• Le général Ammar: «Bientôt, nous allons siffler la fin de la récréation» Bientôt, le gouvernement compte sévir contre certains va-t-en-guerre extrémistes. Il se dit prompt à frapper fort contre toutes les atteintes aux libertés, à la démocratie et aux symboles forts du pays. Interrogé à ce propos par La Presse avant-hier,dans l'avion qui l'a ramené du sommet arabe de Bagdad, le président de la République a confirmé le principe mais est resté évasif sur la date. Qu'en est-il des garanties qui devront éviter que la démocratie ait les dents mordantes et longues, ce qui serait synonyme de despotisme de la liberté ? Pour Marzouki, il s'agit d'un souci fondamental: «J'ai convoqué des généraux ainsi que de hauts gradés de l'Armée et des forces de sécurité ; j'ai fait savoir qu'il faudra faire montre d'une fermeté à toute épreuve sans tomber dans les travers de la brutalité du régime de Ben Ali. Point de torture ou de traitement inhumain ou dégradant. En même temps, la justice indépendante, libre de toute pression ou interférence, devra juger souverainement les cas incriminés». Entre-temps, les missions de bons offices ne chôment pas. Le président de la République prend à témoin les va-et-vient des émissaires bénéficiant tant de sa confiance que de celle des principaux leaders salafistes concernés. Ils sont mis à profit en vue de lancer des signaux forts à l'endroit des salafistes radicaux. Deux chefs au moins de ces mouvances ont déjà été conviés au palais présidentiel pour des conciliabules avec le président de la République. M. Ali Larayedh, ministre de l'Intérieur, a déjà donné, rappelle-t-on, le ton et annoncé la couleur. Dans un récent entretien au journal français Le Monde, il n'a guère mâché ses mots : «Je sais que je vais devoir mener une grande bataille», a-t-il déclaré. Concernant certaines mouvances salafistes, notamment les salafistes djihadistes, il s'est dit conscient qu'«ils ne rendront pas les armes. Nous allons vers un affrontement, c'est presque inévitable». Quelques jours plus tôt, M. Larayedh avait également prévenu les Tunisiens que la bataille sera rude et qu'il y aura des victimes. «Il faut faire vite et être très vigilant, surenchérit le ministre de l'Intérieur. Si nous ne les arrêtons pas, nous aurons Al-Qaïda». Des informations concordantes font valoir, par ailleurs, que le général Rachid Ammar, chef d'état-major de l'Armée, a déclaré en présence d'Ali Larayedh et d'une ministre qui s'enquérait de la situation sécuritaire il y a deux semaines: «Bientôt, nous allons siffler la fin de la récréation». Un faisceau d'indices confirme en effet que les opérations escomptées engageront tant l'Armée nationale que les membres des forces de sécurité intérieure. De plus, des informations indiquent que le coup de sifflet de la fin de partie interviendra après l'adoption du projet de loi de finances complémentaire. Cela fait le régal de certains policiers, réduits à gérer la donne avec mollesse et sans bénéficier du feu vert de leurs supérieurs. A les entendre, toutes les mouvances et coteries salafistes sont connues. Elles pourront être maîtrisées en deux temps et trois mouvements. Encore faut-il avoir la couverture requise. Avant le coup de sifflet de la fin de la récréation, on insiste pour épuiser toutes les voies de la concertation à l'encontre de l'issue dramatique et tragique des confrontations escomptées à brève échéance. Reste à savoir si l'Armée tunisienne et les forces de sécurité prendront l'initiative des confrontations voire des batailles rangées. Les propos sur l'imminence de la fin de la récréation autorisent d'y répondre par l'affirmative. Et dans ce genre de situation, l'élément de surprise est décisif.