Une information a enflammé les réseaux sociaux dans la soirée du mardi à hier : le directeur-exécutif du mouvement de Nidaa Tounes, appuyé par le secrétaire-général de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), a décidé, sans l'aval de son père, paraît-il, d'œuvrer à faire chuter l'actuel chef du gouvernement, Youssef Chahed. Cela s'est produit au cours de la réunion de la Commission technique du Pacte de Carthage où les membres voulaient résoudre tous les points de divergence pour soumettre le nouveau document au président de la République et aux signataires pour passer au niveau supérieur. Toutefois, et alors que le rythme s'accélérait, Hafedh Caïd Essebsi a réclamé que le départ de Youssef Chahed soit inscrit à l'ordre du jour, sans attendre la réunion des présidents prévue pour demain. Selon des sources présentes à la rencontre, cette proposition a été appuyé par les représentants de l'UGTT et de l'Union nationale de la femme tunisienne – qui ont tous deux assuré qu'une telle décision relevait systématiquement des prérogatives de la Commission technique alors que d'autres représentants, ceux d'Ennahdha ou encore d'Al Massar, ont préféré attendre la réunion de demain. Le soir même, Hafedh Caïd Essebsi a organisé un dîner ramadanesque dans un hôtel à Tunis où il a rassemblé une quarantaine de députés du bloc parlementaire de Nidaa Tounes qui compte plus de cinquante élus. Aussitôt les photos publiées sur les réseaux sociaux, la conclusion était unanime ; à travers ce dîner, Caïd Essebsi junior chercherait l'alternative pour appliquer son plan au cas où l'évincement de Youssef Chahed ne se faisait pas à travers le Pacte de Carthage. Plusieurs ont, en effet, expliqué que le fils du président de la République est en train de préparer une motion de censure à l'encontre de l'actuel chef du gouvernement qui passerait par l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) et qui obligerait tous les acteurs à se soumettre au départ de Chahed. A la surprise générale, et pendant que le fils continue ses manœuvres pour atteindre son objectif devenu obsessionnel, la porte-parole de la présidence de la République, Saïda Garrache, a publiquement déclaré que le départ de Youssef Chahed n'est pas la solution. Elle a rappelé que l'urgence aujourd'hui est de trouver un terrain d'entente pour mettre fin à la crise économique et sociale, insistant sur l'importance de l'équilibre politique face à tous les problèmes que vit le pays actuellement. Une déclaration qui vient mettre Hafedh Caïd Essebsi et l'UGTT dos au mur en les isolant devant une exigence qui dépasse toute logique, à seulement dix-neuf mois des prochaines élections. Toutefois, et connaissant assez bien le directeur exécutif du mouvement de Nidaa Tounes, à travers ses deux ans et demi de gestion, nous pouvons avancer sans aucune réserve que l'intéressé ne s'arrêtera pas là et qu'il continuera à chercher les moyens pour arriver à ses fins. Hafedh Caïd Essebsi ne veut plus de Youssef Chahed au palais de la Kasbah, comme il ne voulait plus d'Habib Essid. Ses manœuvres continueront au détriment de tout un pays...