Bichkek (Reuters) — Le gouvernement intérimaire du Kirghizistan a annoncé la tenue d'élections législatives le 10 octobre prochain dans la République d'Asie centrale en proie aux troubles depuis la chute de son président il y a deux semaines. Le numéro deux du gouvernement, Omourbek Tekebaïev, vice-Premier ministre chargé de la réforme constitutionnelle, a précisé que le scrutin parlementaire pourrait être couplé à une élection présidentielle. «Un référendum aura lieu le 27 juin et des élections parlementaires le 10 octobre, probablement couplées avec une présidentielle. Le gouvernement a approuvé ce calendrier», a dit Tekebaïev, joint au téléphone. Le projet du nouveau gouvernement est de limiter les pouvoirs du Chef de l'Etat et d'instaurer une République parlementaire avec un équilibre entre l'exécutif et le législatif et la mise en place de garde-fous pour prévenir la dérive vers un régime autoritaire. Les nouveaux dirigeants kirghizes ont affirmé mercredi avoir la situation bien en main, démentant l'affirmation du Président déchu Kourmanbek Bakiev qui dit être toujours le Chef d'Etat légitime de son pays malgré son exil en Biélorussie. Moscou ne reconnaît plus Bakiev Le nouveau pouvoir peine cependant à imposer son autorité dans le sud du pays resté fidèle à Bakiev et des émeutes à caractère ethnique ont eu lieu en début de semaine dans les faubourgs de Bichkek, la capitale. Hier, la Russie a confirmé qu'elle ne considérait plus Bakiev comme le président du pays depuis qu'il a adressé par fax une lettre de démission aux autorités intérimaires alors qu'il s'était réfugié dans un premier temps au Kazakhstan. «Je sais une chose, c'est que M. Bakiev a envoyé sa démission par fax à Bichkek et que ce document ne peut être rejeté par une déclaration verbale», a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, lors d'une conférence de presse. Moscou, qui estime que le Kirghizistan est au bord de l'anarchie, a demandé à son ministère de la Défense d'assurer la sécurité de ses ressortissants dans le pays, où certains ont été visés, ainsi que des Turcs meskhètes, par des pillards. Cinq personnes ont été tuées lundi dans des heurts, et 85 au moins depuis le début des troubles. Le gouvernement intérimaire kirghize a annoncé par ailleurs qu'il ne devrait pas prendre de décision sur l'avenir de la base aérienne de Manas, louée aux Etats-Unis, avant les élections législatives. «Il est peu probable que cette question soit étudiée avant les élections», a dit Tekebaïev. Les nouvelles autorités ont laissé planer des incertitudes sur l'avenir de cette base, qui constitue un élément important du soutien logistique aux troupes américaines engagées dans le conflit afghan.