«Il est préférable d'effectuer ses achats dans des centres commerciaux où on est sûr que les produits laitiers ont été soumis à un contrôle plutôt que de s'approvisionner dans des points de vente informels où les produits laitiers fabriqués de manière artisanale n'ont pas été forcément contrôlés», note le Dr Kamoun, relevant de la direction de l'hygiène du milieu et de la protection de l'environnement L'Institut national de nutrition accueille tous les jours des personnes en surpoids qui viennent consulter des nutritionnistes afin de suivre un régime. Au cours de l'une de ces consultations, un médecin diététicien du centre a découvert, suite à un interrogatoire approfondi, qu'un certain nombre de ses patients obèses avaient contracté par le passé la tuberculose ganglionnaire. Toutes ces personnes présentaient un point commun : elles avaient consommé de la ricotte fabriquée à partir de lait non pasteurisé. «J'ai l'habitude de conseiller aux patients en surpoids qui viennent en consultation de consommer de la ricotte car c'est un formage qui est pauvre en matières grasses, observe la médecin. J'ai évité de leur prescrire ce fromage». Existerait-il un lien entre l'ingestion de produits laitiers non pasteurisés et la survenue de la tuberculose ganglionnaire chez certains consommateurs ? La relation de cause à effet n'a pas été jusqu'ici clairement établie. Selon une étude réalisée par la direction des soins de santé de base, le taux d'incidence de la tuberculose ganglionnaire a connu, au cours des 14 dernières années, une augmentation constante, passant de 1.3 pour 100.000 en 1993 à 4 pour 100.000 en 2005. Transmissible de l'animal à l'humain, le bacille de Koch est responsable de l'apparition de la tuberculose dont les symptômes varient d'une personne à l'autre. «La maladie apparaît chez les personnes qui ont manipulé des produits contaminés et qui ont le système immunitaire affaibli. Généralement, c'est dans les franges pauvres de la population que la prévalence de la tuberculose est la plus élevée, a affirmé le Dr Kamoun. A titre d'exemple, on peut contracter la tuberculose en buvant dans la même tasse de café qu'une personne tuberculeuse. L'ingestion de produits laitiers fabriqués à partir de lait non pasteurisé peut être également responsable de l'apparition de la tuberculose. Mais aucune analyse ne l'a montré jusqu'ici». Bien qu'aucune preuve scientifique incriminant les produits laitiers non pasteurisés n'ait été établie, le ministère de la Santé a mis en œuvre une stratégie nationale de lutte contre la tuberculose transmise à l'homme par les animaux atteints de cette maladie, à travers la consommation de produits laitiers non pasteurisés. Des données récentes du ministère de l'Agriculture avaient, en effet, montré que la prévalence de bovins atteints du bacille de Koch était élevée dans certains gouvernorats, comme ceux de Bizerte, Sousse, Sfax et Tozeur. Cette stratégie devra permettre, d'ici 2015, de réduire de moitié la prévalence de la mortalité chez les bovins, causée par la tuberculose ainsi que l'incidence de la maladie conformément aux objectifs du partenariat Halte à la tuberculose pour 2015. Dans le cadre de ce programme, la direction de l'hygiène du milieu et de la protection de l'environnement procède régulièrement à des campagnes de contrôle. Des équipes relevant des services régionaux et composées de vétérinaires effectuent le tour des élevages de bovins afin de procéder au test intra-dermo-tuberculination pour vérifier si ces derniers sont indemnes de la maladie. Si le test s'avère positif, les vaches atteintes sont abattues et leurs ganglions soumis à des analyses. Le contrôle concerne également le secteur informel de vente des divers produits laitiers. Les équipes des services régionaux effectuent des rondes dans les points de vente afin de vérifier la salubrité des locaux, la qualité ainsi que les conditions de conservation des produits exposés. «Nous faisons également de l'éducation sanitaire, relève le Dr Kamoun, vétérinaire relevant de la direction de l'hygiène. Il n'est pas possible de procéder au contrôle de tous les points de vente informels. Il est préférable d'effectuer ses achats dans des centres commerciaux où on est sûr que les produits laitiers ont été soumis à un contrôle plutôt que de s'approvisionner dans des points de vente informels où les produits laitiers fabriqués de manière artisanale n'ont pas été forcément soumis à un contrôle».