Dans une salle comble, à la nouvelle bâtisse de la cour d'appel de Nabeul, le meurtrier de la danseuse à Hammamet a comparu de nouveau la semaine dernière, suite au pourvoi formulé par le parquet, contre la décision de la cour ayant ramené la peine à l'encontre de l'accusé, à un an de prison. Celui-ci avait en effet fait appel du jugement de première instance l'ayant condamné à 20 ans. La cour de cassation cassa cet arrêt et renvoya l'affaire une deuxième devant une cour d'appel autrement formée. C'est une affaire que nous avons déjà relatée, et dont les faits concernent le meurtre d'une danseuse par son fiancé dans un hôtel à Hammamet. Celle-ci ayant découvert que son fiancé avait une relation avec une jeune fille travaillant au même hôtel, voulut avoir une explication avec lui à ce propos et la discussion tourna en drame. En effet, le ton monta et la danseuse, au bord de la colère,et après avoir couvert son fiancé d'injures, courut vers le balcon, menaçant de s'y jeter. Celui-ci irrité par le comportement de sa fiancée la rejoignit en la giflant. Elle perdit ainsi l'équilibre en chutant du troisième étage pour aller s'écraser sur le sol, au bas de l'immeuble. La défense plaida la requalification de l'infraction,les faits ne constituant que de simples coups et blessures ayant engendré la mort sans intention par leur auteur de la donner. La victime, selon l'accusé s'est précipitée vers le balcon et a menacé de se suicider en s'y jetant. Celui-ci accourut pour éviter un tel acte irréfléchi de la part de la danseuse qui était, selon lui, dans un état hystérique. Il ajouta qu'il ne voulait même pas l'agresser en lui administrant deux gifles, mais pour la faire revenir à elle, afin qu'elle se rendît compte de l'état où elle se trouvait et de la gravité de son geste. Hélas elle perdit l'équilibre et chuta brusquement, pour aller s'écraser au sol trois mètres plus bas. C'était l'effet de la fatalité, le Mektoub dit-il pour clamer son innocence et préciser qu'il n'avait jamais eu l'intention de tuer sa fiancée , celle qu'il aima et choisit pour devenir sa moitié. Cependant il n'y a que sa version et rien d'autres au dossier pouvant la corroborer, de manière tangible. La question posée, abstraction faite de l'intention de l'accusé,tourne autour de la chute fatale de la victime. A-t-elle été provoquée au moment où celle-ci fut giflée, ou au contraire avait-elle perdu l'équilibre indépendamment de cet élément ? En fait il s'agit de prouver le lien de causalité entre la chute de l'accusé et l'acte extérieur provenant de l'accusé. Le parquet avait pour cela formulé un pourvoi à la décision de la cour, ayant condamné l'accusé à un an pour,non pas homicide volontaire,mais coups et blessures ayant donné la mort, sans intention de la donner par son auteur. Evidemment, la cour de cassation, ne revient pas sur les faits , exerçant un contrôle suprême uniquement sur le droit. Le motif de droit était donc la nature juridique de l'infraction commise par l'accusé. Elle a vraisemblablement suivi la thèse du parquet, et la cour a confirmé, en condamnant l'accusé pour homicide volontaire, en descendant toutefois dans l'échelle des condamnations pour lui infliger la même peine qu'il a eue en première instance, soit 20 ans d'emprisonnement.