« Affaire du lobbying » : Peine de trois ans de prison confirmée contre Ghannouchi et Bouchlaka    Il y a sept mois, Kaïs Saïed assurait que la loi électorale n'avait pas besoin d'amendements    ARP : Des députés soumettent une proposition de loi pour amender la loi des élections et référendums    Express    L'Arforghe lance la 11e édition des HR Awards : Pour une gestion optimale des ressources humaines    Boeing envisage de mettre des dizaines de milliers d'employés en chômage partiel    Le cours de l'or dépasse les 2600 dollars l'once, un record    Bourse de Tunis-Emprunt obligataire national 2024 : Les lignes de la 3e tranche seront négociables à partir du 23 septembre 2024    Israël frappe le Hezbollah : Deux commandants et 14 combattants tués dans une attaque à Beyrouth    Découvrez les fortunes des candidats à la présidence américaine 2024    Communiqué du Ministère des Affaires étrangères : La Tunisie dénonce fermement le bombardement du Liban et exprime son soutien envers son peuple    TOP 10 des pays les plus passionnés de football au monde    Ligue des champions – 2e tour préliminaire (retour) – EST-Dekedaha FC (Ce soir à 19h00) : Une simple formalité !    Ligue des champions – 2e tour préliminaire retour (20h00) – MCA-USM : Relever le défi    Pourquoi | Remettre en état les infrastructures dégradées    Libye: Une grande opération de contrebande de cigarettes a été déjouée sur les frontières avec la Tunisie    Recrudescence de la violence entre mineurs : Pourquoi nos enfants sont-ils de plus en plus violents ?    Ce soir, première internationale de «Sh'hili» de Habib Ayeb au Rio : Un film essentiel face à l'urgence climatique    Première édition du festival du court métrage au Bardo : Une vitrine pour un petit format    Les festivals de cinéma : L'espoir d'une nouvelle dynamique    Une heure pour la propreté : Les Tunisiens invités à agir ce samedi    UNIMED : Des résultats semestriels solides avec un bénéfice en hausse de 13%    Météo : Temps partiellement nuageux sur l'ensemble du pays    Emprunt national 2024 : Une levée record avec un taux de réponse de 182%    Quels sont les pays qui se sont abstenus ou ont voté contre la résolution de l'ONU sur l'occupation israélienne ?    Les événements marquants du 21 septembre    Tunisie – Mansri : Un débat télévisé entre les candidats aux présidentielles est écarté pour le moment    ARP: Appel à l'examen du projet de modification de la loi électorale    A quoi sert la partie bleue des gommes ?    Ligue 1 : Désignation des arbitres pour le match CA – JSO    Kia EV9 remporte le trophée d'or aux « IDEA 2024 design awards »    Report de la grève des agents de la Poste aux 24, 25 et 26 février 2025    Attaque contre des moyens de communication : Explosions simultanées d'un millier de bipeurs au Liban, des questions et peu de réponses    Assemblée générale des Nations Unies : La Tunisie vote en faveur de la résolution de la CIJ    Chokri Ben Nessir PDG de la Télévision tunisienne à la place de Awatef Dali en vertu d'un décret présidentiel    Aujourd'hui, clôture du mercato estival tunisien    Migrants tunisiens en Italie : des lois plus strictes sur le logement et les communications    Météo en Tunisie : nuages passagers et pluies éparses    Daily brief national du 20 septembre 2024: Les administrations et structures de l'Etat appelées à faciliter le travail de l'ISIE    Le nouvel ambassadeur du Royaume-Uni, de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord prend ses quartiers à Tunis    Ministère de la Jeunesse et des Sports : selon la loi, il n'y a pas d'équipe nationale de padel    Maroc : Plus de 150 personnes poursuivies pour incitation à l'immigration clandestine    « Golden Bachelor » sur M6 : l'amour n'a pas d'âge pour être ringard    FTLutte – Le bureau fédéral dissous : Enfin ça bouge !    Exportations de dattes tunisiennes : Une croissance remarquable en 2023/2024    Jaou Tunis 2024 : 7e édition sous le signe des Arts, résistances et reconstruction des futurs    Compétitions officielles des JCC 2024 : Prolongation des délais d'inscription des films candidats    Mare Nostrum Voice Festival : un événement unique avec 25 artistes et hommage à Yasser Jradi à Paris    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



L'histoire se répète au Kirghizistan
Chronique du temps qui passe
Publié dans La Presse de Tunisie le 22 - 06 - 2010


Par Hmida BEN ROMDHANE
Les médias internationaux ont «couvert» les événements sanglants du Kirghizistan comme étant des affrontements ethniques opposant Ouzbeks et Kirghizes. Les choses sont un peu plus compliquées. L'irruption de violence dans cette ex-République soviétique d'Asie centrale a été aussi soudaine que dévastatrice, les morts et les blessés se comptant par milliers.
Il y a cinq ans, les projecteurs de l'actualité internationale étaient aussi braqués sur ce pays montagneux d'Asie centrale. Les élections législatives avaient alors mal tourné, car le président de l'époque, Akaiev, avait tenté d'imposer une majorité de son choix au mépris du suffrage universel. C'était le début de la «révolution des tulipes» qui avait provoqué la fuite d'Akaiev et l'arrivée au pouvoir de Bakiev.
L'histoire se répète donc, puisqu'on assiste depuis deux ou trois semaines à des événements similaires, mais beaucoup plus sanglants que ceux de 2005. L'ancien président Bakiev a pris la route de l'exil empruntée par son prédécesseur, et le gouvernement provisoire dirigé par Roza Otoumbaeva tente désespérément de ramener l'ordre dans le pays afin de procéder au référendum constitutionnel qui devrait le légitimer.
La coloration ethnique qu'on a voulu donner aux affrontements du Kirghizistan n'est pas tout à fait conforme à la réalité. Tout d'abord, Kirghizes et Ouzbeks ont toujours vécu côte à côte sinon harmonieusement, du moins pacifiquement; peu de différences culturelles distinguent les deux ethnies. Ensuite, au cours des événements sanglants, dans les quartiers mixtes, Ouzbeks et Kirghizes ont mis sur pied des milices mixtes pour s'opposer aux bandes armées et aux bandits qui terrorisaient les populations civiles. Sans parler des familles kirghizes qui ont caché leurs voisins ouzbeks. Enfin, les snipers repliés sur les toits tiraient sur les passants indistinctement et indépendamment de leur appartenance ethnique.
Certes, près d'un demi-million d'Ouzbeks ont fui et se sont massés sur la frontière d'Ouzbékistan. Mais dans les situations d'insécurité extrême, une simple rumeur peut secouer des villes entières, provoquer des dégâts considérables et avoir de graves conséquences sur les mouvements des populations.
A la question classique : «A qui profite le crime ?», les doigts accusateurs sont pointés actuellement vers Kourmanbek Bakiev qui se trouve en Biélorussie. Il est accusé d'avoir fomenté les troubles pour préparer son retour au pouvoir.
Le cas de présidents qui viennent au pouvoir à la faveur de mouvements sociaux et qui, au lieu de remettre le pays au travail, font pire que leurs prédécesseurs, n'a rien de surprenant. Kourmanbek Bakiev a tout fait pour se faire détester à la fois par son propre peuple et par les deux puissances présentes dans la région, les Etats-Unis et la Russie.
Par sa politique économique et sociale désastreuse, l'ancien président a mobilisé contre lui à la fois l'opposition organisée et la «rue kirghize», ce qui l'a obligé à quitter tout à la fois le pouvoir et le pays.
Sa politique envers Moscou et Washington n'était pas moins désastreuse. Sa chute a été accueillie avec un certain soulagement, même si les Russes et les Américains ne cachent pas leur inquiétude face au risque de contagion de l'instabilité dans toute l'Asie centrale.
Bakiev a perdu la confiance de Moscou et de Washington par sa duplicité qui ne peut s'expliquer que par la cupidité et le désir d'encaisser l'argent à n'importe quel prix. Il a encaissé une partie des deux milliards de dollars d'argent russe en contrepartie de sa promesse de fermer la base américaine de Manas. Mais au lieu de concrétiser sa promesse, il a fait volte-face en renégociant le loyer de la base en question, vitale pour la guerre en Afghanistan. N'ayant guère le choix, Washington a accepté de payer 66 millions de dollars par an, au lieu de 17 millions précédemment. Prenant les Russes pour des enfants de chœur, Bakiev a cru pouvoir les berner en changeant le nom de la base de Manas qui devient «Centre de transit» des forces américaines vers l'Afghanistan.
La colère des Russes est légitime, et l'on comprend leur soulagement de voir renversé le président kirghize, accusé de «trahison» par Moscou. Cependant, en dépit des appels pressants à l'aide de la part de la présidente par intérim, Roza Otoumbaeva, la Russie n'est pas intervenue pour aider à faire régner l'ordre.
Deux éléments expliquent la réticence des Russes à intervenir pour aider les ennemis de leur ennemi renversé. D'abord la base russe de Kant et les 500.000 citoyens russes se trouvent au nord du pays, loin des troubles qui affectent quasi exclusivement le sud. Ensuite, l'armée russe ne peut pas oublier sa calamiteuse intervention dans la guerre civile qui a ensanglanté le Tadjikistan entre 1992 et 1997. N'ayant pu s'interposer entre les factions rivales, l'armée russe, sans le vouloir, s'était trouvée impliquée dans cette terrible guerre civile qui a fait entre 50.000 et 100.000 morts.
La lutte d'influence entre Américains et Russes au Kirghizistan est suspendue par les troubles actuels. Elle reprendra sans aucun doute dès la normalisation de la situation. Le prochain gouvernement kirghize se trouvera indiscutablement tiraillé entre les sollicitations de Washington d'une part, et celles de Moscou de l'autre. Sa chance consiste à tirer les leçons des erreurs des deux gouvernements précédents d'Akaev et de Bakiev. Sa survie est liée à une politique sociale et économique appropriée d'abord, et à l'abandon de la duplicité dans sa politique d'octroi des bases étrangères. Autrement, les Kirghizes se retrouveraient, peut-être en 2015, avec les mêmes événements sanglants qu'ils ont vécus ces dernières semaines.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.