Il n'y a que le labeur et la persévérance qui puissent sortir le pays de la crise et l'élever à un plus haut rang. La Tunisie, faisant face à mille et un défis, a plus que jamais besoin des bras et des têtes de ses enfants ainsi que d'un consensus national élargi pour sortir indemne des zones de turbulence qu'elle traverse et occuper une place de choix dans le concert des nations. Voilà ce qu'ont convenu d'admettre le président de la République provisoire Dr Moncef Marzouki, le chef du gouvernement provisoire Ali Laârayedh et le secrétaire général de l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt), Hassine Abassi, réunis hier, à Tunis, dans le cadre de la célébration de la fête du Travail. Ouvrant les travaux de la conférence devant un large parterre d'hommes politiques, de syndicalistes et de journalistes et communicateurs, le président Marzouki a félicité tous les travailleurs à l'occasion de leur fête, louant leur persévérance et leur détermination à servir l'économie nationale. Il a ensuite rendu hommage à tous les leaders du mouvement syndical, se félicitant du rôle joué au fil de l'histoire par l'Union générale tunisienne du travail dans la défense des travailleurs et l'amélioration de leurs conditions. Dans la même perspective, il a annoncé que celui qui sème récolte et que les Tunisiens sont appelés à privilégier le travail comme valeur suprême et un moyen de développement individuel et collectif, économique et social. Revenant sur l'actualité économique, politique et sécuritaire du pays, il s'est indigné de l'instabilité et des perturbations qui secouent le bassin minier, notant que le bilan de l'arrêt répétitif du travail a coûté à l'économie nationale une perte de 2.000 milliards de dollars en l'espace de deux années. Soit l'équivalent des prêts revendiqués auprès des institutions financières internationales. Abondant dans le même sens, il a vivement condamné les actes terroristes perpétrés à Jebel Chaâmbi, soulignant que le terrorisme prospère là où le chômage, l'illettrisme, la pauvreté et le sentiment d'exclusion élisent domicile. «Au lieu de cultiver les oliviers, ils ont enfoui des mines, fauché des vies et occasionné des tragédies. On n'a qu'à lutter contre ce fléau qui commence à peser lourd, par le travail, la solidarité et l'entraide », a-t-il ajouté. Il a, de ce fait, appelé au lancement d'un programme national auquel prennent part toutes les forces vives du pays pour sortir deux millions de Tunisiens de la pauvreté en cinq ans. Dans son allocution, le chef du gouvernement, Ali Laârayedh, a fait remarquer que la célébration de la fête du Travail, bien qu'elle coïncide cette année avec un évènement dramatique (explosion de mines à Jebel Chaâmbi et blessures graves de plusieurs éléments des forces de sécurité et de l'armée) demeure une occasion privilégiée pour rendre hommage à tous ceux qui ne ménagent aucun effort pour produire et participer au développement de l'économie nationale. Dans la même optique, il a noté que le gouvernement, conscient des évolutions économiques et sociales, a significativement contribué à la réussite du dernier dialogue social en décidant des augmentations salariales dans les secteurs public et privé. Il a ensuite ajouté que le gouvernement œuvre dans le sens d'aplanir toutes les difficultés freinant le développement régional, à commencer par les complications administratives. Sur un autre plan, il a exprimé son inquiétude par rapport au niveau d'inflation, notant que les partenaires économiques classiques du pays traversent des périodes de crise. D'où la nécessité de garantir un climat politqiue et social stable afin de mieux encourager les investisseurs tunisiens et étrangers. Hassine Abassi, secrétaire général de l'Ugtt, s'est félicité pour sa part de la coïncidence de la fête du Travail cette année avec l'inauguration à Paris de la place et du mémorial Hached. Il a, néanmoins, exprimé la désolation de la Centrale syndicale par rapport au projet de la Constitution où le droit à la grève n'est pas clairement élaboré et manque de garanties juridiques. La nouvelle Constitution doit préserver, a-t-il indiqué, tous les droits économiques et sociaux. Clôturant son intervention, il a appelé toutes les parties concernées à œuvrer pour réussir le dialogue national initié par l'Ugtt afin de jeter le fondement d'un décollage économique et social de la Tunisie.