Les vulnérabilités sont de plus en plus mondialisées, de par leur origine et leur impact, elles exigent une action collective et une gouvernance internationale améliorée Le rapport sur le développement humain 2014 montre clairement, comme les précédents rapports d'ailleurs, que les populations maintiennent, en grande partie, des progrès constants. Et les réalisations, à tous les niveaux ou presque, restent prometteuses. Le mérite revient, selon le rapport, à la mondialisation qui a réussi à booster nettement le développement humain. Toutefois, malgré l'importance des progrès, la situation reste, en quelque sorte incertaine, car elle n'est pas totalement rassurante. Il est vrai justement, soutient le rapport, «que le monde actuel connaît un sentiment de précarité généralisé en ce qui concerne les moyens d'existence, la sécurité personnelle, l'environnement et les politiques mondiales». Ce qui fait que toutes les belles réalisations risquent des menaces sérieuses en cas de catastrophe naturelle, de crise économique, de conflits violents ou de tensions internationales. On reconnaît en effet que l'essentiel pour toute politique de développement humain ne consiste non seulement pas à donner aux personnes la possibilité de faire des progrès, de se soigner, de s'éduquer, de faire des choix, mais aussi et surtout de bien les outiller pour pérenniser toutes ces belles choses. C'est-à-dire fournir les moyens qui soient en mesure de leur assurer un développement humain durable. Sans quoi, l'humanité reste tout à fait vulnérable. Toutefois, cette vulnérabilité reste variable. Elle dépend des normes sociales, des politiques adoptées, du niveau d'adaptation aux changements, des chocs, des pressions environnementales, des moyens mis en place, de la nature des ressources disponibles, de la capacité de gérer les risques... Le rapport relève d'ailleurs que la disparité entre les personnes, les écarts entre populations... témoignent de cette variabilité de la vulnérabilité. Le document retient ainsi que «malgré des progrès récents dans la réduction de la pauvreté, plus de 2,2 milliards de personnes vivent en situation de pauvreté multidimensionnelle ou en sont très proches. Cela signifie que plus de 15% de la population mondiale reste vulnérable à la pauvreté multidimensionnelle. Dans le même temps, près de 80% de la population mondiale manque de protection sociale complète. Environ 12% (842 millions) souffrent de faim chronique, et près de la moitié des travailleurs (plus de 1,5 milliard) occupent un travail précaire ou informel». Et c'est toujours le milieu rural qui se retrouve le plus concerné par la souffrance. Les statistiques parlent déjà de plus des trois quarts des pauvres sont des ruraux. Selon le rapport, ce constat est tout à fait prévisible, car «ils se retrouvent piégés dans des cycles insurmontables de faible productivité, de chômage saisonnier et de bas salaires, et sont particulièrement vulnérables aux changements climatiques» sans parler de la discrimination ethnique. Une prestation universelle des services sociaux Parallèlement à toutes ces questions, l'on pense que tout développement, pour qu'il soit pérenne, doit absolument reposer sur une sécurité humaine globale. Cela est d'autant plus vrai que tout sentiment d'insécurité se traduit par des répercussions très graves sur toute politique de développement. De ce fait, l'on estime qu'il est absolument urgent de repenser en profondeur cette question surtout que plus de 1,5 milliard de personnes vivent dans des pays touchés par les conflits violents. Par ailleurs, le rapport met l'accès sur une série de dispositions et d'actions prioritaires qui est en mesure de garantir un meilleur équilibre. On parle ainsi d'un engagement international pour assurer la prestation universelle des services sociaux de base (éducation, santé, approvisionnement en eau, assainissement, sécurité publique...), ce qui aurait certainement pour mérite d'élargir les compétences sociales et de réduire la vulnérabilité structurelle. La garantie du plein emploi se présente de son côté comme une disposition stratégique, car, soutient le rapport, «la valeur sociale de l'emploi va bien au-delà d'un salaire. L'accès universel à des emplois décents est un élément essentiel du renforcement de la résilience dans une société. Le travail est un moyen d'existence puisqu'il renforce l'agentivité humaine, fournit des liens sociaux et, plus encore, apporte de la sécurité aux familles et aux communautés». L'élargissement de la capacité de prévention et de gestion des crises se place également comme une urgence, puisqu'elle permet d'améliorer sensiblement le niveau de récupération et de reconstruction. Toutefois, pour relever rapidement tous ces défis, le monde a besoin, plus que jamais, d'une action commune et d'un code de conduite collectif. Cela est d'autant plus vrai que «Les nouvelles menaces émergentes exigent des réponses, des ressources et un leadership à l'échelle nationale, mondiale et transfrontalière. Une action collective est nécessaire pour pouvoir établir un ordre de priorité des problèmes, étendre la coopération entre les cloisonnements organisés autour des questions particulières, et réunir les Etats, les organisations internationales, la société civile et le secteur privé dans un programme commun d'instauration de systèmes mondiaux plus résiliants». En somme, le rapport note qu'il est impératif aujourd'hui de réduire significativement le niveau de vulnérabilité, à travers surtout une meilleure construction de le résilience, et un changement profond des politiques et des normes sociales. Et à moins de traiter d'une manière systématique ces deux composantes, «les progrès ne seront jamais ni équitables ni durables».