Les élèves de première année à l'Institut préparatoire des études scientifiques et techniques de La Marsa (Ipest) ont dû interrompre la grève ouverte, commencée cinq semaines après la révolution (mais dont les premières manifestations remontent à un mois et demi avant le 14 janvier) et qui s'est poursuivie jusqu'il y a récemment, à cause du retard pris dans les études. Mais leurs revendications demeurent intactes : ces derniers veulent qu'une bourse soit accordée aux vingt meilleures écoles auxquelles donne accès le concours commun Polytechnique et plaident, par la même occasion, pour une formation pédagogique des enseignants qui n'ont pas d'expérience professionnelle et qui ont été nouvellement recrutés. Si leur démarche n'a pas abouti jusqu'ici, c'est en considération de l'idée, soutenue par le ministère de l'Enseignement supérieur, que le niveau des écoles auxquelles donne accès ce concours est inférieur à celui des établissements tunisiens. Mais les élèves de l'Ipest continuent à camper sur leur position : les écoles qu'ils ciblent et pour lesquelles ils veulent obtenir une bourse figurent en tête du classement des écoles d'ingénieurs établi par des sites français spécialisés comme www.letudiant.fr, le point.fr... « La raison qu'on nous a avancée est qu'une bourse ne peut pas être accordée pour des écoles dont le niveau est inférieur à celui d'écoles tunisiennes. Or nous n'exigeons cette bourse que pour les vingt meilleures écoles qui figurent dans des sites étrangers comme celui de l'hebdomadaire le point.fr.», fait valoir un élève. Pour se faire entendre, les élèves de l'Ipest avaient élu, il y a quelques mois, des délégués qui s'étaient entretenus avec l'administration et le ministère de l'Enseignement supérieur. Mais leurs revendications étaient restées lettre morte. Le directeur de l'Ipest leur avait bien donné espoir, en estimant que celles-ci étaient légitimes, précisant néanmoins qu'il fallait du temps pour y répondre concrètement. Quelques semaines après, les propos qu'il tient dans un quotidien de la place, affirmant que « ceux qui se trouvent en difficulté sont tentés par l'option de la contestation », laissent médusés les élèves en grève, dont certains comptent parmi les meilleurs de leur promotion. Aujourd'hui, ils estiment que le manque de communication dont a fait preuve l'administration lors de la réunion qui s'est tenue en juillet 2010 avant leur inscription est responsable du malaise ambiant qui prévaut aujourd'hui dans l'Institut. En effet, les conseillers présents n'avaient pas été suffisamment précis dans leur appréciation de la valeur des écoles auxquelles donne accès le concours commun de Polytechnique, laissant penser que, en gros, elles étaient toutes médiocres. Il faut dire que ce n'est pas la première fois que les étudiants de l'Ipest se sentent grugés et cherchent à faire entendre leur voix. En 2008, ils avaient boycotté un concours en signe de contestation de la circulaire du 02 juin qui réduit de 50 % le nombre d'élèves pouvant bénéficier de la prise en charge des frais pour passer les oraux en France, et de 30 % ceux qui postulent pour des bourses à l'étranger. Ces derniers avaient également été induits en erreur, à l'époque, lors d'une réunion qui s'était tenue avant l'inscription, et où les responsables de l'Ipest leur avaient promis monts et merveilles, leur disant que 85% des élèves de l'Ipest seraient orientés vers les grandes écoles françaises et qu'ils pouvaient bénéficier d'une bourse de l'Etat. N'est-il pas temps de mettre en place une négociation sur des bases qui permettent à chacun de se considérer comme un vrai interlocuteur, quitte à aborder des dossiers comme celui du besoin qu'a le pays de ses propres élites ?