborer les programmes de recherche agricole et les budgets nécessaires pour leur réalisation ;suivre l'exécution de ces programmes et en assurer la coordination et l'évaluation et veiller à ce que les établissements de recherche et d'enseignement supérieur agricoles soient au service de la production agricole et du développement. Outre le personnel administratif et de soutien (scientifique et technique), les différentes structures de recherche et d'enseignement supérieur agricoles relevant de l'IRESA, totalisent : 400 Chercheurs à plein temps, 320 Enseignants chercheurs, 6457 étudiants sont inscrits dans les différents établissements d'enseignement supérieur au titre de l'année universitaire 2008/2009. Nous signalons que parmi cet effectif, 1076 étudiants sont inscrits en troisième cycle (Doctorats 379, Mastères: 697) et constituent un important potentiel de recherche."
Plan directeur de la recherche agronomique Un Conseil ministériel restreint tenu le 6 mars 1998 avait défini les axes d'une stratégie décennale (1999-2008) de recherche agricole. Les priorités de la recherche tournent autour des axes suivants :La sécurité alimentaire, la préservation et la gestion durable des ressources naturelles,le développement de cultures à haute valeur ajoutée pour l'exportation, la gestion des excédents de certaines productions et la qualité des produits agricoles (végétaux et animaux). "Dix grands domaines de recherche ont été identifiés (décret n°1144-98 du 18 mai 1998) : les Grandes Cultures, l'eau, l'arboriculture fruitière, l'élevage ,les ressources naturelles ,la santé animale , les cultures maraîchères, la pêche et l'aquaculture." Ajoute Pr Mougou. "Les priorités explique t-il sont établies par des Commissions de programmation et d'évaluation de la recherche agricole formées de chercheurs et de représentants du développement et de la profession. Certaines recherches sont à caractère horizontal et touchent essentiellement la Biotechnologie, la Socio économie, l'Agro-alimentaire et la Protection des végétaux. Les travaux des différentes commissions ont abouti à la formulation de 42 Projets Fédérateurs (projets multi institutionnels et multi disciplinaires). Ces projets regroupent 150 actions de recherche. Dans le cadre de la loi d'orientation de la recherche scientifique, les efforts se sont orientés vers la constitution de laboratoires et d'unités de recherche. Au total 28 laboratoires et 24 unités de recherche ont été créés dans les établissements relevant de l'IRESA. La majeure partie des actions de recherche (projets fédérateurs) est conduite dans le cadre de ces laboratoires et unités de recherche. Il convient de signaler que les actions de recherche ne sont pas pérennes. L'IRESA est en train d'évaluer toutes les actions menées. En outre, elle a organisé entre fin 2006 et 2007, 12 ateliers relatifs à l'actualisation des priorités de la recherche dans les domaines prioritaires et 3 ateliers régionaux pour déterminer les programmes de recherche du CRRAO Déguache, du CRRHAB de Chott Meriam et du PRRD Sidi Bouzid".
Financement de la recherche agronomique Le financement des actions de recherche implique plusieurs sources estime M.Anis Ben Rayana sous-directeur du suivi et de l'évaluation des programmes de rechreche : Le ministère de l'Agriculture et des Ressources Hydrauliques (Fonctionnement, équipements, infrastructure, ressources humaines), le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Technologie (MESRST): Laboratoires et Unités de recherche avec des partenariats avec les offices, le commissariat Régional de développement Agricole, les Groupements Interprofessionnels et les organisations internationales. L'IRESA ainsi que les établissements qui en relèvent ont signé des conventions avec les organismes chargés du développement et avec la profession (Offices, CRDA, GIP, UTAP,...). Plusieurs actions sont menées et viennent en soutien aux projets de développement et répondent à des besoins bien précis. Ces partenaires apportent leur contribution au financement. A partir de 2006, l'IRESA a entamé un programme de 15 projets proposés par les Groupements Interprofessionnels (GIP) et relatifs à la qualité des produits agricoles et de la pêche.
Valorisation des résultats de la recherche L'IRESA assure le suivi et l'évaluation des programmes de recherche ajoute M.Mougou. "L'évaluation finale des actions menées dans le cadre des projets fédérateurs se fait dans des ateliers en présence des représentants de la vulgarisation et de la profession. Plusieurs acquis ont été obtenus et concernent la création variétale, les techniques culturales, la santé animale, la production animale et la gestion des ressources naturelles. Plusieurs ateliers, journées d'information et rencontres scientifiques sont organisées annuellement par l'IRESA et les différents établissements de recherche et d'enseignement supérieur agricoles. L'IRESA organise, chaque mois de décembre ses journées scientifiques pour présenter les résultats de recherche de l'année. Cette manifestation à laquelle prennent part environ 500 personnes du monde de la recherche scientifique et du développement agricole a atteint sa 15ème édition (18 & 19 décembre 2008). Notre rôle est aussi de soutenir le secteur de céréaliculture en tant que facteur de garantie pour la sécurité alimentaire du pays, le ministère de l'Agriculture et des Ressources Hydrauliques a mis un programme d'encadrement des agricultures des grandes cultures et ce en mettant à leur disposition le « knowledge » de l'Institution de la Recherche et de l'Enseignement Supérieur Agricoles (IRESA). A cet effet, pendant la campagne agricole 2007/2008, 60 chercheurs et enseignants chercheurs répartis en quatre groupes ont sillonné, en collaboration avec les techniciens du développement et les responsables et techniciens régionaux (CRDA et UTAP) 15 gouvernorats (Nord et Centre) afin d'apporter leurs conseils et leur savoir-faire en matières de fertilisation, lutte contre les maladies et les ravageurs ainsi que l'irrigation d'appoint. Signalons que 62 visites de terrain ont été réalisées (janvier - avril 2008). Pour la campagne en cours, l'objectif est d'atteindre 100 visites. Suite à la décision présidentielle du 12 mai 2007 relative à l'évaluation de la première stratégie décennale de recherche agronomique afin de mettre en œuvre une nouvelle stratégie pour la période 2009-2018 ; le ministère de l'Agriculture et des Ressources Hydrauliques a procédé à une évaluation interne du secteur de la recherche. Le CNEAR (Comité National d'Evaluation des Activités de Recherche) relevant du ministère de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de la Technologie, est en train de réaliser une évaluation externe de la première stratégie décennale de la recherche agronomique. Il est certain que les travaux futurs viseront plusieurs axes notamment la prise en compte des changements climatiques et de l'économie d'énergie dans tous les programmes. Un intérêt spécial sera accordé à la production dans les périmètres irrigués, aux grandes cultures et à l'agriculture biologique ainsi qu'à la qualité des produits agricoles et de la mer."