Aller à la rencontre des jeunes, parler avec eux, les écouter, ne pas se contenter de promesses, faire bouger les choses. Premier bilan sport-jeunesse L'heure est aux discours. Petits et grands. L'heure et aux promesses. Celles réalisables et celles qui ne le sont pas. L'heure est aux déclarations de bonnes intentions. L'heure est à la démagogie. L'heure est aux pamphlets et aux petites phrases. Porteuses d'espoirs, de chimères ou phrases assassines. L'heure est aussi aux premiers bilans. Qu'avons-nous fait presque neuf mois après le 14 janvier, tsunami, porteur d'immenses espoirs ? Tsunami de renouveau, de dignité, de solidarité. D'une vie meilleure quoi. Avons-nous sous-estimé la tâche ou alors surestimé notre capacité à changer ? Peut-être bien que oui, peut-être bien que non mais nous savons tous à présent que la bataille sera rude, longue, éprouvante. Voyez un peu ce qui se passe dans le sport : au lendemain même du 14 janvier, un véritable bras de fer s'est installé entre ceux qui voulaient le changement, tout de suite (le fameux dégage !), et ceux qui ont bénéficié 50 ans durant des largesses et de la complicité du système. Ceux-là ne veulent pas bouger, ne veulent pas lâcher le morceau et, s'ils font semblant de le faire, c'est pour mieux réapparaître ailleurs. Il n'y a qu'à voir ce qui se passe dans les assemblées générales des clubs et très bientôt dans celles des fédérations. Faire du terrain, pousser, se battre… Qu'est-ce qu'on reproche au juste à un politique ? Le discours démagogique et l'ignorance du terrain. Ceci en général. Mais il faut avouer que la révolution en a transformé plus d'un et tous les ministres qui ont débarqué après le 14 janvier ont plus été sur le terrain que dans les discours. Tenez, M. Slim Chaker, ministre de la Jeunesse et des Sports, ne prétend pas tout savoir, tout faire et tout réussir. 5 juillet-5septembre, deux mois qu'il est là avec la grande Meriem Mizouni et une équipe qui a appris à aller au charbon. Gafsa-Kasserine-Sidi Bouzid… Parce qu'ils ne pouvaient pas être partout et efficaces. Parce qu'ils n'ont que trois mois et demi. Qu'ont-ils fait des deux premiers mois ? Gafsa, Kasserine et Sidi Bouzid où on a redonné (c'est en cours) des couleurs aux maisons des jeunes, des télés, des climatiseurs et de quoi regarder le grand sport; et où on a lancé les terrains multisports qui viennent remplir un vide énorme et rompre avec un passé qui voulait que ces espaces insalubres servent de lieu de récupération et d'embrigadement des jeunes. Voici pour le bon côté de la chose. Le revers de la médaille, c'est toute la lourdeur de la machine administrative qui empêche qu'une bonne partie des choses se fasse. Maintenant. C'est aussi la difficulté de trouver le budget : «Au contraire de plusieurs autres secteurs, les emplois dans le sport sont là et ne demandent qu'un effort budgétaire. Nous avons trouvé du boulot pour 1.600 jeunes; il y en a d'autres. Les maisons des jeunes, les infrastructures sportives, les écoles, les lycées les clubs sont autant de sources d'emploi. La volonté politique est là. Il faut s'en donner les moyens», confiera M. Slim Chaker. Et d'ajouter: «Cette expérience courte mais forte et enrichissante sur le terrain nous a permis d'être au contact de la réalité et d'étudier les besoins des régions. Nous avons présenté un projet de budget 2012 et peut-être ambitieux mais on ne pouvait pas ne pas le faire. Les jeunes ceux-là mêmes qui ont fait la révolution et qui nous ont permis de faire la nôtre, ont le droit de donner un sens à leur vie. Ce n'est pas de la démagogie. C'est ce qu'ils m'ont demandé de transmettre». Le puzzle commence à se mettre en place même si : «Le constat est calamiteux tant au niveau de l'infrastructure que celui du sport», comme a tenu à le dire Mme Meriem Mizouni, secrétaire d'Etat aux Sports. Et M. Slim Chaker de rappeler : «Nous n'avons pas raisonné en gouvernorats mais en délégations. Un terrain en gazon artificiel, un terrain multisports, une piscine à chaque intersection de délégation, un terrain d'athlétisme accompagnés d'emplois, le processus est lancé. Mme Mizouni et moi-même sommes là jusqu'au 23 octobre, mais la structure humaine est là et elle poursuivra l'œuvre avec ou sans nous». Demeure la lourdeur administrative qui est réelle : appels d'offres, attente, paperasse, etc… Rien de révolutionnaire en fait. A ce propos, le ministre de la Jeunesse et des Sports anticipe : «J'ai clairement dit au Premier ministre et à mes collègues qu'il vaut mieux mettre de l'argent dans la construction d'un projet meilleur que de le mettre dans la réparation des dégâts en cas de promesses non tenues. L'attente est énorme !». Deuxième rencontre, il y en aura sûrement une troisième avant le 23 octobre. Pour faire le bilan et pour savoir si une révolution et deux ministres ont commencé à faire bouger les choses…