L'UTICA a soufflé hier sa 71ème bougie et tenu son 16ème Congrès National en présence du chef du gouvernement Youssef Chahed. Un événement phare aussi bien pour les entreprises que pour les partenaires directs ou indirects de la Centrale patronale dont essentiellement l'Etat et les organisations syndicales.Après deux mandats à la tête de l'UTICA, Wided Bouchamoaui, a décidé de se retirer et de passer le flambeau de la présidence. Aussi nombreux ont été ceux qui manifesté leur admiration et autres considérations à cette dame sacrée parmi les 100 personnalités africaines les plus influentes et qui a joué un important rôle dans le processus démocratique post-Révolution. Aujourd'hui, et à l'heure où nous mettons sous presse, un nouveau bureau va être élu. Une nouvelle étape va commencer, celle de l'après-Bouchamaoui. Ce Congrès va assurément baliser la vision, les objectifs et la feuille de route de l'organisation au cours des années à venir. Une vision ô combien importante pour les unités de production, moteur de la croissance économique et sociale du pays. Les défis du nouveau bureau sont innombrables : amélioration du climat des affaires, restauration de la compétitivité, sauvegarde des entreprises nationales et leur pérennisation et bien d'autres à relever. Le coup d'envoi du 16ème congrès national de l'UTICA a été donné, hier, au siège de l'UTICA. La salle était pleine à craquer. Plus de 2000 congressistes participaient aux travaux et à l'élection du nouveau bureau exécutif qui aura lui-même à élire son nouveau Président. Un tel congrès électif, coïncidant avec la célébration du 71ème anniversaire de l'organisation patronale, a enregistré 98 candidatures pour le nouveau bureau exécutif national, qui sera composé de 31 membres. Parmi eux 21 membres seront élus directement par le congrès. Ils se repartissent comme suit : 6 membres pour le secteur de l'industrie, 5 pour le secteur des services, 4 pour le secteur du commerce, 3 pour le secteur des métiers et 3 membres pour le secteur de l'artisanat. Dans son discours inaugural Wided Bouchamaoui a notamment appelé tous les adhérents de l'UTICA à ne pas impliquer leur organisation dans les tiraillements politiques. « Celui qui veut faire de la politique, doit le faire loin de la centrale patronale. Nous avons donné la priorité à l'affaire économique. Ce qu'il faut savoir, c'est que les problèmes économiques du pays et le déséquilibre financier ne peuvent jamais être résolus au détriment de l'entreprise économique. On a fait le nécessaire afin que le climat de l'investissement s'installe. En dépit de toutes ces difficultés, l'entreprise économique a continué à consentir des sacrifices, à l'instar de la contribution exceptionnelle de 7,5% inscrite dans la loi de finances 2017, ceci a été concédé dans l'espoir que cette contribution puisse favoriser l'investissement et l'emploi. Un espoir qui n'a récolté aucun fruit, bien au contraire, il a été trahi par la loi de Finances 2018, est venue trahir cet espoir avec son lot de nouvelles impositions. Jusqu'à quand l'entreprise privée continuera-t-elle à payer la facture ? Et jusqu'à quand nous allons reporter les réformes nécessaires ? » a-t-elle précisé. Dans le même contexte, Bouchamaoui a rappelé le rôle combien important qu'a eu à jouer l'organisation patronale dans le dialogue national et dans la résolution des crises politiques ayant secoué le pays qui à tout moment risquait de sombrer dans le chaos. Elle a indiqué ainsi que « la prochaine étape doit combiner les efforts des organisations nationales et des partis politiques, qui doivent tous converger vers des visions capables de faire sortir le pays de la crise. » Elle a aussi relevé qu'une étude sur la perception de l'UTICA par l'opinion publique a été confiée à un bureau d'étude spécialisé, les résultats seront mis à la disposition du nouveau bureau. A la fin de son allocution, Bouchamaoui a annoncé le retrait de sa candidature pour un troisième mandat à la tête de l'UTICA. Une décision, qu'elle impute à des raisons personnelles et loin de toute pression interne ou externe. A la fin de la séance d'ouverture le chef du gouvernement a été interpellé publiquement par un congressiste qui lui fait remarquer l'absence de mesures en faveur du secteur de l'artisanat. « Un secteur délaissé » a-t-il crié haut et fort. Lui c'est Boulbeba Hawari, vice- président de la Chambre de ferronnerie à Gabes, qui nous a déclaré que les artisans déplorent également les mesures prises dans la LF 2018. Il a ajouté que les artisans sont négligés totalement du programme gouvernemental : «Il faut que l'Etat nous donne tout l'appui nécessaire pour ce qui est du marketing, des matières premières et du financement ». Youssef Chahed Mesures gouvernementales pour améliorer le climat de l'investissement Prenant la parole, le chef du gouvernement a d'emblée souligné que le succès au niveau politique enregistré n'a pas été accompagné d'un succès économique et social. « Aucune difficulté aujourd'hui, ne peut nous dissuader à engager les réformes économiques nécessaires. Et la première étape des réformes, c'est celle de rétablir les finances publiques » a-t-il déclaré, ajoutant par ailleurs que « l'heure a sonné pour mettre un terme à la lourdeur administrative, à la complexité des procédures qui entravent l'investissement dans le pays. » Dans ce cadre, il a dévoilé le programme gouvernemental pour l'amélioration du climat de l'investissement. Un programme comportant deux volets : la révision du dispositif des autorisations et la révision des procédures administratives liées à l'investissement. A cet effet il a été décidé : Que toute demande d'autorisation demeurée sans suite vaudra accord de l'administration. La définition d'un délai maximum de 60 jours pour les autorisations non prévues par les textes. La publication d'une liste définitive des activités soumises à des autorisations avant la fin du premier semestre de l'année en cours, de manière à ce que le principe de la liberté d'investir soit la règle, tout en se référant aux cahiers des charges dont les procédures doivent être simplifiées. Des cahiers des charges simplifiés seront adoptés, l'autorisation sera une exception. La réduction des procédures administratives dédiées à la création d'entreprises de 9 à 5, à même de permettre au promoteur de monter son projet dans un délai de 48 à 72 heures. La réduction des procédures d'octroi de permis de bâtir de 18 mois, actuellement, à 12 mois . La simplification des procédures de raccordement au réseau électrique et le raccourcissement des délais de 3 mois à 60 jours. La réduction des délais de transfert de propriété de 40 à 10 jours. Et la révision du système de procédures, en vigueur dans les ports commerciaux, en vue d'une amélioration des délais de dédouanement, particulièrement, au niveau du port de Radès.