Une croissance de nouveau positive et une baisse du taux de chômage ne font pas forcément une sortie de crise, ni un redressement économique La comparaison de l'évolution récente des exportations tunisiennes et marocaines vers les quatre premières économies de la zone Euro (France, Allemagne, Italie, Espagne) permet de constater le rattrapage opéré par les ventes marocaines Après la convulsion brutale de l'économie nationale en 2011, tous les agents économiques, notamment les producteurs, les consommateurs et l'Etat, ne plaidaient que pour la relance de l'économie. C'est une priorité absolue. En effet, seule une croissance forte et soutenue sur plusieurs années est susceptible de donner des éléments de réponse aux attentes des Tunisiens. Toutefois, le scénario d'une croissance de 3,5% pour 2012 semble «hypothétique et serait vraisemblablement révisé à la baisse», d'après les repères économiques de la lettre d'information de l'Observatoire de la conjoncture économique. Du coup, la question que se pose tout un chacun est : la situation économique du pays est-elle en passe de se redresser ? La réponse est négative. «Une croissance de nouveau positive et une baisse du taux de chômage ne font pas forcément une sortie de crise, ni un redressement économique», peut-on lire sur ce document. En effet, en 2012 l'économie nationale, note la publication, fait face à un double choc, l'un externe et l'autre interne. Pour le premier choc, la crise du vieux continent, notre premier partenaire économique a pesé lourd sur nos entreprises, notamment sur les exportations. Cette morosité des marchés européens est de nature à limiter les débouchés de la production nationale. Et du coup, fragiliser la relance de certaines entreprises. Pis, les perspectives à court terme ne sont pas en mesure de rassurer les industriels, inquiets selon la note. «Un tel choc exogène constituera un frein au retour de la production industrielle à son niveau d'avant la crise», conclut l'étude. Cette situation a été apaisée par les performances relativement bonnes du secteur agricole, le secteur extractif et les services. Ainsi, le taux de 3,3% de croissance réalisé au cours du premier semestre ne doit pas être l'arbre qui cache la forêt. «Si la croissance du premier trimestre constitue un rebond technique, celle du deuxième correspond à une croissance spontanée plus compatible avec la conjoncture actuelle», relativise ce document. Pour le deuxième choc, l'inflation galopante a frappé de plein fouet le pouvoir d'achat des ménages. Le taux d'inflation continue à battre des records au fil des mois pour avoisiner 5,2% à la fin de l'année 2012, selon les prévisions de l'INS. À l'échelle macroéconomique, cela se traduit par un amortissement de la consommation finale. Ce fléchissement de la demande sur les marchés des biens et services est accentué par la persistance du risque de chômage prolongé. Entre les tendances inflationnistes et le risque du chômage, la bourse ménagère sera fortement secouée. Des pertes de parts de marché La situation économique est aussi préoccupante qu'elle le fut au début de la décennie précédente, dès le début des années 90. Les similitudes mentionnées dans la publication sont frappantes: effondrement industriel porté par le secteur textile et inflexion du secteur touristique, combinés à un retournement conjoncturel international. Auparavant, le redéploiement sectoriel relativement réussi et rapide a duré trois ans. Si les investissements étrangers ont boosté les moteurs de la croissance à cette époque, il demeurent plombés de nos jours face à l'attentisme des investisseurs. Parallèlement, les exportations tunisiennes peinent à suivre l'accroissement du rythme de la demande adressée à la Tunisie. Naturellement, pour satisfaire leurs besoins, les clients ont cherché ailleurs, notamment dans des pays concurrents. D'où une perte des parts de marché qu'on risque de ne plus restituer. Selon l'étude, la comparaison de l'évolution récente des exportations tunisiennes et marocaines vers les quatre premières économies de la zone Euro (France, Allemagne, Italie, Espagne) permet de constater le rattrapage opéré par les ventes marocaines. Source: « Repères économiques », lettre d'information de l'Observatoire de la conjoncture économique