Les médias ont un rôle d'information et de sensibilisation Reconnu pour sa biodiversité spécifique et pittoresque, le parc national de l'Ichkeul, situé à Bizerte à quelque 75 km au nord de la capitale, n'a cessé depuis sa création, en décembre 1980, de drainer les visiteurs et les chercheurs des quatre coins du monde. Au lendemain de la révolution, tout comme les autres sites de renom, il n'a pas été épargné, à maintes reprises, par maintes agressions aussi brutales. Que faut-il faire pour qu'un pareil milieu reste intact et garde sa notoriété? Les médias, certes, ont un rôle de premier plan. Informatif oui, mais aussi de sensibilisation au sens vrai du terme. Reste, alors, qu'une stratégie de communication institutionnelle bien ficelée puisse, ainsi, porter ses fruits. Sans pour autant recourir aux méthodes stéréotypées et les discours stériles qui ne faisaient par le passé qu'induire le citoyen en erreur. En fait, l'Agence nationale de protection de l'environnement (Anpe) semble avoir saisi la leçon de l'histoire. Qu'écologistes et journalistes s'y mettent pleinement, chacun à sa façon. Dans le vif du sujet, un échange d'avis et d'idées s'est déroulé, tout récemment, au parc national de l'Ichkeul dont l'écosystème aux valeurs naturelles remarquables, mais aussi exceptionnelles, vaut bien une messe. Au point de susciter l'intérêt et la curiosité, allant jusqu'à encourager maîtrisards et thésards à part entière à mener des études universitaires poussées. Un attachement qui a pu faire de ce milieu environnemental un véritable laboratoire d'expériences, de suivi et de recherches. Ainsi se présente cet endroit royal si impressionnant et très prisé dont l'histoire remonte à une dizaine de siècles. Pourquoi n'a-t-il pas encore la place qu'il mérite? On pointe peut-être du doigt les médias. Oui, mais aussi pour une grande partie, la politique adoptée dans ce domaine qui n'a jamais été lucide et prospective. Et encore moins réaliste, bien que des sommes faramineuses y aient été injectées. Sans voir rien venir, faute de bonne gestion. La reprise Suite à une période de sécheresse prolongée (1994-2002) au cours de laquelle le parc a soufflé le chaud et le froid, et la double alternance saisonnière du niveau d'eau et de salinité n'a pas été la même, un retour à la normale du fonctionnement hydrologique du système lac-marais a été signalé ces dernières années. En dépit des atteintes graves subies suite à la révolution, la vie au sein du parc reprend de plus belle. Et le site, peut-on le dire, a enfin retrouvé ses équilibres. Lac de 8.500 ha entouré de marais, sous le pied d'un mont massif calcaire, culminant à plus de 500 m, trois entités paysagères se joignent côte à côte portant, ainsi, la superficie totale du fameux parc à 12.600 ha. Zones humides et reliefs rocheux s'entremêlent ensemble en toute conciliation géographique conférant à cet environnement une originalité qui en fait un des rares sites au monde inscrit sur les annales internationales. Qu'il soit sur la liste de l'Unesco ou sur celle de Ramsar (en Iran) relative aux zones humides d'importance planétaire, le parc de l'Ichkeul est classé patrimoine mondial d'envergure. Mais, que vaut cette reconnaissance, si rien ne garantit sa durabilité. Des pertes qui se chiffrent Mme Nabiha Ben Mbarek, responsable à la direction des écosystèmes naturels (Anpe), a fait le point de la situation. A la merci des conditions climatiques favorables pour le développement des espèces animales et la croissance d'un couvert végétal spécifique autour d'un lac alimenté en eau douce par six principaux oueds en aval et en amont, ce milieu demeure une source de vie intarissable digne d'être protégée et préservée. La bonne alternance saisonnière, haut niveau d'eau et faible salinité en hiver, inversement en été, contribue ainsi à la conservation de l'équilibre d'un écosystème marin et naturel tout particulier. Véritable refuge permanent pour un troupeau d'une trentaine de buffles d'eau, le parc est aussi un lieu d'hivernage privilégié pour des dizaines de milliers d'oiseaux migrateurs venant de l'Europe pour nous quitter au début du printemps, saison de retour vers leurs lieux de nidification. Sur les falaises escarpées de Jebel Ichkeul, le centre d'accueil du parc offre aux visiteurs une belle vue panoramique émerveillant les yeux et les esprits à travers un paysage attractif où la verdure des reliefs embrasse le bleuissement du lac et des marais. Loin dans l'espace, sur les claires surfaces d'eau étendues à perte de vue, tout un monde s'installe en pleine vie. Signes avant- coureurs d'un développement durable et d'une dynamique biologique en grande mutation qui a mérité suivi et recherche à plus d'un titre. Bien placé dans la plaine de Mateur sur les périphériques de Tinja et de Menzel Bourguiba, ce parc est aussi une source de vie et de survie pour la population autochtone à l'intérieur, où elle s'adonne à des activités humaines liées à la conservation des ressources naturelles. Force est de constater, ces trois dernières années, les traces d'interventions abusives dues à des rapports homme-nature plus souvent intransigeants : braconnage, surexploitation des parcours de pâturage et d'autres dégâts qui se chiffrent à quelque 350 mille dinars. Un manque à gagner qui aurait dû être consacré à l'acquisition de nouveaux équipements, au lieu de le verser dans des chantiers superflus. Sauf que la construction envisagée de nouveaux hammams à eaux thermales compte parmi les privilèges destinés aux habitants du parc.