Grève générale prévue les 16 et 17 de ce mois. L'Ordre national des huissiers de justice de Tunisie (Onhjt) a décidé d'entamer, jeudi prochain, une grève générale de deux jours, qui sera marquée par un sit-in prévu vendredi devant le siège du ministère de la Justice et à la place de la Kasbah. Ils entendent protester contre ce qu'ils considèrent comme des manœuvres dilatoires de la part de l'actuel ministre démissionnaire, Nadhir Ben Ammou, et de sa politique menée à l'encontre de la profession, à laquelle ils reprochent de vouloir mettre au pas tout un corps et le priver de son autonomie et de son indépendance. C'est ce qu'a annoncé le doyen de l'Onhjt, M. Abdelhamid Graoui, lors d'une conférence de presse tenue hier matin à Tunis, et au lendemain d'un mouvement de protestation observé par les professionnels du métier. Cette grève, censée être accompagnée de fermeture de bureaux partout dans le pays, a-t-il indiqué, a été décrétée suite à l'approbation par le Conseil des ministres, le 7 janvier dernier, du projet de loi organisant la profession. « Ce qui a provoqué notre mécontentement, c'est que ce projet unilatéral est tout à fait contraire à celui qui a été conçu et élaboré par une commission mixte, regroupant des professionnels du corps et des hauts cadres judiciaires relevant du ministère de tutelle. Sachant que ce projet, qui remonte au gouvernement provisoire d'Essebsi, a déjà fait l'objet d'un consensus bilatéral et suscité l'accord des ministres successifs à la tête du département de la Justice, de Lazhar Chebbi à Noureddine B'hiri.. », a-t-il expliqué. Ce dernier, poursuit-il, n'a pas hésité à l'avaliser dans tous ses articles avec, bien entendu, quelques points à revoir. Et pourtant, « sans égard pour la continuité de l'Etat et ses institutions, le ministre sortant, M. Ben Ammou, ainsi que son chef de cabinet, Mourad Skander, qui était l'ancien doyen de l'Onhjt à l'époque de Ben Ali, ont tous deux joué les maîtres d'œuvre du projet de loi contesté», déclare-t-il. Pour le conférencier, le ministre est la source des conflits : il n'a épargné aucune catégorie, ni les magistrats, ni les huissiers de justice ni les huissiers notaires. Sur fond de critiques virulentes, le doyen et son staff exécutif ont accusé le ministre d'être derrière la confiscation du projet de loi tel que conçu par ladite commission mixte. En outre, le projet de loi contesté est jugé en contradiction avec tout compromis. Cela rappelle, dit-il, les pratiques de l'ancien régime dictatorial qui avait usé de tous les moyens pour mettre tout le corps sous son emprise. «Nous voulons un projet de loi organisant la profession conformément aux standards internationaux et qui soit à la hauteur des attentes des professionnels et au service du citoyen justiciable», espère-t-il. Se joignant aux magistrats qui viennent de sortir d'une grève générale de trois jours, les huissiers de justice ont déclaré, eux aussi, n'avoir plus confiance en la personne de l'actuel ministre de la Justice. Ainsi est-on en droit de se demander si ce dernier ne fait pas plutôt partie du problème et non pas de la solution ? Quoi qu'il en soit, les huissiers de justice semblent déterminés à mener leur combat jusqu'au bout. Au-delà de leur grève générale prévue la semaine prochaine, ils ont l'intention de tout mettre en œuvre afin d'imposer leur projet de loi. En ce sens, l'hypothèse de l'escalade n'est pas exclue, comme le suggère le doyen.