• Une résistance des industries mécaniques et électriques et de certains opérateurs sur le marché européen Tous les agents économiques, notamment les producteurs, les consommateurs et l'Etat, plaident pour la relance de l'économie. C'est une priorité absolue. En effet, bien que les bilans ne soient pas définitifs et demeurent difficilement mesurables, on peut affirmer, de toute évidence, que l'économie nationale a connu au début de cette année un passage à vide, sans précédent, suite notamment à la révolution tunisienne. Certes, c'est une crise conjoncturelle, mais son étalement dans le temps est de nature à déformer les solides fondamentaux de l'économie tunisienne, enregistrés la dernière année. D'après les repères économiques de la lettre d'information de l'Observatoire de la conjoncture économique «dans son ensemble, le système économique a enregistré une convulsion brutale». Les producteurs sur le qui-vive En ce premier trimestre, la facture a été un peu trop salée pour certains producteurs. Plusieurs entreprises ont été victimes d'actes de violence et de vandalisme qui ont engendré la perte partielle ou totale des éléments de leurs actifs et de leurs stocks. De plus, les mouvements sociaux ont freiné toute tentative de relance de certaines sociétés. Les dégâts sont évalués à 400 millions de dinars. Le premier secteur touché par la crise est le tourisme et toutes les activités connexes. D'après les repères économiques «un effondrement des fréquentations hôtelières de près de 60% et une cascade d'effets d'entraînement négatifs sur les autres secteurs». Bien que la crise se soit déclenchée en pleine basse saison, la prochaine saison touristique s'annonce très sombre, notamment pour les marchés européens. Comme à l'accoutumée, on mise désormais sur nos voisins algériens et libyens. D'autre part, la crise libyenne a aggravé encore plus la situation des producteurs tunisiens. Les entreprises opérant sur ce marché ont vu leur chiffre d'affaires accuser une chute libre. Les chefs d'entreprise sont dans l'impossibilité de livrer même les commandes confirmées, voire contacter leurs clients. Au niveau des exportations, et après la chute brutale de 20% enregistrée en janvier du niveau des exportations par rapport au mois de décembre 2010, la situation a connu une certaine embellie, suite au bon comportement des entreprises off-shore tout au long du mois de février. D'où les prémices d'une relance avec cette augmentation de 20% également. Mieux encore, la locomotive de l'industrie manufacturière, l'industrie mécanique et électrique, a enregistré une hausse des exportations par rapport à la même période de l'année dernière. Le rédacteur a précisé «avec une demande extérieure encore favorable du côté européen, les exportations de biens semblent avoir relativement bien résisté pour le moment». Pour ce qui est des Investissements directs étrangers (IDE), les deux premiers mois ont affiché une baisse significative de 22% par rapport à la même période de 2010. Les investisseurs portent une attention particulière aux mouvements sociaux et leurs conséquences. Avec une éventuelle déformation du partage du revenu des entreprises, ces opérateurs seront peu tentés de s'implanter chez nous, du moins en cette période d'incertitude. Certains considèrent que la hausse des coûts de production, notamment les charges sociales, est nuisible à la compétitivité de leurs firmes. Les consommateurs tâtonnent Entre les tendances inflationnistes et le risque du chômage, la bourse ménagère sera fortement secouée. D'après le bulletin «si l'inflation semble marquer un répit au début de l'année, son évolution à moyen terme est soumise à un biais haussier favorisé par l'accélération des prix à la production et la remontée des cours des matières premières». En effet, les ménages procéderont à un arbitrage délicat entre la consommation et l'épargne. D'ailleurs, le risque de chômage, de plus en plus grandissant, avec la cessation d'activité de plusieurs entreprises, pousse les consommateurs à renoncer à une partie de leurs dépenses pour constituer des provisions utiles. La résultante des deux contraintes, inflation et chômage, est une baisse du niveau de la consommation pendant les prochains mois. Un déficit budgétaire souhaitable «Dans un tel contexte, la politique économique devra jongler avec une multitude de contraintes pour transcender la situation actuelle». En effet, le gouvernement de transition est appelé justement à puiser dans les ressources de l'Etat, voire aggraver le déficit public, pour relancer l'économie et instaurer un climat d'affaires sain, favorable aux investissements directs étrangers et à la création d'emplois. A l'heure actuelle, le déficit budgétaire passe en deuxième rang des priorités. On ne cesse de rappeler que notre plus grand investissement est dans la démocratie. Les difficultés du court terme ne doivent en aucun cas camoufler les alternatives rayonnantes, si on réussit la transition démocratique de la Tunisie.