Le recrutement d'un directeur technique français est-il une nécessité ? Les discussions vont bon train ces dernières semaines à propos du recrutement d'un directeur technique et d'un entraîneur national. Qu'ils soient étrangers ou Tunisiens, ce n'est nullement la seule et bonne question que l'on devrait se poser. En effet, la véritable question, à notre humble avis, est bien «pour quoi faire ?». Remontons rapidement le temps et remémorons-nous ce qui s'était passé depuis 2005, qui représente l'année référence pour le handball tunisien. C'est en 2005 que la Tunisie a réussi à se classer 4e au Mondial qu'elle a organisé. Un résultat qui a fait du handball le sport collectif le plus représentatif du pays. Cette performance n'a pas été le fruit d'un coup de chance, mais bien la conséquence d'une véritable politique de prospection et de formation. Les schémas et plans d'action ont bien été conçus et exécutés par des techniciens tunisiens. En étroite collaboration avec le milieu scolaire qui demeure d'ailleurs un inépuisable creuset où toutes les disciplines sportives peuvent puiser des réserves aux qualités confirmées, les techniciens de Tunis, Nabeul, Hammamet, Mahdia, Menzel Témime, Ksar Hellal, Béni Khiar, Moknine, Sakiet Ezzit, etc., ont repéré les meilleurs jeunes pour les prendre en main et les encadrer au sein des centres de formations et des sélections régionales. Cela a donné la fameuse équipe de 2005, puis la génération de 2009 qui ne l'oublions pas, s'est classée quatrième au Mondial des jeunes que la Tunisie avait organisé à Hammamet. Cette génération, n'était la bourde du sélectionneur croate, aurait pu être opérationnelle et aurait mieux fait au Qatar. Mais le rafistolage improvisé sous l'œil indifférent de la Fthb a rompu le charme. Les jeunes, qui ont brillé face à l'Allemagne et la Russie, et qui promettaient monts et merveilles, sont demeurés sous le choc de ces manipulations qui ont complètement lessivé leur moral. Aujourd'hui, le handball se trouve à la merci de son désarroi. L'entraîneur national a été le principal bouc émissaire tout trouvé sur lequel on a rejeté toutes les responsabilités. Il n'a été à la hauteur de ses responsabilités. Il a fait de mauvais choix. Il a bénéficié du laisser-aller et de la carte blanche qu'on lui a accordée. Il a montré ses limites que nous avions dénoncées ici-même, mais en fin de compte, il s'est permis toutes ces incartades à la faveur de l'absence d'autorité et d'un donneur d'ordre sachant ce qu'il veut et où il voudrait aller. La Fthb pense-t-elle que la reprise en main du handball national passe par le recrutement d'un directeur technique et d'un sélectionneur étrangers ? Est-ce le directeur technique étranger qui aura à calfeutrer les brèches grandes ouvertes dans un dispositif qui s'est effrité à la faveur du peu de cas accordé par la Fthb à la formation et qui a négligé la base pour ne s'occuper que de l'élite ? Où était notre directeur technique national ? Est-ce le directeur technique étranger qui aura la charge de relancer ces centres de formation qui n'ont plus que le nom et qui se débattent dans des problèmes infinis ? A court de moyens, laissés pour compte, sans véritable politique de prospection, avec un esprit où le copinage prend le dessus sur la nécessité de privilégier la qualité, ces centres ne sont plus performants. Ce qui le prouve se reflète dans les résultats des jeunes. A-t-on besoin d'un directeur technique étranger pour relancer les sélections régionales et remettre de l'ordre dans un secteur qui a perdu tout son attrait. Les sélections qui ont sorti les Chouiref, Jallouz, Toumi, Ben Salah, Boughanemi et compagnies ne sont plus ce qu'ils étaient. Les jeunes les fuient parce qu'ils n'ont plus d'attrait. Les résultats sont d'ailleurs là pour le confirmer. Cette perte totale de vision a débouché sur cet horizon obscurci par la négligence. Avec un étranger (un choix refuge pour la Fthb), qui aura besoin d'un guide attitré et qui aura à parcourir les chemins, arpenter les pistes et grimper les monts des contradictions de notre sport, nous ne pouvons nous attendre qu'à des dégâts futurs. Un surhomme aurait besoin d'au moins une année pour se mettre dans le bain et comprendre ce qui se passe et ce qui a été à l'origine de tous les maux du handball tunisien. C'est la raison pour laquelle nous maintenons notre préférence pour un directeur technique tunisien qui connaît le terrain, possède des connaissances plus que suffisantes et qui n'aura besoin que du soutien de la fédération pour réussir. La relance du handball tunisien, qui possède assez de cadres compétents pour en céder à l'étranger, passe par la reprise en main des centres de formation, par un meilleur encadrement des sélections régionales, par une programmation qui tiendrait compte des besoins des jeunes et pas seulement des seniors. C'est le pari qu'il faudrait prendre !