Dans le cadre de sa nouvelle rentrée littéraire la Maison du Roman vient d'organiser à la Cité de la Culture une rencontre spéciale du grand romancier Hassen Nasr. Hassen Nasr a commencé à écrire depuis la fin des années cinquante en publiant plusieurs nouvelles dans les revues littéraires de l'époque, dont essentiellement « Un bœuf légué par mon père » qui eut un grand succès ; puis il s'est fait distinguer par son fameux recueil de nouvelles « Layali Al Matar » paru en 1967 et dont les textes figurent depuis plusieurs années dans les manuels arabes de l'enseignement secondaire. Il publia plus tard son roman « Dahalise Al lail » en 1977, qui eut également un succès éclatant. En 1985, il publia un nouveau recueil de nouvelles, intitulé « Les 52 nuits », suivi par le roman « Khobz Al Ardh » (1985). Suivirent ensuite d'autres livres tels que : « Assahar wa Aljorh » (1989), « Khouyoul Al Fejr », « Dar Al Bacha » (1994) et « Sijillet Ra's Al Dik » (2001). Il s'arrêta d'écrire durant plusieurs années pour revenir enfin en 2010 avec un nouveau roman «Créatures ailées », l'œuvre qui reçut le Prix Mention Spéciale du Jury de Comar 2010, ce roman constitue un grand projet de Hassan Nasr, c'est aussi un nouveau modèle d'écriture qui reflète la vision de son auteur. Ce roman vise à se libérer des contraintes imposées par les modèles traditionnels afin d'édifier un nouveau roman arabe authentique qui doit prendre des dimensions civilisationnelles universelles. Après la Révolution de 2011, Hassen Nasr continue à écrire avec la même verve et le même enthousiasme, malgré son âge car il ne saurait rester insensible aux nombreux bouleversements profonds qu'a connus la société tunisienne après le pseudo « printemps arabe ». Récemment, juste après la Révolution, il publia pour la première fois un recueil de poésie, suivi d'un roman intitulé « Me Ahla Albahr » (Que la Mer est belle) où l'on ressent, à travers ses personnages inspirés de la réalité post-révolution, toute son admiration pour le changement qui venait de se passer, sans pour autant cacher son amertume et sa déception en voyant la « Révolution » se détourner de son vrai chemin et les choses se dégrader chaque jour davantage. Son dernier roman intitulé « L'Ange en exil » parut en 2017. La plupart de ses ouvrages ont été traduits en plusieurs langues. Pour ne citer qu'un seul exemple, son roman « Dar El Bacha » a été traduit en français, en allemand, en anglais, en espagnol et en polonais. Au début de la rencontre, l'invité a présenté un petit exposé où il a relaté sommairement son parcours littéraire en soulignant les principales étapes par lesquelles il a dû passer en côtoyant les grands écrivains de l'après-indépendance et en participant à la création de plusieurs revues littéraires dont « Kassass ». Outre les questions posées par l'animateur de la séance, d'autres questions ont soulevées lors de cette rencontre par les assistants concernant le parcours littéraire du romancier, s'étant notamment distingué dans le genre de la nouvelle qui lui a valu plusieurs prix, mais aussi son expérience non moins importante dans le roman et le théâtre. Le public a découvert l'homme, ses pensées, ses idéaux et son point de vue sur la littérature tunisienne et arabe, ainsi que ses témoignages concernant la situation sociale, culturelle, artistique et littéraire dans le monde arabe. Nasr qui voit dans l'écriture un acte existentiel par lequel il aspire à une vie meilleure, à un monde différent, un homme nouveau et moderne. « Mon rêve est de vivre dans un monde sain au sens large du terme, a-t-il déclaré, mais le grand malheur de l'écrivain est que ses écrits n'aient pas d'écho auprès des masses… Je n'aspire pas à un autre monde céleste : l'essentiel est de savoir vivre dans le présent, dans un monde sans cesse renouvelable qui place l'homme et les valeurs humaines au-dessus de tout.» Il a toujours souligné l'importance de l'espace et du temps, deux éléments essentiels dans la vie de l'homme. En effet, la notion du temps et de l'espace demeure, selon l'écrivain, encore mal conceptualisée par la majorité des gens, notamment chez les populations arabes. « Le temps et l'espace sont la conscience de l'Histoire, a-t-il indiqué, la valeur de ces deux notions réside dans l'existence de l'homme à tel temps et à tel espace et dans son évolution dans un cadre spatio-temporel bien déterminé »