Des réminiscences scolaires (stylo trois couleurs, tableau noir, etc) réorganisées et picturalement réintégrées Ali Tnani est un jeune artiste multimédia qui vit et travaille entre Tunis et Paris et qui a déjà fait son petit bout de chemin en Tunisie avec, à son actif, d'intéressantes expositions personnelles et d'autres de groupes articulées autour du dessin, de la photographie et de l'installation sonore. Avec deux résidences d'artiste et autres expos en France et en Belgique, des collaborations avec des artistes étrangers, il commence à se frayer, petit à petit, une place en dehors de nos frontières. Son travail (en commun avec l'artiste sonore et musicien Lukas Truniger) sera ainsi visible lors de la cinquième biennale de Marrakech qui ouvrira ses portes le 26 février 2014. Ce sont des notions telles que le reste, le lieu et l'erreur qui abreuvent et motivent les récentes recherches et autres travaux de A.Tnani qui nous présente actuellement ses «contre- espaces» à la galerie Gorgi. L'exposition propose trois séries de travaux. Il y ainsi la série éponyme «contre espace», sorte de réminiscences scolaires (stylo trois couleurs, tableau noir, etc) comme le suggère l'artiste et universitaire Nadia Jelassi, que l'artiste réorganise et réintègre picturalement. Il semble ainsi reconstruire ses souvenirs en les déployant sur une grande surface (papier Fabriano Academia). Les pigments secs donnent les premiers traits, se soumettant tantôt à la maîtrise du geste et se soulevant, tantôt, pour accoucher de petits travers vite assimilés par l'artiste. Des inscriptions au stylo bille (rouge, vert, bleu) de chiffres et lettres viennent ponctuer ci et là ses souvenirs autres ou «espaces autres». Nous pouvons rencontrer aussi sa série «It has never been to survive» (Il n'a jamais existé pour survivre) de Digigraphie (reproduction de tout type de création artistique : photographie, peinture, collage, dessin, création numérique, etc. sur des imprimantes jet d'encre grand format). Des fragments ou bouts de quelque chose y trônent dans un espace infini. Toujours en grands formats, A.Tnani présente aussi sa série en techniques mixtes intitulée «Cartographie du reste». Des fragments de vies et de ce qui en reste sont apposés sur la surface, requiem d'une vie passée et d'une autre qui se joue à l'instant. A voir absolument.