Plus de 40 jours de protestation et 7 jours de grève de la faim menée par 8 journalistes de Dar Assabah, suite au mutisme des autorités quant à leurs revendications premières liées à la nomination contestée de Lotfi Louati comme nouveau directeur général et autres exigences qui «demeurent d'ordre moral et éthique», comme le précise Mona Aarfaoui. Lundi dernier, la suspension de la grève de la faim amène une note d'espoir pour un dénouement positif du conflit. Mais voilà que les négociations avec les autorités et les protestataires, qui se sont tenues mardi 9 octobre, lors d'une réunion au siège du ministère des Affaires sociales, se sont malheureusement soldées par un échec. Les journalistes n'ont pas hésité à affirmer leur intention d'aller crescendo dans les protestations et de poursuivre leur «combat pour la liberté et la dignité». Une réunion générale s'est, d'ailleurs, tenue, hier, au siège de la société pour décider de cette question. La table des négociations a, rappelle-t-on, réuni le ministre des Affaires sociales Khalil Zaouia, le syndicat de base de Dar Assabah, le Snjt (Syndicat national des journalistes tunisiens) et le président du conseil d'administration, Raouf Cheïkhrouhou. Sept heures de débats et les principales revendications n'ont pas été retenues, à savoir le départ immédiat et inconditionnel du directeur général, la titularisation des salariés dont la situation sociale demeure précaire et la satisfaction des besoins financiers qui s'élèveraient à un milliard 780 mille dinars. «La réunion a pris fin vers 22h, avec le retrait des négociateurs syndicalistes, quand le représentant administratif de Dar Assabah a confirmé la non-prolongation des contrats de trois journalistes en grève de la faim en invoquant la crise financière dont souffre la société, alors qu'en même temps trois agents de sécurité, ainsi qu'une secrétaire ont été recrutés récemment au service du directeur général», affirme Zied El Héni, membre du bureau exécutif du Snjt. Néanmoins, notons qu'un point essentiel a été retenu et accepté par les médiateurs institutionnels, celui de la séparation entre l'administration et la rédaction et l'élection du rédacteur en chef et d'un comité de rédaction au sein de Dar Assabah. La question de la révocation de M. Touati ainsi que les autres revendications sociales et financières seront abordées lors d'une prochaine réunion fixée au 16 octobre 2012. Ce report vient suite à la demande des représentants institutionnels qui préfèrent s'en référer aux responsables gouvernementaux pour plus de consultation, étant donné l'impact financier de certains points. Zied El Héni n'a pas manqué d'exprimer sa grande déception quant à cet échec qui n'est ni dans l'intérêt de Dar Assabah ni dans celui de tout le secteur de l'information. «Nous continuerons à soutenir les salariés de Dar Assabah, dont nous comptons défendre les droits inconditionnels et complets jusqu'au bout. Le gouvernement est non seulement responsable de l'échec de cette séance des négociations mais aussi des conséquences qui en découleront», déclare-t-il à ce propos. Pour les journalistes, c'est Med Ali Chkir, le PDG du groupe «Dignité Holding» dont la société fait partie depuis la dépossession de Sakhr El Matri qui est la cause de tout ce mal. «Les négociations nous ont révélé que Touati n'est qu'une marionnette aux mains de Chkir, c'est lui la tête pensante et il est la cause de nos problèmes. Il parle même du renvoi de notre collègue caricaturiste Hamdi El Mazhoudi. Il semble oublier que la révolution repose sur des principes de dignité et de liberté en persistant à vouloir nous museler, mais nous ne céderons pas», note la journaliste Khaoula Sliti. L'échec des négociations, quoique décevant après cette longue et pénible période de protestation, ne semble pas démoraliser les salariés de la société qui affirment que cela ne fait qu'attiser leur soif de liberté.