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Dynamiser le système de gouvernance
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 08 - 08 - 2012


Par Moncef KHEZAMI
Nous avons démontré dans la première partie de cet article que les procédures et méthodes de l'élaboration du budget n'ont pas été changées d'un pouce et que nos administratifs continuent à œuvrer de la même façon malgré le changement politique et l'adoption d'une vision globale de la croissance économique et du partage de ses fruits entre les diverses classes socioprofessionnelles.
Le discours politique tenu, fort bien encourageant, restera sans âme et demeurera lettre morte tant qu'il ne sera pas accompagné de mesures pratiques bouleversant les techniques de base de l'élaboration du budget de l'Etat et du budget économique. Déléguer cette tâche aux actuels responsables des administrations déjà encroûtées revient à noyer le poisson et est une forme flagrante d'émaciation des promesses électorales faites.
Le changement recherché pour lequel des jeunes ont sacrifié leur vie et payé de leur sang ne peut être atteint par la simple action publique mais aussi en concomitance avec l'effort privé.
Il ne peut provenir des procédures archaïques et dépassées. Il est du devoir de ceux qui ont le pouvoir de décision de choisir les innovateurs et moteur pouvant propulser ces chamboulements parmi l'élite de spécialistes de profession n'ayant pas des visées politiques et des aspirations électorales.
Car, à vrai dire, objectivité et politique politicienne font deux pôles diamétralement opposés.
Garder l'esprit scientifique et chercher à imposer une rigueur cartésienne dans la mise en place du modèle à appliquer est une condition de la pérennité du système quelles que soient les couleurs gouvernantes.
Mais me diriez-vous comment une majorité peut-elle choisir des techniciens qui n'adhèrent à aucune tendance et a fortiori la sienne ? En réalité, ne pas appartenir à une école scientifique est du domaine de l'utopie mais ne pas adhérer ou avoir des visées politiques c'est tout à fait possible.
La valeur des paramètres dépend de l'école à laquelle on adhère : c'est là toute la différence.
Opter pour un système dynamique
Construire un nouveau système dynamique est une garantie de soutien de l'effort de croissance et de la répartition équitable de ses fruits selon les franges de population et selon les régions.
L'orientation générale du modèle ne changera pas avec le va-et-vient et l'alternance des couleurs sur la majorité au pouvoir. L'aiguillage et la rectification des orientations se feront sur la même base en tenant compte des divergences dans l'appréciation, l'évaluation de chacune des réalités économiques. Nous assurons par la mise en place d'un tel modèle la continuité des actions avec un certain déplacement du centre de gravité. Nous n'aurons plus ce phénomène de regret de certains investissements décidés par les précédents, ce qui élimine une origine de gaspillage. De cette manière, il est obligatoire par la force des choses que l'alternance se fasse sur les acquis déjà en place ou en cours.
L'avantage du dynamisme du modèle est d'éviter le gaspillage du temps dans des lourdes recherches pour transformer les équilibres fondamentaux. Il suffit alors de réévaluer les paramètres du système pour l'orienter vers la tendance choisie, ce qui assure alors une transition sans perturbation ou pour emprunter à la médecine le vocable de sans douleur. Voici un mode de passage de la majorité d'une couleur à une autre, à l'image de ce qui se passe dans les régimes fortement démocratiques.
La conception d'un tel modèle nécessite des préalables qu'il importe d'accomplir dans la plus grande sincérité et objectivité scientifique.
Nous passerons en revue dans ce qui suit les étapes fondamentales dont la bonne réalisation garantit la fiabilité et le degré de sa précision. Certes, nous ne prétendons pas donner le remède miracle mais nous contribuons à la conception d'un modèle tunisien équilibré et premier nous dans son genre, à l'image de la révolution qui en a été la cause.
Régionalisation du modèle
La Révolution du 14 janvier 2011, unique dans son genre dans le monde arabe, a éclaté en raison des disparités régionales dont souffre le pays depuis l'ère de Bourguiba.
En effet, le développement économique a été axé, au début de l'indépendance et après la dramatique expérience du collectivisme dans les années 60, sur la partie côtière. Cette orientation s'est accentuée après 1987 pour prendre des proportions alarmantes enfonçant davantage le couteau dans la plaie.
Le manque d'infrastructures manifeste dans les régions intérieures: Béja, Jendouba, Le Kef, Siliana, Tozeur Kasserine, Tataouine, Kébili, Médenine, Kairouan, Sidi Bouzid, Zaghouan, l'absence quasi-totale de possibilité d'emploi, l'augmentation du nombre de chômeurs de divers niveaux, l'apparition de nouveaux affairistes liés à la famille au pouvoir aidant ses membres influents à profiter des activités dont vivaient certaines familles dans ces régions, ce qui a rétréci le champ d'action et de travail de la population même dans la contrebande. S'ajoute à tout cela le sentiment de frustration qui a marqué la jeunesse de ces régions de voir les autres coins du pays profiter sans commune mesure des fruits de la croissance économique et du développement.
Devant un tel avenir sombre qui ne laisse pas entrevoir la moindre lueur d'espoir et n'ayant plus confiance dans les promesses du régime sans cesse renouvelées, l'ensemble de la jeunesse avec ses deux parties diplômée et non qualifiée n'a trouvé que le chemin de la révolte et du soulèvement pour forcer le changement et amener les autorités à leur accorder une attention particulière afin améliorer leurs conditions de vie.
La conception du modèle de croissance économique doit accorder précisément une importance capitale à ces variables essentielles.
Sans ces éléments pondérés par l'importance de la population, par le niveau de l'infrastructure de base et sans la prise en considération du seuil de pauvreté, de la masse de chômeurs, du niveau des richesses naturelles dans les régions ainsi que les interactions existantes entre les différentes zones, tout modèle à mettre en œuvre est voué à l'échec.
Le travail essentiel dès à présent est de constituer une base de données fiables révélant la réalité exacte de chaque gouvernorat. Cette collecte d'informations doit se faire par les gens sur le terrain et non des employés des bureaux centraux. Cela permettra en sus de la création d'emplois sur place de s'assurer de la qualité des informations à saisir et de les suivre de manière précise. En plus de cet avantage, les nouvelles recrues seront les futurs coordinateurs et interlocuteurs des investisseurs privés, ce qui rapproche les études de faisabilité technique et celles de rentabilité économique des conditions vécues. Voilà là une condition supplémentaire de réussite des projets qui étaient jadis évalués loin de l'environnement vécu.
Moyens en fonction des objectifs
L'originalité du modèle dont nous parlons réside effectivement dans l'intime relation entre les moyens et les objectifs et non le contraire. En effet, il serait insensé de vouloir rattacher un objectif ambitieux à une zone dont les moyens humains, d'infrastructures de base, de richesses locales sont limités et ne permettent aucunement de réaliser un tel objectif. C'est pourquoi l'analyse des moyens pour chaque zone est d'une importance capitale pour définir sa participation dans la croissance. Il faut se garder de ne considérer comme moyens que l'investissement car il est possible de mettre un budget colossal à la disposition d'une zone définie sans qu'elle en bénéficie immédiatement : flux intercroisés. En d'autres termes, si la région ciblée est dépourvue de moyens nécessaires pour la réalisation d'un projet programmé : main-d'œuvre qualifiée, produits de carrière dans le cas d'infrastructures de base, entreprises qualifiées, terrain de pâturage pour l'élevage du cheptel, etc., le projet ne pourra être réalisé que par des moyens externes à la région et l'effet escompté pour la région sera réduit.
C'est en raison d'une telle situation spéciale que nous préconisons d'opter pour des actions spécifiques à chaque cas et concevoir des projets particuliers répondant aux particularités de chaque zone de manière à maximiser les bienfaits.
Opter pour la complémentarité des régions limitrophes
Afin de surpasser ces difficultés dues au choix dans le passé d'une politique de croissance économique mal adaptée, il est opportun d'opter à présent pour une solution adéquate se basant sur la complémentarité des régions proches de manière à optimiser les résultats obtenus et faire bénéficier amplement ces coins des fruits de la croissance économique. Une telle approche se basera sur le principe de l'avantage comparatif pour la spécialisation de chacun. Il n'est pas obligatoire de réserver des enveloppes importantes pour faire démarrer l'économique régionale mais juste le nécessaire dans des activités bien choisies et ciblées
De cette manière, notre modèle global sera formé de plusieurs sous- modèles régionaux liés les uns aux autres par des relations de cause à effet, ce qui permettra de projeter les activités de bas vers le haut. Une telle méthodologie permet de quantifier la contribution de chaque région à la création de richesses et de calculer sa proportion dans le PIB.
Les caractéristiques de ce genre de modèle, suis-je bien convaincu, sont positives et permettent le choix des activités adéquates pour le développement de la région qui constitueront en plus un moteur pour les autres activités afin d'atteindre le seuil d'efficacité et ensuite de l'efficience et devenir un élément du sous-modèle de croissance de la région.
Et voilà une démarche cartésienne progressive qui se base sur des données objectives.
Elle est apolitique et ne prend en considération que l'intérêt du citoyen qui doit rester l'objectif de toute action économique.
Constitution de bases de données structurées
La constitution d'un ensemble de bases de données réelles et fiables. Ces dernières seront déterminées en fonction de méthodes scientifiques et objectives dans le but d'assurer une garantie de représentativité donnant une signification plus profonde aux résultats obtenus et plus proches de la réalité vécue. Car il importe pour nous d'avoir des simulations réalistes afin de pouvoir corriger les choix ou carrément changer le fusil d'épaule en cas d'inadaptabilité.
Il apparait de ce qui précède que la logique impose de remonter de la région vers la zone ensuite vers le national. La contribution de chaque région dans la formation du PIB est fonction de l'état de son développement dans tous les domaines d'activités et ne constitue point un critère pour la distribution des richesses mais au contraire un moyen pour identifier les régions à priorité où l'intervention doit être renforcée.
Cette logique tire sa force de la hiérarchisation des actions à entreprendre de telle manière qu'on mette la locomotive devant les secteurs entraînés pour les tirer de façon efficace vers l'avant.
Elle permet également de renforcer les liens interrégionaux et faire disparaître les goulots empêchant le développement parallèle et concomitant de ces régions, et ce, en parfaite symbiose avec la prévision de l'objectif national.
Il reste cependant à préciser que la réussite de la mise en place de ce modèle de croissance reste tributaire de l'analyse des variables explicatives et des facteurs influents dans l'économie.
Nous consacrerons la troisième et dernière partie de cet article à ce volet.
*(Economiste)


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