Sous le slogan «La vérité, toute la vérité pour que nous bâtissions une unité nationale et une stratégie globale pour lutter contre le terrorisme», le FP a organisé, hier, à Tunis, une conférence de presse en vue d'expliquer à l'opinion publique les raisons de sa non-participation à la « marche de la République contre le terrorisme» d'aujourd'hui. Avant de les étaler, son porte-parole, Hamma Hammami, a tenu à souligner qu'Al Jabha était un farouche combattant contre ce fléau, depuis le premier instant, et parmi les premiers, à côté des journalistes et des forces de l'ordre, à avoir attiré l'attention sur ce danger qui émergeait et s'amplifiait, et le premier qui en a subi les effets désastreux avec les assassinats de son leader, Chokri Belaïd, qui, la veille de l'attentat, a appelé à la tenue d'un congrès national contre la violence, un appel que le FP ne cesse de réitérer depuis. Le terrorisme a une histoire Avant d'appeler à une union nationale, il faut procéder à l'établissement d'un compte rendu, vu que le terrorisme a une histoire dans le pays qui remonte à quelques années maintenant, commença par préciser Hammami. « Il s'est déclenché avec les tentatives de démantèlement de l'Etat, par le bais d'une sécurité et d'un enseignement parallèles, les prêches dans les mosquées, dont celle de Zarzis, où l'imam a légitimé l'exécution de Chokri Belaïd et Ahmed Néjib Chebbi, les milices, le ravage des mausolées, ces monuments historiques et culturels, l'attaque contre Al Abdelliya, la violence contre les journalistes et les artistes, l'invitation des obscurantistes, les prêcheurs de la discorde, qui étaient accueillis dans le Palais présidentiel, l'introduction des armes dans le pays, les assassinats programmés et, parfois, annoncés... », énuméra Hammami. Il y ajouta la lettre envoyé par le bâtonnier des avocats tunisiens à l'ex-ministre de l'Intérieur, l'informant des menaces sérieuses que recevait Belaïd et qui n'ont pas été prises au sérieux par ce dernier, ainsi que le rapport de la CIA, avisant ce ministère de l'imminence de l'assassinat de Brahmi. « Le terrorisme est un phénomène ravageur, visant à étouffer la révolution, et c'est le peuple qui en subit les conséquences néfastes, à savoir la guerre civile, les déportations, la ruine, la division, l'appauvrissement... », entonna Hammami. Les groupes terroristes, qui sèment la terreur, partout dans la région arabe, sont financés par des Etats, des institutions et des services de renseignement, qui participent à la marche d'aujourd'hui, c'est la raison pour laquelle le FP refuse de prendre part à cette manifestation faussée, affirma-t-il. Et pour appuyer ses dires, il a cité Joe Biden, le vice-président au forum de John Kennedy Jr de l'université de Harvard, qui a révélé que leurs alliés, c'est-à-dire les pays du Golfe, ont financé et armé les terroristes d'Al Qaïda. Donc, les Occidentaux se servent de ces despotes du pétrodollar pour détruire des pays comme la Libye, la Syrie, l'Irak, l'Afghanistan, la Somalie, le Yémen. « C'est l'idéologie obscurantiste wahhabite qui est à l'origine de tous ces désastres», insista le porte-parole du FP. La stratégie payante « Nous sommes pour une union nationale qui soit bâtie sur des bases claires et saines », enchaîna-t-il. Pour sa coalition, la question n'est pas partisane, mais nationale, et non pas idéologique, mais politique, autrement dit, elle refuse que l'on occulte les causes du terrorisme. Hammami indiqua que le président de l'ARP, Mohamed Ennaceur, lui apprit, lors de leur rencontre précédant la conférence, que la marche serait silencieuse, sans banderoles, ni slogans. « Ce serait une union nationale silencieuse », ironisa-t-il. La partie bénéficiaire sera, à coup sûr, la Troïka dont la responsabilité dans l'émergence du terrorisme est établie, toujours selon lui. Donc, il faut commencer par déterminer cette responsabilité, puis bâtir l'unité nationale à laquelle tient dur comme fer le FP. En témoigne la stratégie de lutte contre le terrorisme qu'il a élaborée, comme le nota Hamma Hammami qui expliqua que la vraie confrontation n'est pas entre l'armée et les forces de l'ordre et les terroristes, mais plutôt entre la société et le terrorisme. Pour y venir à bout, il faut assurer de l'emploi et des ressources suffisantes et stables aux citoyens, mettre en place une nouvelle diplomatie, instaurer une sécurité républicaine, rénover le discours religieux... C'est à ces conditions que l'unité nationale devient possible, d'après le porte-parole du FP. « Nous sommes pour une union nationale sérieuse, pour une loi antiterroriste, qui soit équilibrée et qui garantisse les droits de l'Homme, et avec les forces de l'ordre et toutes les forces qui luttent contre le terrorisme en Libye et ailleurs, et contre toute ingérence étrangère au Yémen et dans n'importe quel pays du monde », fait-il savoir. A propos de ce dernier, et en réponse à une question posée par La Presse, Zied Lakhdar condamna la position de la diplomatie tunisienne qui soutient l'intervention militaire de l'Arabie Saoudite au Yémen, où se déroule une guerre par procuration, mettant aux prises les pays du Golfe et l'Iran qui agissent pour le compte des forces coloniales et le sionisme, selon lui. Quant à la deuxième question posée par notre journal, relative à l'absence du scénario parisien, lors de la marche républicaine, organisée après les attentats à Charlie Hebdo, où on a vu une manifestation parallèle des forces progressistes et démocratiques, Lakhdar précisa que procéder de la sorte donnerait l'impression qu'ils seraient en dehors du processus national d'autant plus que parmi les parties politiques qui vont défiler, aujourd'hui, il existe certaines qui seraient parties prenantes de l'unité nationale. Celle-ci serait davantage renforcée si les hommes d'affaires payent leurs impôts et qu'ils respectent les droits des travailleurs, ajouta Hamma Hammami. En conclusion, le porte-parole d'Al Jabha mit l'accent sur le fait que la vraie solidarité avec la Tunisie consistait en l'annulation de sa dette, le rapatriement de l'argent volé, et la cessation du financement du terrorisme, de l'achat du pétrole aux terroristes et de l'ingérence dans les pays arabes.