Dans le cadre du Programme d'appui à la qualité et à l'occasion de la tenue de la semaine mondiale de l'entrepreneuriat, l'Université de Carthage, l'Institut arabe des chefs d'entreprise et le Centre des jeunes entrepreneurs ont organisé hier un forum ayant pour thème: «Pour une meilleure coopération université-entreprise ». Les assises du forum ont été axées sur la modernisation de l'enseignement supérieur et les nouvelles exigences du marché de l'emploi, la bonne gouvernance des universités en tant que facteur clé pour le renforcement de la coopération université-entreprise. Ces questions ont été analysées par des universitaires, des industriels et des experts dans le domaine de la recherche et du développement. Les organisateurs se sont assignés comme objectifs d'aider au rapprochement entre l'université et l'entreprise, en approfondissant la réflexion et le débat sur l'activation de la relation et de la communication entre l'université et le marché de l'emploi. Les conférenciers ont mis l'accent sur deux volets importants, à savoir le renforcement de la coopération entre l'université et l'entreprise et l'étude des pistes d'actions pour l'insertion des jeunes diplômés et la promotion de l'auto-emploi. De l'avis de M. Lassaâd El Asmi, président de l'Université de Carthage, le rapprochement entre l'université et l'entreprise «est une responsabilité nationale et actuelle. Cela exige, si besoin est, un développement économique et social équilibré, voire un environnement propice à la création d'entreprises. Ce développement n'est pas la seule responsabilité des acteurs économiques, c'est aussi la responsabilité des universitaires. Les attentes dans le domaine social sont très grandes. Les jeunes et les moins jeunes qui ont manifesté dans les rues étaient motivés avant tout par une volonté ferme de changement en matière de gouvernance». Et pour répondre à ces attentes, «nous devons conjuguer nos efforts en nous fixant pour principaux objectifs l'insertion des jeunes diplômés et la création d'emploi», ajoute M. El Asmi. Face au chômage des diplômés, «chômage structurel et paradoxal dû à un système complexe, en l'absence d'un véritable dialogue, et à d'autres lacunes dont la massification qui est une fausse réalité pour la réussite de l'université, il serait impératif de construire des liens étroits entre les deux mondes de l'université et de l'entreprise, des ponts qui permettent de conforter cette coopération pour répondre au mieux aux attentes des jeunes», explique M. Slim Khalbous, directeur de l'IHEC Carthage. L'équation formation/besoin du marché nécessite une interaction réelle, efficace et positive entre les universités et l'environnement économique. L'université est aujourd'hui invitée à développer la recherche appliquée, et à former les étudiants en symbiose avec les exigences du développement économique. L'Université de Carthage, en l'occurrence, a élaboré dans ce sens une stratégie visant à promouvoir son ouverture sur son environnement académique et socioprofessionnel national et international. Il s'agit en fait d'un projet d'élaboration d'une matrice des compétences qui existent au sein de ladite université. Cette action, explique M. El Asmi, consiste à créer une base de données électronique en deux langues (français et anglais) qui pourra être consultée par tous les visiteurs du site de l'université. Ces derniers pourront identifier via un moteur de recherche les compétences clés de chaque établissement et de chaque structure de recherche. A travers cette action, l'université essaie de faire connaître ses potentialités et sa capacité d'expertise. Elle ambitionne de rendre plus visible les éventuelles prestations de services (expertise, consulting, accompagnement, formation, analyse, expérimentation...) auprès de son environnement économique national et international. La deuxième action consiste en la mise en place d'un bureau virtuel d'aide à l'insertion professionnelle (Bvaip). L'université, par le biais de ce bureau virtuel, cherche à encourager à participer à la vie de l'université: accueil des étudiants en stage, recrutement des diplômés, accompagnement de futurs créateurs d'entreprises, échange avec les enseignants-chercheurs, présence dans les forums, et autres conférences... Il s'agit aussi d'accompagner des équipes pédagogiques de l'université dans la mise en place de formations professionnalisantes, co-construites par alternance, recyclage, formation continue. De son côté, M.Tahar Abdessalem insiste sur la nécessité d'assurer la durabilité de la relation entre l'université et l'entreprise. Il a mis l'accent, en effet, sur la nécessité de développer une relation gagnant-gagnant entre l'entreprise et l'université, notamment par le biais d'un échange stratégique basé sur la recherche-développement, qui est bénéfique aux deux partenaires et à l'environnement socioéconomique en général. Pour sa part, M. Abdelaziz Darghouth, président du Centre des jeunes entrepreneurs de l'Iace, a indiqué que les défis auxquels le pays fait face, notamment au niveau de l'emploi, nécessitent une coopération réelle entre les entreprises et les universités afin de répondre aux attentes des demandeurs d'emploi, dont le nombre ne cesse de s'accroître. Il est nécessaire, a-t-il relevé, d'adapter la formation aux besoins du marché et de procéder à un changement organisationnel, aussi bien au niveau de l'université que de l'entreprise.