Le Temps-Agences - La Cour constitutionnelle turque a entamé hier l'examen d'une demande d'interdiction du parti au pouvoir pour des "activités allant à l'encontre de la laïcité", initiative qui risque, selon les analystes, de menacer la stabilité politique et économique du pays. "L'acte d'accusation a été distribué à nos membres et nous sommes en train de nommer un rapporteur pour l'étudier", a déclaré à des journalistes le vice-président de la Cour constitutionnelle Alifeyyaz Paksüt, indiquant que cette "étude préliminaire" pourrait durer une dizaine de jours. Les 11 membres de la Cour constitutionnelle doivent d'abord juger de la recevabilité, sur la forme, de l'acte d'accusation déposé par le procureur de la Cour de cassation, Abdurrahman Yalçinkaya, avant de pouvoir éventuellement examiner l'affaire sur le fond. Un verdict n'est pas attendu avant plusieurs mois. "Peut-être la Cour constitutionnelle épargnera-t-elle à la Turquie de se couvrir de honte et rejettera-t-elle le dossier", a commenté hier le vice-président de l'AKP Dengir Mir Mehmet Firat, tandis que le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan réunissait à huis clos ses juristes. L'Union européenne, avec laquelle la Turquie a entamé des négociations d'adhésion, a appelé ce week-end la justice turque a "ne pas se mêler" de politique et l'Allemagne a invité la Cour à déclarer irrecevable la demande, estimant qu'elle pourrait nuire aux ambitions européennes de la Turquie. M. Yalçinkaya accuse dans un texte de 162 pages le Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir et issu de la mouvance islamiste, d'être devenu "un foyer d'activités allant à l'encontre de la laïcité", de vouloir faire de la Turquie un Etat islamique et de vouloir détruire le système démocratique. Outre l'interdiction du parti, il réclame que 71 de ses membres, dont M. Erdogan et le président Abdullah Gül, ancien cadre de l'AKP, soient interdits de politique pendant cinq ans.